Originaire de la république démocratique du Congo, Zizina Muntenge est en dernière année du master en biochimie et biologie moléculaire à l’UCLouvain. Elle se spécialise en biotechnologies.
Pourquoi avoir choisi l’UCLouvain pour vos études?
Après mon bachelier en biotechnologies réalisé en Lybie, j’ai enseigné pendant trois ans la biologie, la chimie, la physique aux élèves du premier cycle secondaire. Je souhaitais toutefois aller plus loin et obtenir un master, c’est pourquoi je suis arrivée à l’UCLouvain. Venir en Belgique n’a pas été facile : la guerre en Lybie rend les démarches difficiles. J’avais déjà tenté de le faire un an auparavant et avais obtenu l’autorisation de l’université, mais je suis restée bloquée au pays à cause des bombardements et des visas que je n’ai pas pu obtenir. L’année d’après, il a fallu recommencer toutes les démarches : réintroduire mon inscription, etc. En attendant la confirmation de l’UCLouvain, je suis retournée au Congo.
Que faisiez-vous exactement en Lybie?
J’y ai fait mes études grâce à une bourse du gouvernement de Kadhafi. J’étudiais donc gratuitement, logée et nourrie au frais du gouvernement pendant quatre ans. Comme les cours se donnaient en arabe, j'ai appris la langue, cet alphabet spécifique, et cela m’a pris près d’un an et demi. Au total, je suis restée six ans en Lybie. Mais je sentais que je devais poursuivre. Pour avoir ce que je veux dans la vie, il fallait que je trouve le bon endroit pour étudier et c’était ici.
Quelles ont été vos premières impressions à votre arrivée à l’UCLouvain?
Sur le plan de l’administration, c’était impeccable et rapide. Dès que je suis arrivée, j’ai été enregistrée, j’ai payé les frais sur place (beaucoup d’université exigent régler les frais à l’avance), mais à l’UCLouvain, pour cet aspect : c’était « tranquille ». Les professeurs ont été chaleureux. Pour ce qui est des étudiants, certains étaient plutôt distants. Ils n’ont pas l’habitude de fréquenter des étudiants noirs, c’est comme cela que je l’ai compris… Et puis, bien sûr, il y a ceux qui t’aident. Parfois, je me demandais mais pourquoi m’aident-ils autant ? A vrai dire, j’en avais besoin : j’étais en retard dans les cours.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiant·es désireux·ses de tenter ce type d’expérience?
Ne pas hésiter et se lancer ! J’ai pris un peu de temps pour régler les aspects administratifs. J’ai hésité aussi, et puis je me suis lancée car j’avais des objectifs.
Les principaux obstacles?
Une fois sur place, il n’y a pas de retour en arrière possible. A mon arrivée, j’ai entendu des commentaires pessimistes de certaines personnes soulignant que les études étaient dures en Belgique et que beaucoup abandonnaient. Il m’a fallu un immense courage et de la détermination. Mais mon premier obstacle était surtout le temps. Je devais rattraper le retard : j’ai donc doublé ma capacité de travail ; doublé mes efforts. Celles et ceux qui ont cru en moi - surtout mon promoteur -, m’ont aussi donné des ailes.
En quoi cette expérience a-t-elle été inspirante?
Elle a changé ma vision des choses et de la vie en général. Dans mon pays, nous sommes constamment limités et restreints, mais une fois que tu vis à l’étranger, c’est là que tu comprends et que tu découvres véritablement le monde. Ce qui compte? Avoir un esprit ouvert pour accepter ce que le monde nous offre.
Un conseil pour les candidat·e·s au départ?
Être dynamique, avoir du courage, se sentir prêt·e. Ne pas se contenter de ce qui est et rester derrière. Le travail paie. Bref, être prêt·e à courrir.