01 décembre 2020
12h30 - 14h
Louvain-la-Neuve
Socr 23
L’ouvrage Congo. Une histoire (2010) de David Van Reybrouck a été conçu et diffusé à un moment-seuil important de la mémoire culturelle belgo-congolaise. Son succès international considérable donne à penser qu’il touche à des enjeux mémoriels communs pour tous les pays qui, en Europe et dans le monde, ont été partie prenante aux mouvements de colonisation et de décolonisation.
En même temps qu’il cherche à resituer la dimension de l’engagement éthique qui a sous-tendu l’écriture de Congo, ce séminaire se concentre également sur les implications de sa mise en forme sur le mode de la « non-fiction littéraire ». De par sa position charnière entre mémoire communicationnelle et mémoire culturelle, l’ouvrage trouve un équilibre stimulant entre connaissance historique et mémoire vivante, notamment en faisant un usage abondant du procédé d’écriture du témoignage, imbriquant dans la grande histoire officielle une multiplicité de petites histoires.
Le genre de la non-fiction procure toutefois une position éminemment centrale à l’auteur lui-même. Car c'est bien lui qui ordonne et centralise la diversité de tous les témoignages, qui les met en forme en opérant la sélection de ce qui est dit et de ce qui est tu, en fonction de la dynamique du récit. Au-delà de cette centralisation de la voix, le lecteur ressent également par moments des difficultés à démêler les fils de l’énonciation et les différents niveaux de la narration, voire même l'identité des acteurs eux-mêmes quand la narration tend à « collectiviser » les témoignages.