Pas de ‘Casa’*, pas de 24H Vélo, pas de Welcome Spring. Covid-19 oblige, les surfaces d’animation par et pour les étudiant·es sont restées inanimées cette année. La liberté du folklore en a pris un coup. Interview de Diego Eloi, futur président de la Fédération Wallonne des Régionales de l’UCLouvain (Fédé).
Nombreux sont les ‘comitards’ qui n’ont pas pu organiser d’évènements phares sur les campus de l’UCLouvain. Hormis sous code orange en début d’année académique, le folklore estudiantin est resté invisible. Pour Diego Eloi, nouveau président de la Fédé en 2021-2022, liberté et folklore étudiant sont intiment liés. « Le folklore en a pris un sacré coup cette année parce que les évènements majeurs du folklore étudiant, de grande envergure à Louvain-la-Neuve, n’ont pas pu et ne peuvent pas être organisés avec les mesures actuelles », explique l’étudiant. « Forcément, on a dû se réinventer. Dans mon comité, on a dû organiser des activités à distance. Ce n’était pas facile et sur le plan du folklore, on n’a pas eu énormément de liberté. La liberté de pouvoir organiser nos évènements, on ne l’a pas eue. Le folklore, c’est aussi vouloir se montrer, vivre sa vie d’étudiant, profiter… On n’en a pas eu l’occasion non plus. » L’université apprend-elle à être libre ? « Elle nous apprend à être libres en ce qui concerne la liberté d’expression, les rencontres, la culture. Sur les campus de l’UCLouvain, tout cela est mis en oeuvre en temps normal. » Diego Eloi est bien conscient que cette situation compliquée a impacté tous les secteurs. « Oui, il y a eu une certaine privation de liberté dans le folklore. D’un autre côté, c’était partout pareil, le folklore étudiant n’est pas plus à plaindre que d’autres évènements qui ont été annulés, comme un mariage ou des évènements dans le secteur de l’HORECA », poursuit-il.
« Je ne m'étais jamais posé la question »
Cette thématique de la liberté est devenue un peu plus importante au fur et à mesure que l’année avançait. « Avant la crise, je ne me posais pas la question de savoir si j’étais libre, parce que je me sentais libre dans mes choix, dans ma manière de vivre, etc. Pour moi, être libre, c’est pouvoir faire ses propres choix de vie en respectant certaines contraintes de la société ou de nos parents. Si on arrive à bien combiner les deux, je pense qu’on peut dire qu’on se sent libre. » Diego n’est pas dupe, il y a toujours des contraintes qui viennent bousculer nos libertés, « mais dans mon cas, elles étaient quand même minimes. J’ai pas mal de chance par rapport à des étudiants qui doivent travailler 10 ou 15 jours par mois pour payer un minerval, un kot ou des courses. Dans ce cas, c’est vachement plus compliqué de mélanger études et travail. Personnellement, je n’ai pas ces contraintes, je ne suis pas à plaindre. Donc avant la crise, je ne m’étais jamais posé la question », reconnait Diego. Depuis la crise, la perception de la liberté a pourtant évolué. « Ce n’est pas devenu plus important, mais elle est au centre des discussions. Avec le premier confinement, les mesures des six derniers mois, le couvre-feu ou les bulles restreintes, nos libertés en ont pris un sacré coup. On a beaucoup discuté des libertés pendant cette crise, entre autres parce que dans mon cercle d’amis, on est dans nos dernières années d’études. Cette crise est tombée sur nous par hasard, on ne peut pas faire grand-chose mais on en discute pas mal », développe l’étudiant en master ingénieur en mathématiques appliquées.
Les meilleures années
Être étudiant dans le supérieur, ce n’est pas seulement suivre les cours et passer des examens, c’est aussi pouvoir se retrouver autour d’une bière, se construire en tant qu’adulte ou vivre ses meilleures années. Une autre liberté quelque peu amputée par la crise sanitaire. « J’ai quelques amis qui finissent cette année ou qui ont fi ni l’année dernière et qui peinent à trouver un travail. Est-ce que ça a un lien avec la liberté ? Peut-être. J’en connais qui ne souhaitent pas forcément travailler. Ils finissent cette année mais ils mettent en question ce qu’ils avaient prévu. Leur plan était de travailler mais ils se dirigent vers autre chose, un master complémentaire ou un voyage ou encore autre chose. Ils n’ont pas toujours la volonté de rentrer dans le monde du travail directement, et je peux les comprendre. Beaucoup se disent qu’ils ont perdu un an. » Le futur président de la Fédération Wallonne des Régionales de l’UCLouvain pense que cela mènera peut-être à de la frustration pour ceux qui n’ont pas pu profiter de leur fin de vie universitaire. « Quand tout reviendra à la normale, je pense qu’une des choses que les étudiants voudront le plus, c’est profiter, profiter et profiter de leurs dernières années à l’université ou en haute école », assure Diego.
Laurick Ayoub
Diplômé en journalisme, étudiant en sciences politiques
* Salle d’animation à Louvain-la-Neuve
Diego Eloi
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Article paru dans le Louvain[s] de juin-juillet-août 2021 |