Staphylocoques dorés : hiberner pour mieux résister aux antibiotiques

 

Communiqué de presse - Recherche UCLouvain

En bref :

  • Des scientifiques UCLouvain démontrent comment le staphylocoque doré hiberne lors d’un traitement et se réveille ensuite, causant des rechutes de la maladie
  • L’importance de cette découverte ? Le staphylocoque doré est une cause majeure d’infection en milieu hospitalier. Comprendre cette résistance va permettre de proposer des cibles pour des thérapies innovantes
  • Cette découverte est publiée dans la revue scientifique Nature Communications

Article : https://rdcu.be/b3Wp7

Contact(s) presse :    
Frédéric Peyrusson, chercheur au Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain frederic.peyrusson@uclouvain.be
Françoise Van Bambeke, professeure au Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain, GSM sur demande

Des chercheurs du Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain sont parvenus à démontrer comment les staphylocoques dorés peuvent hiberner dans nos cellules lors d’un traitement antibiotique et se réveiller à l’arrêt du traitement, avec le risque de causer des rechutes. Ces résultats sont publiés dans la revue Nature Communications.

Le staphylocoque doré est une cause majeure d'infection en milieu hospitalier. Ces infections persistent parfois longtemps et ce, malgré l’administration d’un antibiotique. Cette persistance peut être due à la capacité des bactéries à adopter des modes de vie particuliers, par exemple en se cachant à l’intérieur de nos propres cellules.

Frédéric Peyrusson et Tiep Khac Nguyen, doctorants au sein de l’équipe de Françoise Van Bambeke, ont démontré qu’une petite proportion de ces bactéries intracellulaires peuvent s’adapter et devenir dormantes lorsqu’elles sont exposées à des antibiotiques. Dormantes, mais pas inertes, bien au contraire : elles ne se multiplient plus, mais elles restent métaboliquement actives. En réalité, elles réorientent leur activité en la concentrant vers ce qui est essentiel à leur survie : la réponse au stress ! Cette réponse les rend insensibles aux antibiotiques (ceux qui les visent directement, mais aussi à ceux auxquels elles n’ont jamais été exposées). Toujours à l’affut du danger environnant, elles peuvent rapidement retrouver leur activité métabolique originale et leur capacité à se multiplier lorsque celui-ci disparaît, conduisant à une réactivation de l’infection.

Au-delà de cette implication clinique, les travaux des scientifiques UCLouvain mettent en lumière l’adaptabilité extrême des bactéries. On pouvait penser que l’absence de multiplication était synonyme d’arrêt complet de leur métabolisme, il n’en est rien. Les bactéries le régulent plutôt en fonction de leur environnement.

Les conséquences de cette observation sont importantes en termes d’impact thérapeutique. La bonne nouvelle est qu’une bactérie active reste vulnérable. L’identification des voies métaboliques éveillées par l’état de stress permet de proposer des cibles pour des thérapies innovantes dirigées contre ces bactéries dormantes. La moins bonne nouvelle est qu’une bactérie stressée peut développer rapidement de la résistance ou finir par entrer en hibernation complète, la rendant dans un cas comme dans l’autre difficile à éradiquer.

Autant d’éléments importants à prendre en compte dans l’élaboration des thérapies de demain afin de contrer les infections chroniques à staphylocoque doré.

Publié le 12 mai 2020