L’Arctique perdra sa couverture de glace en été d’ici 2050. Du moins temporairement : c’est l'efficacité des mesures de protection du climat qui déterminera la fréquence et la durée de cet évènement.
Cette conclusion est celle d'une nouvelle étude* à laquelle ont participé 21 instituts de recherche du monde entier, dont le Centre de recherches sur la Terre et le climat Georges Lemaître de l'UCLouvain.
Sur base de 40 modèles climatiques différents, les scientifiques ont examiné l'évolution future de la couverture de glace de mer arctique, dans un scénario où les émissions de CO2 seront élevées et la protection du climat faible. Résultat ? La glace de mer arctique disparaît rapidement en été dans ces simulations.
Cela signifie-t-il qu’avec des émissions de CO2 réduites, comme observé actuellement avec la crise du coronavirus, la fonte de la banquise pourrait ralentir ? Non. Cette nouvelle étude démontre que la glace de mer arctique d'été disparaît aussi occasionnellement, y compris si les émissions de CO2 sont rapidement réduites.
Une fonte inexorable ?
« Si nous réduisons rapidement et substantiellement les émissions mondiales et maintenons ainsi le réchauffement climatique en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, la glace de mer arctique disparaîtra tout de même occasionnellement en été, même avant 2050. Un constat qui nous a réellement surpris », explique François Massonnet, chercheur UCLouvain ayant participé à l’étude.
Actuellement, le pôle Nord est couvert de glace de mer toute l'année. Chaque été, la superficie de la couverture de glace de mer diminue et, en hiver, elle croît à nouveau. En réponse au réchauffement climatique actuel, la superficie totale de l'océan Arctique couverte par la glace de mer a rapidement diminué au cours des dernières décennies. Cela affecte considérablement les écosystèmes et le climat de l'Arctique : la couverture de glace de mer est un terrain de chasse et un habitat pour les ours polaires et les phoques, et garde aussi l'Arctique relativement froid en réfléchissant la lumière du soleil.
L'étude montre que la fréquence à laquelle l'Arctique perdra sa couverture de glace de mer d’été à l'avenir dépend essentiellement des futures émissions de CO2. Si les émissions sont réduites rapidement, les années sans glace en été ne se produiront qu'occasionnellement. Si les émissions sont plus élevées, l'océan Arctique sera libre de glace la plupart du temps. Par conséquent, l'homme a toujours un impact sur la fréquence à laquelle l'Arctique perdra sa couverture de glace en été.
*L’étude a été coordonnée par Dirk Notz, de l'Université de Hambourg, et publiée dans la revue scientifique Geophysical Research Letters.