SOUTENANCE PUBLIQUE DE THÈSE DOCTORALE : Monsieur Marius Hervé N’GUESSAN

Louvain-La-Neuve

27 mars 2018

11h00

Auditoire DESC 85, 1er étage de la Faculté de théologie, Grand-Place, 45 à 1348 Louvain-la-Neuve.

Monsieur Marius Hervé N’GUESSAN, de Agboville (Côte d’Ivoire), présentera sa dissertation doctorale pour l’obtention du grade de docteur en théologie et la soutiendra publiquement le mardi 27 mars à 11h00 dans l’auditoire DESC 85, Grand-Place, 45 à Louvain-la-Neuve.

Le jury est composé de MM. les professeurs

H. Ausloos, président

J. Famerée, promoteur

J.-M. Auwers,                                                                              

B. Bourgine,

Chr. Cannuyer (lecteur extérieur, professeur à l’Université Catholique de Lille)

 Le dialogue théologique entre l'Église copte orthodoxe et l'Église catholique romaine, de 1973 à nos jours : analyse et réflexion critique.

Après quinze siècles de séparation, l’Église copte orthodoxe et l’Église catholique, avec la rencontre du pape Shenouda III et du pape Paul VI, du 4 au 10 mai 1973 à Rome, ont entamé un dialogue théologique en vue de parvenir à la pleine communion. Pour atteindre cet objectif, les deux papes ont mis en place une commission mixte internationale, qui s’est réunie de 1974 à 1992. Le corpus de ce dialogue est constitué principalement de onze documents : deux déclarations christologiques communes des deux papes et neuf documents de la commission mixte internationale. Nous avons pu analyser ce corpus grâce à une consultation intégrale des archives d’André de Halleux, l’un des acteurs catholiques de ce dialogue (elles sont conservées au Centre Lumen Gentium à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve), grâce à ses publications sur ce dialogue et celles d’Emmanuel Lanne, qui a été aussi un membre catholique de la commission mixte internationale de 1988 à 1992.

Dans ce dialogue théologique, l’Église copte orthodoxe et l’Église catholique sont‑elles parvenues à un consensus sur le plan christologique, ecclésiologique, pneumatologique et eschatologique ? Si oui, à quel type de consensus ? Sinon, quelles sont les divergences séparatrices qui subsistent ? Telle est notre problématique : à quels résultats précis ce dialogue théologique a-t-il abouti ? Pourquoi ? Comment les évaluer théologiquement et œcuméniquement ?

Une hypothèse qu’il s’agira de vérifier est qu’un « consensus différencié » avant la lettre a pu être atteint sur plusieurs points dans ce dialogue théologique.

Pour répondre à ces interrogations et vérifier notre hypothèse, nous avons structuré notre étude en trois parties.

Le premier axe est une mise en contexte de notre sujet. Le deuxième axe de notre réflexion est l’étude des déclarations et rapports du dialogue théologique entre Alexandrie et Rome. À partir de ces deux grandes orientations, le troisième axe de notre réflexion est une évaluation du dialogue théologique entre Rome et Alexandrie.

Après avoir parcouru les différents rapports et déclarations qui constituent le contenu de ce dialogue théologique, il convient de souligner que la question christologique, qui a été à la base du conflit entre Alexandrie et Rome, semble être résolue. Les deux Églises ont fait des progrès significatifs et décisifs, qui constituent la plus grande avancée de ce cheminement théologique. Si l’expression « consensus différencié » n’existe pas comme telle dans les textes de ce dialogue, c’est bel et bien cette méthode avant la lettre que les deux Églises ont utilisée pour aboutir à un accord christologique : elles proclament désormais une foi commune en Christ avec un vocabulaire diversifié. Grâce à cette démarche œcuménique, le dialogue théologique entre coptes et catholiques a maintenu, en un même enseignement, l’unité alexandrine et la distinction catholique exprimées dans un vocabulaire christologique propre à chaque Église. C’est dans cette optique que nous pouvons déclarer que coptes et catholiques sont parvenus à un « consensus différencié » sur le plan christologique.

Au niveau ecclésiologique, cependant, les deux Églises ne sont pas parvenues à un accord au sujet de la primauté de l’évêque de Rome et de l’existence d’une Église copte catholique en Égypte, qui constitue l’obstacle majeur pour la communion entre Rome et le patriarcat copte orthodoxe.

En matière de pneumatologie, la réflexion a porté sur le filioque et sur son insertion dans le Credo de Nicée-Constantinople par l’Église latine. Sur ce point, les deux Églises n’ont pas obtenu de consensus. L’Église catholique a maintenu sa doctrine du filioque et son addition dans le Credo, enseignement que récusent les coptes orthodoxes. Concernant l’eschatologie, les deux Églises ne sont pas en désaccord sur la pratique de la prière pour les morts. Le différend théologique concerne la doctrine du purgatoire. Cet enseignement est rejeté par les coptes orthodoxes, qui croient seulement en deux états post mortem : le paradis et l’enfer.

En somme, dans ce dialogue théologique, les deux églises sont parvenues à un « consensus différencié » au plan christologique, mais pas aux niveaux ecclésiologique, pneumatologique et eschatologique.

Du fait des malentendus théologiques et de questions pratiques, le dialogue théologique entre coptes et catholiques s’est estompé depuis 1992. La vie chrétienne étant un cheminement, nous estimons que les deux Églises peuvent reprendre leur parcours théologique en tenant compte des expériences passées. Une proposition qui pourrait aider à l’avancée de ce nouveau dialogue est la prise en compte de l’institution monastique dans le dialogue entre coptes et catholiques. Étant donné que cette institution est un des piliers de l’organisation et du fonctionnement de l’Église copte, des échanges et rencontres entre les moines d’Alexandrie et ceux de Rome pourraient être fructueux pour la recherche de l’unité entre Alexandrie et Rome.