Les bactéries et nous

Les bactéries et nous : du win-win, mais pas sans risque ! Saviez-vous que 90% des cellules de notre corps ne sont en fait pas des cellules humaines.. mais des cellules bactériennes !

Notre corps renferme quelques 100 000 milliards de bactéries qui, bien qu’elles soient nettement plus petites que nos cellules, totalisent près d’1,5 kg (l’équivalent du poids du cerveau ou de celui du foie). Le plus étonnant est peut-être la véritable symbiose qui existe entre ces milliards de bactéries et nous. Non seulement nous les nourrissons mais en plus, elles jouent une multitude de rôles indispensables dans des processus aussi variés que la digestion, la régulation du pH ou celle de l’humeur.

A l’UCL, on s’intéresse aux bienfaits de la flore bactérienne intestinale sur notre métabolisme et des chercheurs de notre université ont mis le doigt sur une bactérie de l’intestin qui permet de lutter contre le diabète et l’obésité.
Inviter des bactéries à prendre place dans notre intestin pour lutter contre l’obésité ? C’est envisageable ! Toutefois, ces bactéries qui vivent en harmonie avec notre corps peuvent profiter d’une circonstance où nos défenses sont affaiblies pour induire une maladie. C’est le cas du Pseudomonas, qui peut causer des infections pulmonaires aux soins intensifs ou chez les patients atteints de mucoviscidose. C’est aussi le cas pour le staphylocoque doré, présent sur notre peau, mais qui peut infecter une plaie ou, en milieu hospitalier, une prothèse ou tout autre matériel implanté. Il est alors nécessaire d’avoir recours à des antibiotiques. Néanmoins, ceux-ci ne sont pas toujours efficaces, soit en raison de la résistance acquise par les bactéries au fil des années, soit parce que ces bactéries adoptent des modes de vie particuliers réfractaires aux antibiotiques, comme la survie à l’intérieur de nos cellules ou au sein de biofilms (communautés de bactéries adhérentes sur tissu ou sur substrat artificiel comme une prothèse, un pacemaker ou une sonde urinaire) et protégées par une matrice complexe. Ces modes de vie sont à l’origine d’infections chroniques ou récurrentes.

Un autre groupe de recherche de l’UCL vient de démontrer qu’en combinant un antibiotique avec un médicament utilisé pour lutter contre les infections causées par des champignons (et donc inactif sur les bactéries), il était possible de détruire les biofilms formés par le redoutable staphylocoque doré.

Le mécanisme ? Le médicament actif sur les champignons empêche le staphylocoque de produire les sucres qui sont le constituant principal de la matrice du biofilm. Elémentaire mon cher Watson !

 

Découvrez l'aventure scientifique de Patrice D. Cani, docteur en sciences biomédicales, professeur à l'UCL,
dans le livre Profession : savanturier. L'aventure au coin de la science (p. 38-44).

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Photo : coli Bacteria-By NIAID

Publié le 24 octobre 2016