Communiqué de presse - Recherche UCLouvain en première mondiale
En bref :
Article : https://www.nature.com/articles/s41591-019-0495-2 Contact(s) presse : |
En 2007, Patrice Cani (chercheur FNRS-WELBIO) et son équipe du Louvain Drug Research Institute de l’UCLouvain, en collaboration avec Willem de Vos, professeur à l’UWageningen, découvrent les effets d’une bactérie intestinale1, Akkermansia muciniphila, dotée de supers propriétés, capable, de limiter l’obésité et le diabète de type 2, chez la souris. En 2017, l’équipe de l’UCLouvain découvre (toujours chez la souris) que l’utilisation de la bactérie Akkermansia sous forme pasteurisée entraine une protection encore plus importante que la bactérie vivante vis-à-vis de différents facteurs de risques de maladies cardiovasculaires comme la résistance à l’insuline, l’hypercholestérolémie, ou encore le stockage des graisses dans le tissue adipeux.
Suite à ces découvertes, l’équipe UCLouvain, en collaboration avec les Cliniques universitaires Saint-Luc2, élabore une étude clinique pour administrer la bactérie à l’humain. Il faut, avant de débuter, s’assurer de la capacité à produire la bactérie en grande quantité, prouver que les tests seront sans risque pour l’humain.
Les chercheur·euses UCLouvain ont administré Akkermansia à des volontaires en surpoids ou obèses ayant tous une résistance à l’insuline (pré-diabète de type 2) et un syndrome métabolique, soit plusieurs facteurs de risques de maladies cardiovasculaires. Les volontaires, répartis aléatoirement en 3 groupes test (placebo, bactérie vivante et bactérie pasteurisée), ont consommé Akkermansia sous forme de complément nutritionnel, sans modifier leurs habitudes alimentaires ni leur activité physique.
Le but premier de cette étude UCLouvain était de démontrer la faisabilité, sans risque pour l’humain, d’ingérer quotidiennement Akkermansia pendant 3 mois. Clara Depommier et Amandine Everard, chercheuses UCLouvain, ont observé une excellente compliance (facile à prendre) et tolérance (pas d’effets secondaires) liées à la prise de la bactérie vivante ou pasteurisée.
Les conclusions sont sans équivoque : les tests chez l’humain confirment ce qui avait déjà été observé chez la souris. L’ingestion de la bactérie pasteurisée empêche la détérioration de l’état de santé des sujets (pré-diabète, risques cardiovasculaires). Mieux, les chercheur·euses ont observé une baisse des marqueurs d’inflammation du foie, une légère diminution du poids corporel des sujets (2,3 kg en moyenne)3 ainsi que du taux de cholestérol. A l’inverse, les paramètres métaboliques (résistance à l’insuline ou hypercholestérolémie) des sujets sous placebo ont continué de s’altérer au cours du temps.
Qui cela concerne-t-il ? Au niveau mondial, une personne sur trois meurt chaque jour de maladies cardiovasculaires, selon l’OMS. En Belgique, une personne sur deux est en surpoids et présente des risques cardiovasculaires. Cette recherche UCLouvain permettrait de limiter ces risques et donc potentiellement d’avoir un impact (limiter les effets) sur la moitié de la population belge.
En conclusion, cette étude pilote démontre : la faisabilité de donner la bactérie Akkermansia pasteurisée, sous forme de complément alimentaire, à l’humain ; et des résultats encourageants sur l’efficacité du complément alimentaire à base d’Akkermansia, sur les facteurs de risques cardio-métaboliques. Ces résultats ouvrent la voie à une étude à large échelle, en vue de confirmer ces premiers résultats sans appel. Ainsi que la commercialisation de la bactérie, sous forme de compléments alimentaires, à partir de 2021.
Une adresse mail générique a été créée pour le grand public qui souhaite s’informer sur la bactérie Akkermansia : akkermansia@uclouvain.be.
Pour mener à bien ces recherches, Patrice Cani a bénéficié de plusieurs financements, via le FNRS, l’EOS (The Excellence of Science), le fonds Baillet-Latour, le WELBIO, la banque Transatlantique Belgium, la Région wallonne (DGO6) et deux bourses européennes ERC (starting et proof of concept grants).
En quels termes parler de ces essais cliniques ? Voici quelques précisions.
- Complément alimentaire ou probiotique ?
- CORRECT : complément alimentaire = source concentrée de nutriments ou de plantes qui a pour but de pallier les carences du régime alimentaire régulier d’une personne
- INCORRECT : probiotique = microorganisme vivant qui, consommé en quantités adéquates, apporte un bénéfice santé à l’être humain. Pour s’appeler probiotique, il faut avoir fait l’objet de nombreuses études chez l’homme. En Europe, aucune bactérie (ni produit) vendu sur le marché ne peut être appelée probiotique
→ la bactérie Akkermansia n’est pas un probiotique
- Limiter ou réduire les facteurs de risques ?
- Limiter : « Limiter l’augmentation de facteurs de risques » s’applique aux compléments alimentaires
→ Akkermansia limite les facteurs de risques cardiovasculaires - INCORRECT : réduire : « Réduire les facteurs de risques » s’applique aux médicaments
→ les tests cliniques n’ont pas été réalisés avec des médicaments mais bien avec un complément alimentaire
- Limiter : « Limiter l’augmentation de facteurs de risques » s’applique aux compléments alimentaires
- Etude ou essais cliniques ?
- CORRECT : l’UCLouvain et les Cliniques universitaires Saint-Luc ont mené une étude clinique avec des compléments alimentaires
- INCORRECT : des essais cliniques sont réalisés avec des médicaments
→ les chercheurs UCLouvain ont testé un complément alimentaire
- Volontaire ou patient ?
- CORRECT : volontaire = personne qui se soumet de sa propre initiative à une étude clinique
- INCORRECT : patient = personne sous traitement
→ les chercheurs UCLouvain n’ont testé aucun traitement
1. Bactérie naturellement présente en grande quantité chez les personnes en bonne santé.
2. Prof. Jean-Paul Thissen, Prof. Michel Hermans, Prof. Dominique Maiter, Dr. Audrey Loumaye.
3. Ces résultats sont considérés comme statistiquement non significatifs. Ceci dit, d’après l’analyse précise des différentes bactéries intestinales (collaboration avec l’équipe du Prof. Raes, KULeuven), les effets observés sont indépendants d’une modification générale du microbiote et donc probablement spécifique à l’action d’Akkermansia.