SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE : Sébastien DEHORTER

Louvain-La-Neuve

02 avril 2019

16h30

Agora 12, Grand-Place, 5 à Louvain-la-Neuve.

SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE

Monsieur Sébastien DEHORTER, d’Angers (France), présentera sa dissertation doctorale pour l’obtention du grade de docteur en théologie et la soutiendra publiquement le mardi 2 avril 2019 à 16h30 dans l’auditoire Agora 12, Grand-Place, 5 à Louvain-la-Neuve.

Le jury est composé de MM. les professeurs

J. Famerée, président

R. Burnet, promoteur

G. Van Oyen,

B. Bourgine,

J.-N. Aletti, correcteur extérieur (Professeur à l’Institut biblique pontifical de Rome)

Portrait d’une Église crucifiée

La construction de l’identité ecclésiale

et le langage paulinien de la Croix en 1Co 14 et Ga

 

Des différents auteurs du Nouveau Testament, Paul se distingue par la richesse et l’originalité de son usage de la terminologie de la crucifixion. Si le nombre des occurrences est limité (on ne rencontre que vingt fois la racine staur-), les expressions qu’il forge, moins de trente ans après la mort du Christ, ne peuvent qu’étonner le lecteur de ses lettres : « parole de la Croix », être « co-crucifié avec le Christ », « vantardise dans la Croix du Seigneur », « monde crucifié ». L’étonnement, mais peut-être aussi le malaise, se redouble chez celui qui prend conscience de ce que la crucifixion, en tant que moyen de communication sociale, signifiait dans le monde méditerranéen du Ier siècle comme ignominie, abjection totale, dégradation et rejet, au service d’une politique de terreur d’état. Alors pourquoi la Croix est-elle présente dans les écrits de Paul ? Comment l’Apôtre a-t-il eu l’audace de former des formules si provocantes et d’appliquer la terminologie de la crucifixion non seulement au Christ mais encore à la condition croyante ?

L’objectif de cette recherche est de préciser la fonction et la signification du langage paulinien de la Croix et de montrer que pour le Tarsiote la modalité si abjecte de la mort de Jésus ne dit pas seulement quelque chose du Christ et de la méprise totale dont il a été l’objet mais qu’elle est également significative pour l’Église et son identité. En nous limitant à la Première Épître aux Corinthiens (en réalité 1Co 1-4) et à l’Épître aux Galates, où ce langage est particulièrement riche et concentré, la thèse que nous défendons est que le langage de la Croix a pour fonction de préciser le contour de l’identité chrétienne afin de l’inscrire dans la durée. C’est dans un contexte de crise de croissance ecclésiale où les Églises à qui ces lettres ont été adressées peinent à parvenir ou à demeurer dans la maturité de l’Esprit, que Paul a recours à la terminologie de la crucifixion ; en réponse, il attend que ses correspondants, confrontés aux voies paradoxales de Dieu, se laissent guider non par l’esprit du monde mais par l’Esprit de Dieu.

Pour mener à bien cette étude, nous avons opté pour une approche textuelle de l’identité où l’identité de l’Église se définit comme l’identité du groupe formé par les lecteurs implicites des lettres de l’Apôtre. Ceci nous a conduits à mettre en valeur le pouvoir des lettres (en tant que lettres) à façonner l’identité de leurs correspondants. Nous avons également pris le temps d’exposer et d’analyser la dispositio épistolaire et rhétorique des deux ensembles étudiés (1Co 1-4 et Ga) afin de qualifier plus précisément les différentes ressources identitaires exploitées par l’Apôtre. En étant aussi bien associée à la mémoire de fondation de ces Églises qu’intimement liée à la figure de l’Apôtre et intégrée dans des argumentations scripturaires, la terminologie de la crucifixion apparaît peu à peu comme étant le critère décisif de l’identité ecclésiale. C’est seulement en acceptant d’être une « Église crucifiée » et en intégrant les différentes significations du langage de la Croix que l’Église aura la garantie d’être fidèle à l’appel qui la constitue.