Promoteurs : Marco Cavalieri (INCAL-CEMA), Fabio Mariani (LIDAM), Julian Richard (UNamur), avec la collaboration de Beatrice Lampariello (LOCI).
Autres membres de l’équipe : Martina Marano (INCAL-CEMA), Paolo Tomassini (EFR-coll. INCAL), Hélène Glogowski (INCAL CEMA), Géraldine Frère (UNamur), Sarah Vyverman (INCAL-CEMA), Zhaniya Idrissova (LIDAM).
Dans toute l'histoire de l'humanité, la civilisation romaine est peut-être la plus représentative de la capacité à se transformer pour durer dans le temps et à s'adapter dès que Rome s'étend hors de ses frontières. Les villes romaines, en particulier, représentent l'une des manifestations les plus tangibles de cette capacité. La plupart des villes fondées par les Romains dans le monde occidental sont encore occupées aujourd'hui ou sont considérées comme un modèle pour les villes contemporaines en raison de leur organisation fonctionnelle et modulaire, de la solidité des constructions et de la qualité des matériaux employés, notamment le fameux opus caementicium, le ciment romain. L'un des sites archéologiques les mieux conservés au monde, où il est possible de suivre les transformations d'une ville romaine sur une longue période est la ville antique d'Ostie, le port de Rome. Ostie, en effet, en tant que seule ville romaine dont nous connaissons presque entièrement le plan, offre une vision précise de ses routes, temples, bâtiments publics et privés, mais aussi de ses habitants, sur une période de près de mille ans (IVe s. av. J.-C. - VIe s. ap. J.-C.). Au cours de sa longue histoire, la ville s'est complètement transformée, afin de s'adapter à une série de défis, qu'ils soient positifs (boom économique, augmentation démographique, mixité sociale, investissements publics et privés) ou négatifs (inondations, ensablement, incendies et autres catastrophes naturelles, invasions, ségrégation sociale, abandon progressif). Dans toutes les situations, la ville et sa population ont fait preuve d'adaptabilité et de résilience, mais aussi d'une capacité à conserver sa configuration originale au fil des siècles en réutilisant, recyclant et requalifiant les espaces, les bâtiments et même les matériaux de construction.
Le projet OsTIUM entend explorer les dynamiques historiques, sociales, économiques, architecturales et urbaines à l'origine de ces transformations, en analysant le tissu urbain d'Ostie d'une part, et la population de la ville d'autre part, à travers une approche innovante et interdisciplinaire, combinant archéologie, économie et urbanisme. La question sous-jacente est : comment, avec quels moyens et dans quel but l'humanité a transformé, au fil des siècles, l'espace urbain dans lequel elle vit, pour l'adapter aux besoins changeants de son existence, aux ressources disponibles et aux contingences historiques qui l’ont touchée ? En cherchant des réponses à cette question, l’objectif, à terme, est d’étudier si et comment les transformations d'Ostie peuvent être utilisées comme un modèle urbain, où les choix faits dans l'Antiquité et leurs conséquences peuvent aider à proposer de nouvelles solutions aux défis que les villes contemporaines doivent encore relever aujourd'hui, notamment en termes de durabilité, de moindre impact environnemental et de recyclage des matières premières.