La technologie au service du personnel soignant

 

Le témoignage de Xavier Bollen, assistant de recherche senior à l’Institute of Mechanics, Materials and Civil Engineering de l’UCLouvain

Ingénieur civil en électromécanique, Xavier Bollen a eu l’idée de mettre à contribution les imprimantes 3D de l’Ecole Polytechnique de Louvain pour produire des lunettes et masques de protection à destination du personnel soignant. Si habituellement, il travaille sur un projet de ‘First Spin-off’ en partenariat avec les Cliniques universitaires Saint-Luc, les journées de Xavier ont bien changé depuis le début du confinement ! 5 imprimantes 3D ont pris possession de son bureau et tournent à plein régime. 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Comment as-tu eu l’idée de « réquisitionner » ces imprimantes 3D, qui se trouvent en temps normal à la Bibliothèque des Sciences et Technologies ?

« Mon épouse, Charlotte, est assistante en 3ème année de médecine à l’UCLouvain. Elle fait partie d’un groupe Facebook qui regroupe des médecins de toutes spécialités confondues qui se mobilisent dans le cadre du COVID-19. Elle y a vu un appel du Pr Thomas Schubert qui demandait d’imprimer des pièces pour la protection du personnel soignant. Ensemble, on s’est dits qu’il y avait peut-être moyen d’agir et j’ai pensé aux imprimantes de la BST, inutilisées en ce moment. Ces imprimantes appartiennent à l‘EPL et sont utilisées par les étudiants·es de BAC 1 en ingénieur civil dans le cadre de leurs projets. Je les ai ramenées chez moi pour éviter de faire les trajets ente deux impressions et, depuis le premier mercredi de confinement, ça imprime tous les jours de 8h à 3h du matin ! »

Tu te sens utile dans ce contexte de crise ?

« Oui, on se sent utile parce que le personnel soignant essaie de trouver un maximum de pièces de tous les horizons. »

Quelles pièces imprimes-tu exactement ?

« D’un côté, on imprime des branches de lunettes de protection sur lesquelles on rajoute un gabarit pouvant accueillir une visière de plexiglass de 8 cm de hauteur.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Ensuite, on imprime aussi une monture plus large sur laquelle on rajoute une feuille de plastique entière pour former un masque de protection.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Le Pr Schubert m’a aussi demandé d’imprimer une monture de lunettes légèrement différente pour la salle d’op’ puisqu’ils manquaient de ce type de branches à l’hôpital.
Donc pour le moment, on a imprimé 70 paires de lunettes, environ 250 masques et 50 paires de lunettes pour la salle d’op’. On en a donné aux Cliniques universitaires Saint-Luc, à la Clinique Saint-Luc de Bouge, aux soins intensifs de l’hôpital de Jolimont et au Cabinet médical où mon épouse travaille.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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De fil en aiguille, j’ai eu un contact avec l’un des responsables des soins intensifs des Cliniques universitaires Saint-Luc qui m’a demandé d’imprimer un autre type de pièce. Quand un·e patient·e est placé·e sous respirateur, elle·il expulse de l’air contaminé. Pour éviter de relâcher cet air contaminé, on a besoin d’une toute petite pièce qui joue le rôle d’interface entre le filtre et le tube. Le prototype que j’ai réalisé convenait donc on en a imprimé 250. »

Combien de temps ça prend pour imprimer une monture ?

« Pour la branche d’un masque, ça prenait 4 heures mais j’ai réussi à optimiser les paramètres pour revenir à 2h30. La solution pour diminuer le temps par deux est de diminuer l’épaisseur des couches. Les branches de lunettes simples, on en imprime deux en deux heures. Je lance la première impression vers 7h30-8h et la dernière entre 22h30-23h du soir. »

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Du coup, entre 7h30 et 23h, de quoi est fait ton quotidien ?

« Je partage mon temps entre les rendez-vous avec les chirurgiens, la commande et la recherche de matériel supplémentaire, le contrôle des impressions, le nettoyage des pièces, .... Il faut nettoyer chaque branche après impression pour éviter que ça ne coupe les médecins et chirurgiens, ce qui représente 5 minutes par pièce. »

Et le quotidien de Charlotte, ton épouse, du côté de la médecine générale ?

« Les premiers jours, elle a traité 95 patient·es, entre les sms, les appels et les visites. Aujourd’hui, elle prend une dizaine de patient·es par jour en télé-consultation, même le week-end afin de désengorger un maximum les urgences et les gardes. Quand un patient l’appelle, au moins ce n’est pas le 112 ou un autre numéro qui est contacté. »