« Côté formation, l'université s'en sort bien »

LOUVAINS

 

L'ancien CEO et actuel président d'IBA, Pierre Mottet, a pris la tête de l’Union wallonne des entreprises mi-septembre. Rencontre avec cet amateur de surf et d’opéra.

Président d’IBA, Pierre Mottet préside ou est membre du conseil d’administration de plusieurs start-ups de haute technologie dans les sciences de la vie et de l’environnement. Il a aussi créé le fonds SE’nSE (Sustainable Entrepreneurship).

Qu’est-ce qui a motivé votre choix d’étude ?

Je suis né à Namur et j’ai fait mes études primaires au bout de la rue de ‘Ça s’est passé près de chez vous’. Je prenais des bonbons à l’épicerie de la maman de Benoit Poelvoorde. En secondaire, j’étais en pension à Bastogne où, à côté des cours et de l’étude, j’apprenais la guitare classique. Le pensionnat est un monde de discipline et de travail, mais aussi de vie avec des camarades qu’on n’oublie jamais. J’ai fait des études en sciences économiques, sociales et politiques à l’UCLouvain : je voulais mieux comprendre le pouvoir de la finance et comment des multinationales pouvaient exercer un tel pouvoir sur certaines populations, en Amérique du Sud notamment. Je suis sorti avec un diplôme d’ingénieur commercial plutôt que d’économie pure et également une candidature en droit. J’ai été engagé chez IBM où je suis resté un peu plus de deux ans.

Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter IBM ?

J’étais dans la division réseau et m’y ennuyais un peu, à vrai dire. Tout y était trop bien géré. J’ai reçu un courrier un peu inattendu d’Yves Jongen qui cherchait un commercial pour développer IBA (Ion Beam Applications), une start-up à la pointe dans le traitement du cancer par rayonnement. Il avait été voir mes anciens professeurs (Philippe de Woot et Jean-Marie Streydio) qui m’avaient mis en tête de liste. Il m’a engagé en 1987 et, ensemble, nous avons fait évoluer la société. En 1998, nous avons partagé le titre de manager de l’année et d’entreprise de l’année.

Une aventure hors du commun ?

C’est surtout une expérience unique en Wallonie : IBA reste la plus grande spin-off universitaire ! Le staff compte aujourd’hui 1 500 personnes de par le monde dont plus de la moitié en Belgique et le chiffre d’affaires est de 300 millions d’euros. Nous sommes cotés en bourse et avons gardé un actionnariat majoritairement wallon.

Comment envisagez-vous le rôle de l’université aujourd’hui ?

Il devrait être triple : enseignement, recherche et force d’entrainement dans son écosystème. Côté formation, de manière générale, je trouve  que l’université en Belgique s’en sort bien : les cadres que nous engageons sont de bon niveau. Un léger bémol toutefois : la maitrise des langues étrangères. Le maillon faible me semble être son impact sur l’écosystème wallon. Comment voyez-vous l’université de demain ? Je pense que les étudiantes et les étudiants viendront sur le campus pour tout autre chose que suivre les cours ex cathedra. Une partie du boulot aura été faite avant : lecture de la théorie, cours en ligne, etc. et sur place, ce sera le débat. Il faut imaginer de nouvelles pistes pour équilibrer les différents types de savoirs. Que font les universités pour pousser l’entrepreneuriat ? L’entrepreneuriat reste l’enfant pauvre à l’université. Certaines facultés sont plus ouvertes que d’autres, mais il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine pour aider les scientifiques à mettre le fruit de leur recherche au service de la société.

Xavière Lucas
Chargée de communication interne

> iba-worldwide.com

Union wallonne des entreprises: 3 priorités

  • Remettre la Wallonie en tête. « Le potentiel est là, les fondations sont solides, nos universitaires de bon niveau : profitons de ces atouts ! »
  • Booster la Wallonie de manière durable. « Il y a urgence. C’est vrai pour les entreprises et pour les citoyen·nes : à nous de revoir notre mode de vie. »
  • Éviter que ‘chacun ne tire de son côté’. « Dans un monde qui avance, agir de la sorte, c’est faire du surplace. » 

 

Article paru dans le Louvain[s] de décembre 2021 - janvier - février 2022