Défense publique de thèse - Nosta MUKIRANIA KAHAMBU

Résumé :

Cette thèse porte sur les pratiques solidaires et la protection sociale funéraire dans la région de Butembo (dans l'est de la République Démocratique du Congo). Elle analyse le système de protection sociale funéraire qui se sert des réserves des solidarités existantes et continuellement restructurées dans des réseaux de solidarité adaptés aux nouvelles attentes de la population pour une organisation des funérailles dignes du défunt. À partir de la dramatisation de la mort et dans un contexte de changement social, les funérailles sont l’occasion de l'expression de toutes les formes de solidarité émanant de toutes les catégories d'acteurs. Tous, comme membres de la communauté, et les structures relais participent à l'encadrement de la famille éprouvée de plusieurs façons. Cette mobilisation est le reflet des relations intenses entre les membres d'une communauté permettant la participation de tous les acteurs (Silwamughuma). Les échanges effectués dans ces circonstances visent à la fois la conservation des liens existants et la création de nouvelles relations qui doivent être entretenues.

Une telle protection sociale populaire manifestée à l’occasion du deuil est traduite par la réciprocité, le don, l’entraide, l’assistance et l’assurance. Il en résulte également un souci de cohésion sociale renforcée par l'application d'une mutualisation des moyens entre les personnes participant à une même pratique sociale (Ovughuma) qui constitue un ciment pour la solidarité intergénérationnelle, inter familiale, inter clanique et ethnique. Ces différentes pratiques développées lors des funérailles sont une véritable alternative au système formel de protection sociale presque inexistante dans la région d’étude. Elles permettent aux individus d’une même entité territoriale (village, quartier, commune, …) de développer une façon particulière de penser et d'aborder la question de la protection sociale et humaine en renonçant à leurs préjugés ou à un parti pris.

Les personnes impliquées sont en interrelation, interagissent au sein de la communauté et constituent un capital social qui favorise l’émergence des pratiques solidaires, socle d'une cohésion sociale et facteur de réussite de leurs actions collectives. Ces dernières produisent des effets socio-culturels, politiques et économiques servant à la co-construction d’un système de protection sociale funéraire solide et économiquement viable et au développement local. Le but commun est l’organisation de funérailles dignes au défunt.

Membres du jury 

Promoteur : Professeur Pierre-Joseph Laurent, (LAAP, UCLouvain), Secrétaire
Professeur Olivier Servais, (LAAP, UCLouvain), Président
Professeure Jacinthe Mazzocchetti, (LAAP, UCLouvain)
Professeur Mafikiri Tsongo Angélus, (Université Catholique du Graben / Butembo, RDC)
Professeur Joël Noret, (Université Libre de Bruxelles)