02 mai 2019
Pudeur et identité catholique dans la JOC française, avec Anthony Favier (Université Lumière Lyon 2)
La thématique : D’un point de vue historique, la notion de « pudeur » est d’emploi très peu courant au sein de l’Action catholique spécialisée en France et de la Jeunesse ouvrière chrétienne (masculine ou féminine) en particulier dans les années 1950-1980. Peut-être que le caractère moral de la notion la tient à l’écart du vocabulaire et des pratiques des deux mouvements français de la JOC et de la JOCF. Ces derniers développent plutôt une pastorale qui souhaite partir, non des notions en usage dans la théologie morale ou la doctrine catholique, mais de la vie concrète des jeunes travailleurs (garçons et filles). Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas des appels à la modération dans l’usage du corps et des pratiques qui y sont liées. Des injonctions assez fortes sont même faites aux jeunes socialisés dans les mouvements pour incorporer un ordre physique ou vestimentaire propre aux « jocistes », par exemple au nom de la « dignité » des jeunes travailleurs ou travailleuses. Comment caractériser alors cette « pudeur » qui ne dit pas son nom ? Relève-t-elle de la « common decency » (G. Orwell) des milieux populaires, d’une contre-culture de classe s’opposant à la (supposée) pudibonderie bourgeoise ou bien encore d’une version particulière de la valeur morale catholique ? Nous tenterons d’évaluer les moteurs propres à cette notion. Existe-t-il également une dimension genrée à la pudeur ? La retenue demandé aux garçons est-elle la même que celle demandée aux filles ? Enfin, peut-on tracer une évolution concernant cette valeur : le catholicisme pré et post-conciliaire l'a-t-il fait évoluer comme on pourrait le penser spontanément ? L’historicisation de la notion de pudeur est-elle pertinente ?
L'intervenant : Docteur en histoire contemporaine, Anthony Favier est professeur agrégé dans un lycée public de la banlieue de Paris. Ses travaux portent sur les enjeux de genre dans le catholicisme contemporain. Après une thèse sur les mouvements de jeunesse d’Action catholique JOC-JOCF dans les années 1950-1980, il s’intéresse aujourd’hui à la façon dont la question des nouveaux rapports de genre et la démocratie sexuelle travaille de l’intérieur le catholicisme occidental.
Rendez-vous le jeudi 2 mai de 12h45 à 14h00 au DESC 85 (Collège Descamps, Grand-Place LLN). Sandwiches et boissons prévus.
Formulaire d’inscription (gratuite mais obligatoire)