SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE : Mulongoy MMUNGA MWENEBULONGO

Louvain-La-Neuve

24 juin 2019

17h00

Auditoire Montesquieu 01, Place Montesquieu à Louvain-la-Neuve.

Monsieur Mulongoy MMUNGA MWENEBULONGO, de Mukungu (RDC), présentera sa dissertation doctorale pour l’obtention du grade de docteur en théologie et la soutiendra publiquement le lundi 24 juin 2019 à 17h00 dans l’auditoire Montesquieu 01, Place Montesquieu à Louvain-la-Neuve.

                                                                                                                                             

Le jury est composé de MM. les professeurs

 H. Derroitte, président

A. Join-Lambert, promoteur

A. Borras,                                                                                                                         

J. Famerée,

F. Moser, correcteur extérieur (professeur à l’Université de Neufchâtel, Suisse)

 Synodes et synodalité dans l’Église Protestante Unie de Belgique (1979-2005)

Le champ de recherche scientifique sur les synodes et la synodalité, en ce qui concerne le protestantisme belge de type réformé, à régime presbytéro-synodal, est vierge. Cette étude, originale, en défriche une petite portion, à finalité ecclésiologique. Cette portion couvre la période de 1979, début effectif de l’Église Protestante Unie de Belgique (EPUB), à 2005, année du commencement de la mise en œuvre du nouveau visage du protestantisme belge reconnu par les pouvoirs publics en 2003, le Conseil Administratif du Culte Protestant et Évangélique (CACPE). En vigueur dans cette thèse est la méthode corrélative, méthode empirique qui consiste dans la mise en dialogue d’une trilogie dite des trois « E », que Laurent Gagnebin appelle « corrélation triangulaire », à savoir : 1° « Écritures Saintes » ; 2° « Enseignements ecclésiaux » (ou tradition) (en ce compris, ici, les documents synodaux) et 3° « Expériences » (ou le vécu : ici, des interviews).

Un questionnement préside à cette démarche : Quel mode de vie de l’Église l’étude sur les synodes et la synodalité dans l’EPUB pourrait-elle permettre d’approfondir ? Dans l’ecclésiologie qui est la sienne (à découvrir), quelle est la manière de mettre en relation les ministres ordonnés et les laïcs dans la prise de décisions ? Comment s’articule le « un à un » pour tous ? Quelles sont les clés de la délégation aux assemblées synodales ? Quelle est la dimension de la représentation du Christ dans le chef des délégués : ceux-ci se sentent-ils comme représentant le Christ, leurs Églises locales, leurs districts ou autre ? Comment se coordonnent, et selon quel mode, le consistoire (niveau local), le conseil de district (niveau régional), le Conseil synodal (échelon national), dans la prise de décisions en rapport avec l’activité synodale ? S’agit-il d’un processus démocratique ou synodal ? Dans la mesure où l’Église se reçoit du Christ, cette dernière est-elle vraiment démocratique ? Dans cette perspective, que dire alors de l’aspect « vote » ? Où se jouent le fondement en Christ, le ministère commun ? L’Église est-elle la prolongation de la mission du Christ ? Comment est vécue en pratique la théologie ou la théorie presbytérale synodale ? Entre ce qui est prôné de ce régime et ce qui est réellement vécu y a-t-il concordance, tension ou opposition ? Qu’en disent la tradition réformée d’une part et les interviewés d’autre part ? Quel en est le fondement biblique ? En somme, quels principes ecclésiologiques se dégagent, d’un côté, du fonctionnement des synodes et, par ailleurs, du vécue de la synodalité dans cette institution ? La recherche vise à analyser certains fonctionnements de l’EPUB, à comprendre ses modes d’action dans divers contextes où elle s’est trouvée, c’est-à-dire à étudier comment, par le moyen du régime participatif dit « synodal », elle a fait face aux défis contemporains, en vue d’une efficacité répondant aux réalités, aux appels, aux interrogations de la société actuelle.

Après avoir succinctement présenté les trois Églises qui ont composé l’EPUB, à savoir l’Église Protestante de Belgique (EPB), l’Église Réformée de Belgique (ERB) et les Gereformeerde Kerken in België (GKB), la recherche passe en revue l’évolution de l’EPUB jusqu’en 2005. Ici, elle fait une étude historique et critique des structures de l’EPUB ainsi que des modifications du recueil normatif, Constitution et discipline, d’un côté, et, d’un autre côté, de l’évolution des ministères, ceux-ci étant passés des commissions aux coordinations. Le traitement des entretiens qualitatifs (semi-directifs), auquel est attachée une annexe, en établit le mode et fondement, présente les personnes interviewées, leurs attentes et la grille d’entretiens. La délibération interne comme moyen d’exercice de l’autorité dans l’EPUB dévoile une pyramide à trois niveaux de pouvoir, les modes de délégation, de délibération et de prise de décisions, l’avènement du CACPE à titre d’illustration, et examine, de façon critique, des limites ou dysfonctionnements du système délibératif de cette Église. Dans la partie « Une théologie du synode pour quelle ecclésiologie ? », la question de l’autorité et du pouvoir est abordée depuis les temps anciens jusqu’à nous, succinctement d’après le statut de l’herméneutique de Clavin, puis à travers le prisme de quelques personnalités de l’EPUB, et finit par en relever des ambiguïtés en régime presbytéro-synodal. L’étude de la théologie synodale au sein de ce régime en établit le fondement biblique et le lien avec la théologie conciliaire de l’Église ancienne, avant de démontrer le caractère provisoire et les limites des synodes. À côté de l’ambiguïté des articles de foi et texte fondateur de l’EPUB, une partie du questionnement énoncé ci-dessus et non encore abordé est analysée minutieusement, pour aboutir à des pistes de réflexions incisives et prospectives dans le but d’oser réformer l’EPUB, notamment concernant : (1) la déclaration de foi et l’urgence d’une confession de foi, dont l’absence met à mal la dimension « unie » de cette Église et en rend difficile la définition d’« une » ecclésiologie, tellement il existe une diversité d’ecclésiologies et de théologies, souvent inconciliables, selon les Églises fondatrices de l’EPUB et/ou leurs pasteurs ; (2) la non-pertinence des districts et leur suppression ; (3) l’urgence d’une fonction épiscopale ; (4) la question de la mission initiale évangélique ; et (5) celle de la place de la Parole et de l’Esprit Saint dans les synodes.