Université de Louvain, 6 siècles d’histoire

Communiqué de presse - UCLouvain 600^e

11e et 12e siècles. Naissance des premières universités, à l’initiative de maîtres et d’étudiants désireux de produire des connaissances et des idées nouvelles. L’esprit universitaire se fonde sur l’égalité des individus, l’engagement de la raison, sur le débat et le partage. Il libère les esprits de ce qui est établi.

9 décembre 1425. Une bulle du pape Martin fonde l’Université de Louvain. La vision de cette nouvelle université ? Être responsable de son ancrage local et de sa vocation universelle. 600 ans plus tard, en 2025, l’objectif reste le même, l’UCLouvain confirme sa volonté d’être une université ouverte, en transition.

Ouverture et action sociétale

7 septembre 1426. Début des premiers cours, au sein de cinq facultés (arts, droit civil, droit canonique, médecine et dès 1432, théologie). Louvain fut l’une des rares universités médiévales complètes. Consciente de la richesse de la rencontre des cultures, elle rassemble des professeurs et étudiants de toute l’Europe, avec des diplômes reconnus partout. 600 ans plus tard, l’UCLouvain poursuit ses missions à travers l’Europe, via notamment son implication au sein de l’alliance européenne, Circle U.

16e siècle. Synonyme de foisonnement intellectuel pour l’Université de Louvain, avec la présence d’Érasme, qui fréquente Louvain en chercheur libre (c’est là qu’il mit au point sa méthode de lecture raisonnée du Nouveau Testament). Il faut examiner les textes et les idées, dépasser la tradition lorsqu’elle s’est desséchée et questionner le réel : c’est la naissance de la pensée scientifique au sens moderne. Vésale et Mercator y ont puisé, au fil de leurs études, les ressorts de leurs révolutions en anatomie et en cartographie.

Chaque siècle de l’histoire, chaque décennie, bénéficie de l’impact sociétal des universités. L’Université de Louvain (UCLouvain) imprime les siennes : l’accompagnement des jeunes, première raison d’être de l’Université, qui auront bientôt la responsabilité de l’avenir ; le soin et la santé ; la sécurité alimentaire ; la justice sociale et la solidarité ; l’élaboration des connaissances et la mise au point de nouvelles techniques et thérapies ; les mille briques enfin de la transition à construire pour préserver et réparer le système Terre et le vivre-ensemble de l’humanité.

Deux fermetures et des actes de résistance

1797. Fermeture de l’université¹, à la suite de l’annexion (1794) des territoires de l’actuelle Belgique à la France. Un an après Waterloo, Louvain est refondée en 1816 sous forme d’Université d’État du Royaume des Pays-Bas (l’enseignement y est officiellement neutre), avant de renaître totalement en 1834, en tant qu’université libre, sous l’appellation Université catholique de Louvain. L’indépendance de la Belgique a donné le jour à un nouvel État et la révolution industrielle bat son plein avec toutes ses conséquences sociales. L’Université se donne alors le projet de former à l’exercice des responsabilités qui en découlent : il faut des parlementaires, des magistrats, des ingénieurs, des médecins, des enseignants. Formés à Louvain, ils et elles tenteront de répondre aux défis du monde moderne².

1914. De nombreux professeurs et étudiants s’engagent comme officiers, soldats, médecins et chirurgiens miliaires. Parmi eux, le jeune Georges Lemaître qui vient de terminer sa première année d’études. L’Université ferme ses portes par esprit de résistance. Durant le second conflit mondial, en 1941, elle accueille, solidaire, les étudiants de l’Université libre de Bruxelles que les occupants ont contrainte à la fermeture. Le recteur Honoré Van Waeyenbergh est emprisonné parce qu’il refuse de délivrer la liste des étudiants menacés du service obligatoire en Allemagne.
Après la guerre, les inscriptions bondissent : 4 500 étudiant·es en 1939, 20 000 en 1965. Il faut agrandir et créer des services d’aide pour accueillir des étudiants dans le cadre général de la démocratisation de l’accès aux études universitaires. L’Université catholique de Louvain poursuit sa contribution, via la formation et la recherche, à la (re)construction de la société.

1968. L’Université catholique de Louvain et la Katholieke Universiteit Leuven deviennent deux universités distinctes. L’UCLouvain est transférée dans une nouvelle ville, Louvain-la-Neuve (banlieue sud de Bruxelles), construite spécialement pour accueillir l’université, tandis que sa Faculté de médecine s’installe à Woluwe Saint-Lambert à Bruxelles. Le génie et le caractère visionnaire de Louvain-la-Neuve, la plus jeune des villes belges, tient dans son piétonnier, à l’époque le premier d’une telle envergure et le plus grand d’Europe, ainsi que dans la convivialité de sa construction, via l’articulation de lieux d’étude, de recherche, de culture et de vie exceptionnels. Cet esprit, qui souffle à présent sur les huit sites de l’UCLouvain, constitue aujourd’hui un puissant moteur aux actions de la transition dans tous ses aspects.

1973. Le choc pétrolier entraîne un chômage de masse et la fermeture des anciennes industries. L’UCLouvain engage ses compétences auprès des régions bruxelloise et wallonne, et prend part aux programmes européens, nationaux et régionaux de développement ou de relance. Depuis une quinzaine d’années, des plateformes technologiques de l’UCLouvain partagent avec les acteurs régionaux les résultats, les outils et les compétences de la recherche universitaire. Le parc scientifique de l’UCLouvain, premier du genre créé en Belgique en 1971, participe à ce développement économique, boostant sa province et sa région, au point de faire du Brabant wallon la 2e province d’Europe avec la croissance économique la plus fulgurante. Parmi les moteurs de cette croissance, l’ancienne spin-off de l’UCLouvain, IBA, leader mondial notamment de la protonthérapie, la forme la plus avancée d’irradiation de tumeurs cancéreuses.

Une action sociétale engagée

Des professeur·es et scientifiques du secteur de la santé et des sciences humaines collaborent à la Fondation Roi Baudouin (dédiée aux engagements pour davantage de justice, de démocratie et de diversité dans la société), au Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, au Comité consultatif de bioéthique de Belgique… D’autres participent aux travaux du PAM (Programme alimentaire mondial), du GIEC, de la Cour européenne des droits de l’homme, des Nations Unies, aux laboratoires internationaux de recherches sur les pôles, au cœur de l’urgence climatique. L’action est sans frontières et de nombreux partenariats sont lancés avec le Sud en agronomie, en droit, en médecine.
1974. Christian de Duve reçoit le prix Nobel de médecine et fonde l’Institut de pathologie cellulaire (Institut de Duve de l’UCLouvain). Ses découvertes en biochimie cellulaire et en génétique ont été à la base des grandes avancées thérapeutiques du 21e siècle. La Faculté de médecine et les Cliniques universitaires Saint-Luc de l’UCLouvain deviennent à la fois un pôle d’excellence mondial (les chercheur·es clinicien·nes enchaînent les premières, notamment dans le domaine des greffes) et un grand centre de soin soignant des milliers de patient·es belges et internationaux.

L’innovation pédagogique au cœur de l’enseignement

Années ’80. La population étudiante ne cesse de croître et, au terme d’un long rattrapage, les étudiantes sont aujourd’hui plus nombreuses que les étudiants. L’UCLouvain, pionnière, s’engage pour une université inclusive, avec des programmes pour étudiant·es à profil spécifique, et le respect de la diversité des origines et des convictions religieuses.

1995. L’UCLouvain transforme son enseignement et ses programmes, sur le principe que l’étudiant·e est acteur·trice de sa formation et que la réussite est basée sur une action collective réunissant l’enseignant·e, les équipes pédagogiques et l’étudiant·e. À cela s’ajoute une politique d’éducation citoyenne : l’UCLouvain utilise une part significative de son budget social à l’appui de la vie étudiante dans laquelle elle voit un apprentissage à la vie sociale, aux engagements solidaires et à la prise de responsabilités.

Internationalisation et réseaux

L’UCLouvain est une université internationale depuis 600 ans : dans l’attrait à travers l’Europe et la reconnaissance de ses diplômes, dès 1425 ; dans les programmes européens Erasmus de mobilité (institués en 1987); dans les multiples partenariats et accords de co-diplômation avec des universités du monde entier, dans le recrutement académique et scientifique. Les étudiants internationaux représentent, en 2024, à peu près 1/5e des 40 000 étudiant·es inscrit·es à l’UCLouvain. 25 % du personnel enseignant et 40 % du personnel scientifique est aussi international.

Les centres et les laboratoires participent à des réseaux d’expertise et d’humanité. L’Université participe au groupe The Guild of European Research-Intensive Universities d’une vingtaine d’universités européennes reconnues mondialement qui pensent l’université de demain pour le monde de demain. Au sein Circle U., l’UCLouvain travaille en étroite concertation avec 8 autres universités (Aarhus, Humboldt zu Berlin, King’s College London, Paris Cité, Belgrade Oslo, Pise et Vienne) dans le but de construire d’ici 2025 une université européenne inclusive, à forte intensité de recherche et interdisciplinaire où étudiant·es, personnels et partenaires de la société civile, entreprises et secteur public collaborent pour développer conjointement des solutions aux défis environnementaux, économiques et sociaux de notre époque.

2023. Une boucle se referme, avec l’alliance formée entre l’UCLouvain et la KU Leuven, la Leuven Louvain University Alliance (LLUA), unissant les deux universités sœurs. Avec toujours cet objectif d’être plus forte, ensemble, afin d’agir sur la société de demain