Promotrices : Pr. Agnès Guiderdoni, Anne Reverseau (SSH/FIAL/INCAL) – Artiste : Isabelle Dumont
DEPUIS 2005, Isabelle Dumont mène des recherches et présente des conférences-spectacles sur les cabinets de curiosités, une forme pré-muséale de collection d’objets et de diffusion des connaissances, qui résonne encore fortement dans l’imaginaire contemporain. Elle s’est adressée à des publics très diversifiés (monde scientifique, culturel, familles, étudiant·es, jeune public…) avec des conférences-spectacles dont le dispositif, les sujets (du baroque aux plantes et aux bactéries) et les médiums (récit, interview, musique, image…) ont évolué tout en respectant l’exigence d’un gai savoir accessible et documenté. Le petit « théâtre du monde » qu’est le cabinet de curiosités permet de décloisonner les champs du savoir et de l’art, et fait dialoguer les disciplines à l’heure où celles-ci sont de plus en plus spécialisées. Il rappelle aussi que les modes de la connaissance sont pluriels : ils ne passent pas seulement par la rationalité, mais aussi par la perception sensible, l’imaginaire, le jeu des associations et des analogies.
Le projet consistera en un volet lié à l’enseignement, dans le cadre de deux cours de la Mineure en Culture et Création, et un volet lié à la recherche avec la participation de deux centres de recherche – le Centre de recherche sur l’imaginaire (CRI), en particulier l’équipe ERC Handling, et le Centre d’analyse culturelle de la première modernité (GEMCA). Ces deux équipes souhaitent travailler avec Isabelle Dumont sur les cabinets de curiosités comme « objets- phénomènes» dans leur dimension tout à la fois historique, anthropologique et artistique. Au final, il s’agira d’éprouver et de comprendre ce que les cabinets de curiosités font à la pensée et la façon dont la pensée se construit et s’expose à travers le choix des objets, leur mise en scène et en relation.
Pour le GEMCA, il s’agira également d’appréhender autrement l’épistémologie de la première modernité durant laquelle les champs des sciences et des arts ne se trouvaient pas encore aussi segmentés, ou cloisonnés, qu’ils ne le sont aujourd’hui. C’est donc une réflexion sur l’interdisciplinarité, d’un point de vue historique et épistémologique, que nous invite à expérimenter ce projet de recherche-création. A noter que ce projet donnera aussi l’occasion d’exploiter les collections scientifiques de l’Université, car outre les objets que les étudiant·es et les chercheur·ses apporteront, les acteur·rices du projet puiseront dans ce riche patrimoine scientifique qui sera ainsi valorisé.