Et si la réduction de la concentration de CO2 dans l’atmosphère passait – notamment – par les sols ?
Chaque année, 30 % du CO2 rejeté dans l’atmosphère sont récupérés par les plantes lors de la photosynthèse. Lorsqu’elles meurent, elles sont transformées par les micro-organismes (bactéries, champignons, vers de terre…) en matière organique (humus) riche en carbone (58 % de sa masse). Les sols contiennent ainsi deux à trois fois plus de carbone que l’atmosphère, d’où l’intérêt d’augmenter sa présence dans le sol.
Le programme ‘4 pour 1 000’, lancé à l’issue de la COP21 à Paris en 2015, réunit des pays, des régions – dont la Wallonie, seule représentante belge –, des instituts de recherche et des ONG. Objectif : augmenter la teneur de 0,4 % (4 pour 1 000) par an dans la couche superfi cielle (30 à 40 cm) du sol, de quoi stopper l’augmentation de CO2 dans l’atmosphère.
Bas van Wesemael, professeur à l’Earth and Life Institute, est un des cosignataires de l’initiative. « Accroitre une quantité de 4 pour 1 000, cela parait simple. Le mettre en oeuvre au niveau mondial l’est moins. » Les solutions sont pourtant connues. Réduire la déforestation, mais aussi encourager certaines pratiques agro-écologiques : ne pas laisser le sol nu pour éviter les pertes de carbone ; restaurer cultures, pâturages et forêts ; planter des arbres et des légumineuses qui fi xent l’azote de l’atmosphère dans le sol ; nourrir le sol de fumier ; labourer moins…
L’oeil perçant du satellite
Afin de repérer un éventuel manque de carbone dans le sol, l’équipe du Pr van Wesemael produisait des cartes, établies à partir d’analyses de routines réalisées in situ, où les carences apparaissent en un coup d’oeil : les évolutions ne sont guère favorables, sauf marginalement en province de Luxembourg.
Depuis peu, les chercheurs de l’UCLouvain sont passés à la détection par satellite et viennent d’ailleurs de décrocher un contrat avec l’ESA (Agence spatiale européenne). Cela permet de dresser des cartes très précises, parcelle par parcelle, à condition qu’elles soient sans végétation. Et qui réservent parfois des surprises : aux alentours de Gembloux, des taches rondes révèlent de fortes teneurs en carbone dans des champs. Ce sont les traces laissées par les anciens fours à charbon de bois, combustible nécessaire pour la sidérurgie d’avant la révolution industrielle !
Henri Dupuis
Journaliste freelance
Article paru dans le Louvain[s] de mars - avril - mai 2021 |