SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE : Monsieur Yves Léopold KEUMENI

Louvain-La-Neuve

03 octobre 2017

SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE

Monsieur Yves Léopold KEUMENI, de Manengole (Cameroun), présentera sa dissertation doctorale pour l’obtention du grade de docteur en théologie et la soutiendra publiquement le mardi 3 octobre 2017 à 14h30 dans l’auditoire DESC 85, Grand-Place, 45 à Louvain-la-Neuve.

Le jury est composé de MM. les professeurs

O. Riaudel, président

A. Wénin, promoteur

Y. Mathieu, promoteur (USP, Ottawa)

H. Ausloos, lecteur

Ch. Dionne, lecteur (USP, Ottawa)

C. Lanoir, lectrice extérieure (professeure à l’Institut Protestant de théologie – Paris)

Prophètes et rois en Israël : deux pouvoirs, un seul trône. Étude sur les principaux personnages du cycle d’Achab (1 R 16,29-22,40)

Cette thèse étudie la manière dont est racontée la question du pouvoir dans la relation triangulaire entre Dieu, le prophète Élie et le roi Achab, principaux personnages de la séquence narrative relatant le règne d’Achab (1 R 16,29-22,40). Notre réflexion part de l’hypothèse que le récit biblique concernant Achab problématise le fonctionnement du pouvoir qui, émanant de Dieu, est exercé par le roi et par le prophète, mais dans une tension permanente, dans la mesure où les détenteurs de ce pouvoir ont tendance à outrepasser les prérogatives liées à leur position. La méthode utilisée pour mener à bien cette recherche est l’analyse narrative.

Une revue de la littérature sur le pouvoir dans la Bible et sur les personnages d’Achab et d’Élie permet dans un premier temps de mettre en évidence la nouveauté de cette recherche par rapport aux travaux existants. Aucune étude n’accorde d’attention soutenue à la façon dont sont caractérisés ces trois personnages, qui détiennent du pouvoir, pour voir comment ils sont décrits dans leur exercice du pouvoir et dans leurs interactions avec les autres puissants.

Le chapitre suivant est consacré à l’étude de l’intrigue ; celle-ci permet de prendre la mesure de l’ensemble du récit et d’observer le travail du narrateur qui crée la tension chez le lecteur et lui donne une certaine vision des « faits » qu’il raconte. Après une introduction générale dans laquelle le narrateur dresse un portrait sombre d’Achab se résumant à son idolâtrie, l’intrigue se développe en deux tableaux : le premier (chap. 17-19), divisé en deux épisodes (17,1-18,46 et 19,1-21), est centré sur le personnage d’Élie et raconte ses démêlés avec Achab et Jézabel, à cause du culte de Baal. Ce tableau s’achève avec la disqualification du prophète. Le second tableau (chap. 20-22,40) constitué de trois épisodes (20,1-43 ; 21,1-29 ; 22,1-40) est centré sur Achab et le montre face aux prophètes et aux condamnations, qui finissent par se réaliser.

La caractérisation des personnages constitue le cœur de cette dissertation. Ce que l’on retient du portrait d’Élie, c’est surtout sa relation problématique à Yhwh. Il se présente comme « serviteur de Dieu », mais ne lui obéit vraiment que lorsque sa survie est en jeu. Sa soif d’auto-affirmation est telle qu’il prend des initiatives très personnelles au nom de Yhwh. Élie se révèle en définitive comme un prophète au service de ses propres ambitions. Ce qui caractérise Achab, c’est avant tout son mépris pour la loi qui se manifeste par ses nombreuses infidélités. Ce comportement est la conséquence de son penchant pour le baalisme. Yhwh est présenté comme celui qui détient le véritable pouvoir ; il fait preuve d’autorité vis-à-vis d’Élie en tempérant ses ardeurs, et d’Achab, en sanctionnant ses infidélités par l’intermédiaire des prophètes. Mais Yhwh se manifeste aussi par sa générosité et sa patience à l’égard de son serviteur, ainsi que par son indulgence vis-à-vis d’Achab.

L’étude de l’intrigue et la caractérisation des personnages servent de base pour quelques réflexions sur la théologie et l’anthropologie du récit.