Harcèlement à l'université : mieux identifier les publics à risque et améliorer les outils de lutte

L’UCLouvain a réalisé en 2022 une enquête sur les expériences de harcèlement vécues par ses étudiant·es. Les objectifs ? Avoir une vision plus claire et précise du vécu étudiant et mieux identifier les publics à risque, afin d'ajuster les actions de lutte et de prévention contre toutes les formes de harcèlement. Les résultats ? 14 % des étudiant·es interrogé·es rapportent avoir été victimes de harcèlement sexuel et 13 % d’ostracisme. Les facteurs aggravants ? Le fait d’être une femme ou d'être issue de la communauté LGBTQIA+ et la participation à des activités étudiantes avec une forte consommation d’alcool. Ces chiffres démontrent que les universités n’échappent pas aux rapports de domination et d’exclusion qui traversent la société.

Une équipe de l'UCLouvain s’est penchée sur les expériences de harcèlement vécues par les étudiant·es, via un questionnaire en ligne : en mars 2022, 3 072 étudiantes et étudiants, issu·es de toutes les facultés et de tous les sites de l’UCLouvain, ont participé à cette enquête. Les questions portaient sur l’expérience de quatre formes de violences : le cyberharcèlement, le harcèlement direct, le harcèlement sexuel et l’ostracisme (être rejeté, ignoré).

Cette étude a été menée dans le cadre de l’observatoire de la vie étudiante de l’UCLouvain, qui diligente chaque année, en alternance, une enquête sur la santé mentale des étudiant·es, leur vie affective et sexuelle, la consommation d’alcool en milieu étudiant et le sport et l’alimentation.
Les objectifs ? Entendre et aller plus loin dans la compréhension du vécu sur les campus et identifier les publics à risque, afin d'affiner et améliorer la prévention et les réponses apportées à ces questions.

Les résultats montrent que 14% des personnes ayant répondu à l'enquête se considèrent comme victimes de harcèlement sexuel, 13% comme victimes d’ostracisme et 1% comme victimes de multiples formes de harcèlement. Ces résultats montrent que les universités n’échappent pas aux rapports de domination et d’exclusion qui traversent la société.

De manière globale, ces résultats montrent une double dynamique de harcèlement :

  • Harcèlement sexuel (allant parfois jusqu’au viol) : touche particulièrement les femmes et les personnes LGBTQIA+ et est en partie lié à la participation à des activités étudiantes (où la consommation d’alcool peut être élevée). Ce sont majoritairement le fait d’autres étudiant·es et d’inconnu·es : 2,1% des hommes, 7,6% des femmes et 14% des personnes non-binaires (2,5% de l’échantillon), rapportent avoir été victimes de viol sur un site de l’université. Ces chiffres démontrent que les universités ne sont pas épargnées par rapport au reste de la société : à l’échelle de la Belgique, ce sont 5,9% des hommes et 19,9% des femmes de 16 à 24 ans qui déclarent avoir été victimes de viol (projet Belspo UN-MENAMAIS, 2021).
  • Ostracisme et rejet : touche particulièrement les personnes en obésité et porteuses d’un handicap, ainsi que les étudiant·es non belges. C’est surtout le fait d’autres étudiant·es et ce rejet prend souvent place avant, pendant ou après les cours.

L’étude montre également la faible connaissance des outils UCLouvain à disposition des étudiant·es face aux comportements interpersonnels inappropriés.

Ce type d’étude aide donc à savoir qui est victime de quel type de harcèlement, à quelle fréquence, où, et de la part de qui. C’est une étape importante pour rendre visible ce qui se passe et mieux comprendre la situation. C’est une source d’information complémentaire aux autres enquêtes menées au sein de l’université, pour amplifier et affiner les actions existantes :

  • Dans le cadre du plan respect
    • Renforcement de la cellule d’aide Together destinée à soutenir, écouter, accompagner et orienter les personnes victimes de violence de genre, harcèlement ou discriminations
    • Délocalisation de la cellule en-dehors des Halles universitaires
    • Permanence organisée sur les différents campus de l’UCLouvain avec une prise en charge de visu endéans la semaine
  • Dans le cadre de l’animation étudiante
    • Animation étudiante : formation obligatoire sur le consentement donnée en début d'année à 400 étudiant·es (depuis 5 ans)
    • Conscientisation par les pairs, lors de l’accueil des bac1 dans les Facultés, avec l’aide des associations étudiantes - septembre 2024
    • Augmentation et répétition de la communication (vu le renouvellement constant du public étudiant) sur les outils existants (cellule Together) et l’accompagnement disponible (service d’aide, Appelle Alice)
    • Guindaille 2.0 : actions de prévention notamment liée à la consommation d’alcool en milieu étudiant (eau gratuite par ex.), en lien avec l’asbl de l’UCLouvain Univers Santé.

Publié le 01 février 2024