Des papyri coptes aptes à la recherche

ARCV

 

Les papyri coptes de la Collection Lefort conservés aux Archives de l’UCLouvain ont été accueillis au sein du laboratoire de restauration du Musée L dans le cadre d’une collaboration multiple associant le Musée L, une équipe de chercheurs, M. Florent Jacques, papyrothécaire de la Sorbonne et restaurateur et le Service des archives. Des étudiants du professeur Charles Doyen inscrits au séminaire de papyrologie (étudiants en histoire et en langues et littératures anciennes) ainsi que des étudiants en histoire, finalité archivistique ont également assisté à cet atelier.

 

 Étudiant·es en histoire, filière archivistique

 

Les papyri ont subi un premier examen afin d’évaluer les lacunes présentes et d’établir un ordre d’intervention. Tous n’ont pu encore bénéficier en effet de cette restauration entreprise dans le respect du document et de son histoire avec une réversibilité des gestes posés.

Les plaques de verre entre lesquelles les papyri étaient conservés ont été ouvertes. Les fragments ont été posés sur un support de travail en carton blanc non acide. Les poussières ont été enlevées, les fragments repositionnés et replacés entre des verres anti-reflets et anti-UV, avec une plaque de 3 mm sous le papyrus et une plaque de 2 mm au-dessus, pour éviter l’écrasement des fragments. Les fragments sont fixés à la plaque de verre inférieure au moyen de fines lamelles d’adhésif inerte de restauration pour éviter leur déplacement dans le cadre. Les plaques ont été scellées à l’aide d’un papier gommé inerte coupé net aux angles de manière à ménager une légère aération.

 

 

Ajustement de fragments
 
Travail de reconstruction de fragments
 
Le papyrus restauré est placé sous plaque de verre
 

Des fractures peuvent parsemer l’ensemble du document témoignant, parfois d’une précédente conservation ou d’une fragilité intrinsèque de la fibre. Il faut alors consolider les lacunes en apposant de fines languettes de papier de restauration avec application au fin pinceau d’un peu de tylose diluée dans de l’eau distillée, le tout étant ensuite placé entre buvards pour un séchage sans pli. La présence de kollesi, ou point de jonction entre deux feuilles de papyrus collées afin de constituer une page, est à examiner de près car elle est souvent synonyme de point de fragilité du papyrus.

De la poussière, des traces de sable cachent certains caractères : un travail de dépoussiérage au fin pinceau doux est alors entrepris de manière délicate pour enlever les résidus sans emporter de fibres.

 

Dépoussiérage au pinceau par Florent Jacques
 

Des auréoles d’humidité peuvent aussi avoir décoloré le papyrus, sans que l’on puisse lui rendre son aspect original.

Des traces de colle, sans doute arabique, et des morceaux d’adhésifs appliqués lors du montage initial des verres sans doute durant les années 1930, sont éliminés à l’aide d’une spatule ou d’une pince à la pointe fine.

Au sein des verres d’origine, des fragments ont bougé suite aux manipulations, certains ont même glissé au bord du cadre entrant en contact avec l’adhésif de scellage ou, en l’absence de celui-ci, menacent d’en sortir. Chaque fragment est alors isolé, des déchirures sont réajustées (avec fixation par de fines lamelles d’adhésif inerte de restauration), certains fragments sont délaminés au scalpel ou en ayant recours partiellement à la « climbox » ou par humectage superficielle avec de l’eau distillée pour les parties repliées sur elles-mêmes ou sur les parties trop sèches du fragment et replacés tant que faire se peut à leur juste place. Ce travail de reconstruction a été facilité par une étude en amont des versions numérisées des papyri, l’informatique permettant de manipuler virtuellement les fragments, de tenter des recoupements, d’essayer des réajustements. Une structure plus correcte a ainsi pu être proposée et de nouveaux fragments peuvent à présent être étudiés.

C’est à cette tâche que s’attelleront prochainement Perrine Pilette (chercheuse Marie Curie attachée à Sorbonne Université (ex-Paris IV) et collaboratrice scientifique au Centre d’études orientales - Institut orientaliste de Louvain (INCAL/CIOL), Naïm Vanthieghem (CNRS/Institut de recherche et d’histoire des textes, section arabe) et Alain Delattre (Université libre de Bruxelles et École pratique des hautes études) en vue de présenter les résultats de leurs travaux au prochain congrès international d’études coptes qui se tiendra en juillet 2020 à Bruxelles.

 

Perrine Pilette, Charles Doyen et Naïm Vanthiegem, entourés d'Emmanuelle Duart (Musée L), Véronique Fillieux (Archives de l'UCLouvain) et d'étudiant·es inscrit·es au séminaire de papyrologie
 
Examen du résultat final

Publié le 20 mai 2019