16 avril 2018
10h - 17h
Louvain-la-Neuve
SOCR 28
Les évènements géopolitiques récents – la « crise des réfugiés », la montée des nationalismes en Europe et dans le monde – génèrent une multiplication de projets théâtraux, littéraires, artistiques. Au croisement de l’éthique, de la politique, de l’économie et de l’esthétique, les créateurs s’engagent et tentent de répondre à une actualité témoignant d’un phénomène plus large, à savoir que l’exil, à l’heure de la globalisation, est devenu une donnée anthropologique fondamentale. Cet engagement interroge les discours politiques, socioéconomiques, religieux et médiatiques actuels. Mais il questionne tout autant la fonction, les enjeux et l’efficience des pratiques esthétiques contemporaines. Dans le meilleur des cas, ces
projets génèrent des dispositifs et des pratiques discursives exiliques, des innovations, des remises en question, des transformations à la fois intimes, collectives et esthétiques. Mais, comme toute démarche engagée, ils n’échappent pas toujours aux approximations, aux réactions épidermiques, à la naïveté de l’empathie voire aux dérives idéologiques.
Dans le cadre d’un projet de recherche portant sur les rapports entre théâtre et exil, nous souhaitons initier une réflexion préalable, théorique et intermédiale, sur le concept d’exil. Comment penser l’exil ? Comment le distinguer et le situer par rapport à d’autres notions ou concepts proches ou connexes (migration, exode, apatridie, déterritorialisation, diaspora, etc.) ? Quelles sont les distinctions opératoires pour le penser (exil volontaire, forcé, métaphorique, etc.) ? Quels sont les motifs et les enjeux de l’exil ? Quels sont ses effets, nombreux et contradictoires (l’exil est créateur pour les uns, mortifère pour d’autres) ? Et comment les discours sur l’exil interrogent-ils les pratiques littéraires, théâtrales et plus largement artistiques
contemporaines ?
Il nous semble indispensable de définir précisément le concept d’exil, de le soustraire aux dérives de l’idéologie, de lui conférer une portée théorique précise et une profondeur historique, d’identifier aussi ses grands théoriciens. Tels seront les enjeux de ce séminaire, qui est ouvert à tous les chercheurs que cette question interpelle.
Ce séminaire est organisé par Jonathan Châtel (U.C.L., centre d’études théâtrales) et Pierre Piret (U.C.L., groupe de recherche Dialogisme et invention littéraire et centre d’études théâtrales).
Les chercheurs intéressés sont priés de prendre contact avec Jonathan Châtel (jonathan.chatel@uclouvain.be) et Pierre Piret (pierre.piret.rom@uclouvain.be)
- Pierre Piret (prof. UCL, études théâtrales et études littéraires) : Penser l’exil avec le dernier Genet (réflexion à partir de la relation qu’il a entretenue avec les Palestiniens)
- Najla Nakhlé-Cerruti (chercheure à l’Institut Français du Proche-Orient (Ifpo) et responsable de l’antenne de Jérusalem ; auteure d’une thèse intitulée La Palestine sur scène : une approche géocritique du théâtre palestinien (2006-2016)) : « Le monologue, c’est l’exil », ou comment le théâtre palestinien raconte l’exil géographique et psychologique
- Michel Lisse (prof. UCL, études littéraires) : Exils de Jacques Derrida : il a dû errer tout seul
Repas-sandwiches
- Jonathan Châtel (prof. UCL, études théâtrales) : Avec Edward Saïd, réflexions sur les exils de Henrik Ibsen et de Joseph Roth
- Charline Lambert (doctorante UCL, études littéraires) : Inflexions politiques et trajectoires poétiques : les exils de Gherasim Luca et Radovan Ivsic
- Johanne Verbockhaven (doctorante UCL au laboratoire d’anthropologie ; réalise une thèse en arts et sciences de l’art, en lien avec sa pratique photographique) : L’exode rural d’un groupe de fermiers localisés dans l’extrême nord-ouest de l’Islande (autour d’un reportage photographique)