La révolution passera par le vélo

Amoureux de la nature et du vivant, Julos s’affirme dès les années 70 comme un défenseur de la planète. Au travers de nombreux textes mais aussi par ses actions : il crée le FLAF (Front de Libération des Arbres fruitiers) en réaction à la loi récompensant les agriculteurs qui arrachent leurs arbres fruitiers au nom de l’Europe Agricole, fait l’apologie des énergies renouvelables, s’engage et parraine de multiples initiatives en faveur de la biodiversité et, surtout, clame sur tous les tons son amour pour les arbres et le vélo…

 Le meeting

Les arbres font au jardinier
Des meetings au long des journées
Le monde bientôt va se ranger
Dans l' parti des arbres fruitiers

Quelques millions d'horticulteurs
Ont déjà voté pour les fleurs
Et moi qui suis sentimental
Je m'endors entre deux pétales

Coloquintes, amours d'abricots
Prunes, poires et vous, poireaux
La révolution se prépare
Nous allons envahir les squares

Lierres vengeurs et corrosifs
Mettez la patte sur le granit
Montrez la vie triomphale
Avec ses cheveux en bataille

Pour le suffrage universel
Les océans, les mirabelles
Les étoiles du firmament
N' remettront pas leur bulletin blanc

La marguerite échevelée
Morte déjà l'année passée
Avait mis sur son testament
"La vie est mon seul amant"

Dans les journaux de la soirée
Généralement bien informés
On écrit que des baobabs
Ont défilé à Leningrad

Que les tulipes de Hollande
Émancipées ont pris la bande
Pour pousser dans des terrains vagues
Des terres incultes, c'est pas croyable

Sur les murs de toutes les cités
On écrit qu'elle va triompher
La vie avec un grand V
Aux élections de nos étés

La plante humaine qui est la seule
À pouvoir s'arroser toute seule
A troqué pour des arrosoirs
Les noirs fusils du désespoir

Arrêt facultatif, 1972

 

 Bécanes, bicyclettes et vélos

Depuis que j'ai mis pied à terre
J'en ai vu passer des autos
De grosses Rolls-Royce de milliardaires
Des deux-chevaux de péquenots
Des belles dames en 11 légère
Porte-cigarette au museau
Des Maserati du tonnerre
Coupant en deux l'air au couteau
J'admire, il est vrai, mais j' préfère
Bécanes, bicyclettes et vélos

J'ai vu des reines tout en chapeaux
Parader dans des Cadillac
Des mécanos de chez Renault
En Quatre-chevaux et chapeau claque
Une Berlinoise en berline
200 Mercedes tout confort
Mon père, ma mère en limousine
Entrer dans Paris par le Nord
J'admire, il est vrai, mais j'opine
Pour les vélos de chez Splendor

Mon trisaïeul Armand Sostène
Avait un penchant pour Panhard
C'est en quatre cylindres à soupapes
Qu'il allait boire un coup au bar
Grand-mère chérissait l'Oldsmobile
Futuramic 88
Elle partit jusqu'au bord du Nil
Et ensuite chez les Inuits
Malgré ancêtres et chefs de file
Je persiste et roule sur un huit

J'en connais et non des moindres
Qui ne jurent que par Jaguar
Dans leur moteur, bien plus qu'un tigre
Deux-cent-dix chevaux viennent boire
J'en connais qui venant d'Asie
Ne trimardent qu'en Lotus bleue
Quant à mes amis d'Italie
Les Lancia les mettent en feu
Maugré tout et malgré icelles
Je préfère monter en selle

Princes, banquiers, hommes d'argent
Qui tenez les cordons des bourses
À bord de ces engins grondants
Vous menez votre grande course
Mercury, NSU, Matra
Messerschmitt et bien sûr j'en passe
Avouez-le, prennent plus d'espace
Cheminent moins silencieusement
Qu'une bécane monoplace
Décapotée au cœur du vent