PointCulture: un nouveau départ

PointCulture est une association en restructuration qui bénéfice d’un contrat-programme avec la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis juillet 2022. Ce dernier a redéfini de manière importante les missions de l’opérateur et a eu des impacts conséquents en termes d’organisation institutionnelle, budgétaire et des ressources humaines. Le processus de reconversion est toujours en cours. Tels que vous les connaissez, les PointCulture, dont celui de Louvain-la-Neuve, ferment définitivement leurs portes. Cette décision laisse la place à deux nouveaux centres de ressources (à Bruxelles et à Liège). L’ouverture est prévue dans le courant de l’année prochaine. Nous avons rencontré Edith Bertholet, la nouvelle directrice de Point Culture, engagée en septembre 2022. 

Propos recueillis par Frédéric Blondeau

Point Culture connaît actuellement une mue profonde. Pour quelles raisons et pour quelle nouvelle vie ? 

EB La vocation de PointCulture a toujours été de créer un lieu de réflexion pluriel et participatif où les publics s’approprient l’art et la culture, critiquent, se rejoignent, expérimentent et questionnent leur propre relation à l’art et explorent les problématiques qui animent la vie sociale. Dans cette dynamique, l’activité principale de PointCulture (ex Médiathèque, ex Discothèque Nationale de Belgique) fondée en 1953, était centrée jusqu’en 2010, sur la constitution de collections audiovisuelles et le prêt de médias. Au fil du temps, les missions de PointCulture ont évolué parallèlement au développement du marché numérique et au déclin du marché du son et de l’image sur supports physiques. Elles portent désormais sur quatre axes principaux, faisant de PointCulture un acteur majeur du secteur associatif culturel présent en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB).
Le premier axe est l’information et le conseil sur l’offre culturelle. En coordination avec les partenaires locaux et communautaires (les bibliothèques, les centres culturels…), PointCulture va s’attacher à participer à l’éveil et à l’initiation de tous les jeunes aux différentes disciplines artistiques. Un deuxième axe concerne la diffusion et la promotion culturelle. En collaboration avec les différentes associations professionnelles culturelles, PointCulture veut appuyer et relayer le travail des opérateurs et des artistes actifs dans le domaine de la création et de la diffusion culturelle au sein de la FWB. Ensuite, dans une perspective pédagogique, éducative et sociale, PointCulture s’attachera à la sensibilisation, l’information et la transmission des connaissances et savoir-faire culturels au bénéfice du public. C’est ce qui relève de l’axe éducation et médiation culturelle. Enfin, PointCulture veut valoriser son patrimoine sonore et audiovisuel. Nous veillons en effet au maintien et à l’enrichissement des collections (plus de 700.000 médias) constituées depuis 1953 en accordant une attention particulière aux acquisitions d’œuvres produites ou coproduites par des artistes ou opérateurs de la FWB.

Edith Bertholet, vous venez d’être nommée directrice de PointCulture, à un moment charnière pour l’association. Vous aimez les défis…

EB Je pense en effet que c’est un beau défi. Il est clair que j’arrive à un moment complexe et qu’il me faudra assumer cette complexité. Mais je suis quelqu’un qui croit profondément à la notion de service public. Et le nouveau visage de PointCulture, en pleine phase de renouveau, va clairement dans le sens d’être « au service de ». C’est quelque chose qui me plaît. Il y a dans ce nouveau projet des endroits de convergence que j’aime beaucoup, entre expertise artistique dans les domaines du son, de l’audiovisuel ou des jeux vidéo, service à la société et rapport au patrimoine.

Vous n’êtes pas novice dans le domaine de la culture. Vous avez déjà une belle expérience, en particulier dans le domaine des arts vivants. Quel est votre parcours ?

EB J’ai été formée en mise en scène à l’INSAS. Ensuite, pendant une dizaine d’années, j’ai fait beaucoup d’assistanat dans le milieu artistique. J’ai collaboré avec énormément de collectifs, notamment le Nimis Groupe ou le Raoul Collectif. Je me suis spécialisée dans le travail artistique collaboratif. Dans cet esprit, j’ai fondé, avec Sylvain Daï et Cécile Lecuyer, « La Halte », un lieu culturel coopératif, sorte de plate-forme d’aide à la création et à l’accès à la profession artistique qui fonctionne sur le principe du troc. J’ai ensuite rejoint l’équipe du Théâtre de Liège, d’abord pour programmer un festival de littérature qui s’appelle « Corps de Textes » et organiser les conférences, les débats, les rencontres. Avec le temps, je suis devenue adjointe à la direction et dramaturge du Théâtre de Liège.

Comment envisagez-vous, au sein de PointCulture, la culture et la médiation culturelle ?

EB Nous envisageons la culture comme plurielle, multidimensionnelle, transversale et transdisciplinaire. Pour nous, elle constitue le ciment des rapports humains, dans une perspective de renforcement du débat et de la critique, véritables fondements d’une vie en société. Nous considérons la médiation culturelle comme une action créatrice de liens entre des œuvres et des publics, dans le souci que ces relations aux œuvres soient productrices de sens au niveau des individus ou des collectivités. Notre désir est de susciter des expériences ouvertes et non d’exercer une autorité au niveau de la transmission des valeurs. 

Les missions de PointCulture ont évolué parallèlement au développement du marché numérique et au déclin du marché du son et de l’image sur supports physiques    

Dans votre nouveau plan d’action, vous insistez beaucoup sur la nécessité de développer tous azimuts des partenariats. Comment cette volonté s’incarne-t-elle sur le terrain ?

EB PointCulture veille en effet à travailler en étroite synergie avec les opérateurs culturels reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles actifs dans le domaine de la création et de la diffusion culturelle. C’est une belle évolution très nécessaire. Nous aurons désormais une relation beaucoup plus privilégiée avec les bibliothèques et le réseau de la lecture publique. Ainsi, avec et à travers à les bibliothèques de la FWB, nous envisageons d’organiser régulièrement des événements soit tous publics soit spécifiques (public scolaire, professionnels). Outre les bibliothèques qui sont nos partenaires principaux, il y a aussi les partenaires historiques comme l’UCLouvain avec qui on a très envie de développer des projets, mais aussi les centres culturels, les festivals, les théâtres, les salles de cinéma art et essai, les musées, les centres d’expression et de créativité, etc. 
 

Concrètement, quels types d’activités ou d’événements pensez-vous mettre en place avec ces partenaires ?

EB Un exemple parmi d’autres : l’Atelier 210 organise déjà des écoutes de vinyles. Nous allons collaborer avec eux pour nourrir leur table d’écoute. Dans la même idée, nous développons des partenariats avec des radios. Avec les bibliothèques, il y aura la possibilité de commander différents supports (CD, DVD, vinyles) issus de notre trésor patrimonial ; nous allons aussi proposer des contenus thématiques et installer des Repair Cafés pour apprendre à réparer des lecteurs vinyle ou DVD détériorés. L’idée c’est aussi d’organiser des événements en communs avec les bibliothécaires et nos partenaires, comme des concerts-lectures. À la bibliothèque des Chiroux, en Province de Liège, on va proposer un atelier tricot avec une sélection musicale en lien avec le groupe de participant·es, ainsi qu’une table de conversation anglaise avec une sélection musicale ou visuelle. Nous allons aussi mettre en avant le rétrogaming et l’histoire des jeux vidéo.
L’axe important de nos activités, ce sera de nourrir nos partenaires avec tout ce qu’on a. C’est aussi bien de l’animation-débat que certaines formations, que des conférences tous publics, que la mise à disposition de contenus très spécifiques. Ainsi, une bibliothèque ou un partenaire peut nous faire une demande, par exemple sur les dystopies : quels seraient les 15 médias qui seraient pertinents sur ce sujet ?

Point Culture, en tant que centre de prêt de médias, vient de quitter Louvain-la-Neuve, mais affiche la volonté de continuer à collaborer avec l’UCLouvain. Qu’est que Point Culture nouvelle formule envisage comme types de collaborations ?

EB Je pense qu’il y a plusieurs choses. Cela peut être d’abord simplement du partage de contenus : développer la curiosité de la communauté universitaire par les médias, faire découvrir d’autres musiques, d’autres films, d’autres documentaires en mettant à disposition un salon d’écoute, avec une sélection opérée par nos soins. J’aime bien l’idée de « paquet surprise » qu’on change tous les mois avec, par exemple, les découvertes du moment… Un projet plus ambitieux serait de collaborer avec ce que vous mettez en place à l’UCLouvain en matière de recherche-création, et que je trouve fort. Encore une fois, être en appui de votre démarche et nourrir les thématiques que vous choisissez. Nous pouvons mettre à disposition des personnes compétentes pour animer des tables de conversation, des ateliers, des soirées-débats….

Article publié en février 2023 dans TRACES, le magazine de l'actualité culturelle à l'UCLouvain. Lire la suite 

Publié le 14 février 2023