Communiqué de presse - Recherche UCLouvain
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Un nouveau réseau de recherche européen intitulé "Language in the Human-Machine Era" (LITHME), dont les membres proviennent de 52 pays, étudie comment ces avancées technologiques sont susceptibles de modifier notre communication quotidienne et, en définitive, le langage lui-même. Une première étape importante des travaux de ce réseau est la publication d’un rapport en accès libre qui rassemble les avancées et les visions prospectives de dizaines de spécialistes des domaines technologiques et des recherches sur le langage. Côté belge, l'UCLouvain participe activement au projet, via l’action de Fanny Meunier, chercheuse à l’Institut langage et communication de l’UCLouvain et vice-présidente du groupe de travail sur l'apprentissage et l'enseignement des langues.
Ce projet de 4 ans, financé par la Coopération Européenne en Science et Technologie, a débuté en octobre 2020 et compte actuellement des membres des 27 États de l'Union Européenne, plus 25 pays d’autres continents. LITHME cherche à construire des ponts entre spécialistes du langage et des technologies, afin que les premiers puissent bénéficier d'une meilleure prospective technologique, et les seconds d'une meilleure compréhension et prise en compte des conséquences linguistiques et sociétales potentielles de ces technologies émergentes.
L’objectif ? Déterminer l’impact de ces changements sur notre communication au quotidien, sur la manière dont les personnes s'identifieront à des langues spécifiques ? Sur la manière dont nous apprendrons et enseignerons les langues, traduirons les textes ou rédigerons et interprétons les lois ?
Concrètement, les travaux du groupe se focalisent sur l’impact des nouvelles technologies sur le langage : « bientôt, la technologie sera ‘intégrée’ à nos sens et ne se limitera plus à l’utilisation d’appareils mobiles externes. Cela signifie que le matériel passera de nos mains à nos yeux et à nos oreilles. A l’image des scénarii de la série Black Mirror, les informations apparaîtront devant nos yeux : nous verrons et entendrons une série d’informations ‘supplémentaires’ sur le monde qui nous entoure, qu’il s’agisse d’informations de base comme un itinéraire, jusqu’à des contenus bien plus avancés comme des traductions automatiques. Nos propres mots seront amplifiés, traduits et sous-titrés au fur et à mesure que nous parlerons, et d'autres personnes verront et entendront ces informations via leurs technologies oculaires et/ou auditive. Nous parlerons à des robots conversationnels, à des personnages en réalité virtuelle de nouvelle génération. Ces derniers seront bien plus intelligents que les robots d'aujourd'hui, et seront prêts à tenir des conversations plus complexes », expliquent les scientifiques du projet.
Un premier constat ? Selon Fanny Meunier, UCLouvain, « ces technologies vont nous apporter de nombreux soutiens langagiers mais elles vont aussi nous forcer à nous (re)poser des questions essentielles auxquelles il sera important de ne pas apporter de réponses binaires (oui/non) et pour lesquelles, pour citer Jean Birnbaum, il faudra avoir ‘le courage de la nuance’. Les questions ne seront pas : doit-on continuer à enseigner les langues étrangères si les robots de traduction sont bien plus performants que les individus ? Mais bien que doit-on enseigner aux humains pour leur permettre non seulement de vérifier si les traductions sont bien le rendu de ce qu’ils souhaitaient vraiment exprimer (et ainsi éviter les manipulations) mais aussi quels aspects profondément humains ne peuvent pas être ‘appris’ aux technologies et doivent donc être privilégiés dans l’apprentissage des langues, à l’avenir (esprit critique, nuance, empathie réellement ressentie, etc.). »