Que mangent nos athlètes olympiques ?

Les expertises de l’UCLouvain en matière de sport sont multiples et variées. Elles visent toutes à booster les performances des athlètes, notamment pour les Jeux Olympiques. Professeure de physiologie de l’exercice à la Faculté des sciences de la motricité, Louise Deldicque est spécialiste en nutrition. Elle conseille les sportifs de haut niveau dans leur alimentation.

Louise DedilcqueQuel est le régime alimentaire idéal pour un athlète ?

Il n’y a pas de régime unique pour tous. Cela dépend du type d’athlète et de sa discipline. Par exemple un judoka de plus de 100kg et une gymnaste de 45 kg auront des besoins alimentaires très différents. On va d’abord calculer la dépense énergétique de la personne pour pouvoir couvrir cette énergie par un apport alimentaire adéquat en fonction du nombre de calories nécessaires. C’est le rôle du diététicien. La dépense énergétique d’un athlète peut être cinq à six fois supérieure à celle de la majorité des individus. Il faut s’adapter.

Comment la nutrition améliore-t-elle les performances sportives ?

Chaque calorie joue un rôle différent selon qu’elle provient de lipides, de glucides ou de protéines. Les glucides fournissent l'énergie pour les exercices prolongés, tandis que les protéines aident à la récupération et à la prise de masse musculaire. Adapter ces nutriments selon la discipline sportive est crucial. Cela demande des connaissances que l’athlète n’a pas forcément s’il ne s’intéresse pas au domaine de la nutrition.

Observez-vous une évolution en matière de nutrition sportive ?

Les recommandations en matière des macronutriments restent relativement stables. Ce qui a le plus évolué ces dernières années, c'est la périodisation de la nutrition. La quantité de calories nécessaires n’est pas la même tout au long de l’année. De même, les suppléments alimentaires sont en plein développement sur le marché. Ils peuvent aider l’athlète à battre des records mais ils nécessitent une évaluation scientifique pour prouver leur efficacité. Il est essentiel d’individualiser les recommandations nutritionnelles, comme en médecine.

Que conseillez-vous aux athlètes pour choisir les bons produits ?

Je leur conseillerais vivement de consulter des diététiciens et diététiciennes spécialistes en nutrition sportive. Ce suivi spécifique est capital pour choisir les aliments adéquats et les substances efficaces et éviter celles qui sont inutiles ou dangereuses. Même s’il existe un contrôle sanitaire strict et obligatoire pour mettre un produit sur le marché, un encadrement particulier par des professionnels de la nutrition est important pour faire le tri. C’est une nouveauté aujourd’hui. Au-delà de l’entrainement physique, les sportifs et sportives se font coacher par des spécialistes dans différentes disciplines. Au même titre que le management ou la psychologie, la nutrition peut les aider à performer grâce à une alimentation appropriée en fonction de leurs objectifs précis du moment, ici en l’occurrence les JO.

Accompagnez-vous personnellement les athlètes olympiques ?

Non, je travaille essentiellement en laboratoire au sein du Centre d’investigation clinique en nutrition (CICN). Mais je pratique la course à pied et le triathlon à un bon niveau, appliquant sur moi-même les principes de nutrition que j’enseigne. Pour nos athlètes qui participent au JO, la période d’affutage qui précède la compétition est primordiale. Le plus dur est fait et je leur souhaite le meilleur !

Photo Louise Deldicque: ©Jan Van De Vel

Publié le 30 juillet 2024