SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE : Antoine B.X. REN

Louvain-La-Neuve

25 avril 2024

14h30

Auditoire Maison des Langues 01, Voie du Roman Pays, 3 à Louvain-la-Neuve.

Monsieur Antoine B.X. REN, présentera sa dissertation doctorale pour l’obtention du grade de doctorat en théologie et la soutiendra publiquement le jeudi 25 avril à 14h30 dans l’auditoire Maison des Langues 01, Voie du Roman Pays, 3 à Louvain-la-Neuve.

 

Le jury est composé de MM. les professeurs

  • H. Derroitte, président
  • A. Join-Lambert, promoteur
  • B. Bourgine,
  • J. Haers, correcteur extérieur (KU Leuven)
  • F.-X. Amherdt, correcteur extérieur (Université de Fribourg)

 

La théologie stylistique de la mission chez Christoph Theobald.

Un nouveau paradigme pour penser et réaliser la mission chrétienne en postmodernité

L’ « exculturation » du christianisme en Europe occidentale et sa baisse de crédibilité un peu partout dans le monde constituent une crise de l’identité missionnaire de l’Église. Mais Christoph Theobald considère cette crise plutôt comme un « kairos » où l’Église peut mieux vivre son identité en réalisant sa mission. Cette conviction de Theobald vient, d’une part, de sa prise de distance par rapport à une tendance de l’Église à se positionner et à mettre en pratique la mission dans la perspective du vrai, perspective qu’il appelle le « paradigme dogmatique », et d’autre part de son approche stylistique théologique.

Il s’agit d’une nouvelle approche théologique par le « style » qui, partant à la fois de l’esthétique et de l’herméneutique, exprime la concordance entre le fond et la forme, la doctrine et la vie, le subjectif et l’objectif, et intègre le bon et le vrai dans une unité. Cette concordance, s’appliquant à la vie, est appelée « authenticité » – une des caractéristiques essentielles de la postmodernité – qui est crédible. C’est dans ce sens-là que Christoph Theobald suit Maurice Merleau-Ponty, désignant le style comme « une manière d’habiter le monde ». Cela lui permet de comprendre le christianisme comme style, lequel se réfère concrètement à la manière dont Jésus a vécu, et notamment à sa manière de rencontrer « quiconque ». Theobald qualifie ce style de Jésus de « sainteté hospitalière » dont le fondement « théo-logique » est la gratuité absolue de Dieu. De manière générale, il nous semble que l’effort théologique de Theobald consiste à resituer l’Église à partir de la gratuité de Dieu et du style de la sainteté hospitalière de Jésus, dans une position décentrée par rapport aux valeurs de l’autonomie, de la liberté, de l’altérité, de la responsabilité et de la bonté foncière de l’être humain, ou dans sa mission au service de celles-ci qui sont exprimées par la « foi élémentaire ».

La présente recherche consiste à examiner en quoi l’approche stylistique théologique de Christoph Theobald contribue à la réflexion missiologique et au renouveau missionnaire de l’Église en postmodernité. Cette question conduit à développer notre recherche en trois temps : 1) un survol historique des paradigmes missionnaires sous les perspectives du bon, du vrai et du beau, ce qui fait ressortir la nouveauté du paradigme stylistique initié par Theobald et le pape François ; 2) les sources d’inspiration de la théologie de Theobald et l’approche stylistique qui en découle, celles-ci nous permettant d’identifier en quoi sa théologie de la mission est stylistique ; 3) sa théologie stylistique de la mission qui se déploie avec les trois questions du « pourquoi » du « quoi » et du « comment » de la mission. La réponse de Theobald à ces trois questions correspond respectivement à son regard sur Dieu/Christ, sur les autres et sur l’Église.

En fonction de cette théologie stylistique de la mission, nous pouvons définir le missionnaire chrétien et sa mission de manière simplifiée comme suit : le missionnaire est quelqu’un qui, pressé par son expérience spirituelle de l’intimité de Dieu, dans une gratuité absolue, suscite la « foi élémentaire » des autres par la rencontre hospitalière, l’interprétation biblique, la présence gratuite et le cheminement synodal à l’exemple du style de Jésus. Dans une société postmoderne marquée par la sécularisation, la laïcisation et la pluralité culturelle et religieuse, et où l’authenticité est recherchée, un tel style de mission paraît crédible. Prenant le style missionnaire de Jésus comme l’ultime référence de tout être ecclésial, et comprenant toute l’Église comme un sujet missionnaire qui doit sortir à la rencontre des autres et rayonner la beauté de l’Évangile par son style hospitalier, cette théologie stylistique de la mission rejoint celle du pape François et forme avec elle un nouveau paradigme missionnaire.