Signalements d'ouvrages

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Dans cette rubrique on trouvera des propositions de lecture traitant de l'un ou l'autre aspect de l'islam contemporain. Dans les courts descriptifs des ouvrages vous trouverez également des informations techniques telles que le prix et le nombre de pages.

Dans SharePoint CISMODOC, les livres sont présentés par ordres alphabétique des noms de leurs auteurs.

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Mervin, S. et Mouline N. (2017). Islams politiques. Courants, doctrines et idéologies, CNRS. 22. Cet ouvrage s’adressant à un large public réunit les spécialistes des islams politiques. Il présente les spécificités des contextes nationaux, les différentes déclinaisons et les mutations actuelles de l’islamisme. Après un cadrage historique d’A. Jomier, S. Lacroix traite du militantisme totalisant des Frères musulmans et N. Mouline du wahhabisme ainsi que du salafisme politique. Les courants politiques se réclamant du chiisme sont traités par S. Mervin, les spécificités doctrinales du zaydisme, une branche du chiisme, sont étudiées par S. Dorlian. Quant à M. Boivin, il présente la structuration de l’imamat ismaélien à travers l’analyse de la Fondation Aga Khan Development Network. Enfin, un article de A. Jomier est consacré à l’ibadisme, branche minoritaire de l’islam. Un livre qui montre les diverses articulations du politique et du religieux dans l’islam contemporain.

Avon D. (2007), La Fragilité des clercs, Éditions de Corlevour. 10,97€. À partir des productions intellectuelles de cinq figures contemporaines et médiatisées, l'auteur propose une analyse critique de leurs pensées qui représentent un obstacle pour la construction d’un avenir commun et l’affirmation d’une humanité commune. Il met en exergue les contradictions, les surenchères et réflexes identitaires, la caricature de l’autre ainsi que l’absence d’une dimension réflexive. Il reproche ainsi à S. Huntington de ne pas répondre clairement à deux questions philosophiques : l’unité du genre humain et la question du sens ou non de l’histoire. Quant à la démarche de Tariq Ramadan, il la qualifie d’intégraliste et d’apologétique. En effet, selon l’auteur, sa peur de la dilution de l’identité musulmane l’empêche de penser la réciprocité notamment dans le contexte européen. Il critique également la « frontière fondamentale » que A. Besançon définit lorsqu’il distingue les « civilisations qui ont l’islam comme religion » de celles qui ont le « christianisme comme religion ». Ensuite, il critique la notion d’universalisme éthéré tel que développé par G. Corm, car selon lui l’universalisme « c’est le refus d’essentialiser toute différence entre citoyens mais aussi refus de sacraliser tout dogme qui échapperait à toute critique ». Enfin, D. Avon critique la pensée dualiste d’A. Finkielkraut ainsi que sonidée de culture comme origine.

Hoffner A-B. (2017), Les nouveaux acteurs de l’islam, Bayard, 187p. 16€. Cette chroniqueuse religieuse et spécialiste des questions de l’islam dans le quotidien « La Croix » met en avant dans son premier livre la diversité des parcours mais aussi des rapports aux textes religieux et à la doctrine musulmane classique de musulmans contemporains. Cette présentation se fait à partir de six personnalités musulmanes provenant de pays différents : Liban (Nayla Tabbara, professeure d’étude islamique), Tunisie (Iqbal Gharbi, psychologue), Belgique (Michael Privot, islamologue et Hicham Abdel Gawad, enseignant de religion islamique) et France (Mohamed Bajrafil, théologien et Farid Abdelkrim, artiste).

Bergeaud-Blackler F. (2017), Le marché halal ou l’invention d’une tradition, Seuil, 264 p., 20€. Dans cet ouvrage, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, qui étudie la question de l’halal depuis plus de deux décennies, nous livre ses analyses sur la création d’un espace alimentaire musulman dans le contexte français. Son approche est constructiviste, le marché halal n’étant pas étudié sous l’angle théologique, ni à partir des définitions de l’halal que l’on retrouve dans la littérature musulmane, etc. mais plutôt à partir de l’analyse des discours publics sur le marché halal. L’auteure y analyse également la manière dont le marché évolue et se négocie entre les divers partenaires. Jusque dans les années 1980, les autorités religieuses considéraient généralement la nourriture des gens du livre licite. Ce sont les femmes arrivées dans le cadre du regroupement familial qui vont ériger des barrières alimentaires avec les habitudes alimentaires du pays d’accueil. Il s’agit d’un réflexe de protection identitaire et culturelle commun à tous les nouveaux migrants. Sauf que cette conception séparatrice et restrictive de l’espace alimentaire va être réappropriée par certains courants littéralistes et va s’allier au capitalisme mondialisé et au néolibéralisme, auquel elle s’adapte bien, ce qui donnera naissance à cette tradition religieuse. La caractéristique de ce marché est d’être à la fois religieux et économique. Cette marchandisation du religieux, qui produit des biens de croyance et de salut, va de pair avec les tentatives de réislamisation de courants religieux littéralistes.

Platti E. (2016), Que penser de... ? L'’islamisme, Fidélité, 120 p., 9.90€€. L’auteur, théologien dominicain, propose une excellente synthèse de l’islamisme contemporain. Historiquement, différents groupes et courants se rattachent à l’islam ainsi qu’une pluralité d’identité musulmane. L’islamisme contemporain à travers son idéologie identitaire traduite en règles religieuses simples vise l’homogénéisation des communautés musulmanes. L’islamisme est un courant politique qui prétend libérer l’homme des idéologies humaines telles que le nationalisme, le socialisme, le communisme, etc. et du matérialisme ambiant. D’après ce courant, l’islam est libérateur car la souveraineté est divine et non humaine. Selon l’auteur, c’est d’abord Sayyid Abul Ala Maududi (m.1979), qui dans un contexte colonial, théorise le projet d’une société islamique et qui préconise la prise de pouvoir de l’islam politique. La synthèse de ses idées avec celles de Sayid Qutb donne une vision globale et cohérente des tendances actuelles de l’islam dont les plus radicales sont caractérisées par l’exclusivisme et l’excommunication (takfirisme). Cela engendre une ligne de fracture entre deux conceptions du monde car, d’une part la conception politique de l’islam ne peut déboucher que sur un clash des civilisations avec la culture occidentale : d’un côté, on évacue la place de Dieu dans l’organisation de la société et de l’autre on évacue la raison humaine dans l’organisation. D’autre part, les condamnations mutuelles intra-musulmanes prennent l’allure de guerre violente au sein même des sociétés musulmanes dans la mesure où chacun prétend détenir et défendre l’islam authentique. Une lecture qui apporte une meilleure compréhension du radicalisme violent actuel et de ses racines historiques.

Saidi, I. (2015). Les aventures d'un musulman d'ici: Témoignage, La Boîte à Pandore, 181 p., 18€. Après plusieurs générations, les interpellations les questionnements des jeunes restent identiques et trop souvent liées à leurs identités culturelles. C’est ce pourquoi Ismaël Saïdi, auteur et metteur en scène, décide d’écrire un livre dans lequel il retrace son parcours personnelle et nous introduit dans son univers et le quotidien d’une famille marocaine. Différents thèmes sont abordés, la quête d’identité, l’exclusion, la religion, les filles, il explique la forme de « schizophrénie » qu’il vit lorsqu’il tente de concilier ses multiples identités et appartenances. Il nous raconte son parcours de vie avec simplicité et sans tabou ni victimisation.

Passoni L. et Lorsignol C. (2016), Au cœur de Daesh avec mon fils, La Boîte à Pandore, 199 p., 18€. Alors que le phénomène des « returnees » devient une source d’inquiétude, surtout depuis les dernières défaites militaires de Daesh, le témoignage de Laura Passoni montre le profil varié des candidats djihadistes qui va de l’altruiste humaniste qui s’engage pour un monde plus juste jusqu’au convaincu par l’idéologie djihadiste. Elle a écrit ce livre pour dissuader les « inconscients ou naïfs » qui souhaitent encore rallier la Syrie et à qui on vend du rêve même si aujourd’hui, il est difficile de ne pas être au courant des dangers que représente un départ en Syrie et les exactions commises là-bas. Se radicaliser sur internet et rejoindre ce qui allait devenir alors le califat et ce, qu’on approche la trentaine vivant au sein d’une famille ordinaire et aimante et de surcroît maman d’un enfant en bas âge. Cela pose la question du pouvoir d’attraction et des techniques de communication de ces groupes djihadistes mais aussi des sources d’informations de ces jeunes qui sont en permanence connectés. Un livre facile à lire et bien écrit qui rappelle également les atrocités vécues par les populations peuple syrien. Il est co-écrit avec la journaliste d’investigation de la RTBF Lorsignol Catherine.

Majdalani, C. et Mermier F. (2016). Regards sur l'édition dans le monde arabe, Karthala, 306 p., 24€. Ce livre propose une réflexion sur l’édition arabe et dresse un état des lieux de quelques pays arabes. C’est non seulement le rapport à la culture et l’accès à l’écrit et au savoir des sociétés arabes qui est mis en exergue mais également, la censure, la pluralité, la traduction d’ouvrages en langues étrangères alors que certains auteurs préfèrent écrire dans des langues occidentales. Le champ éditorial arabe permet-il de développer une réflexion critique ? L’édition de roman et de livres en sciences sociales et politiques va dans ce sens-là.

Chiffoleau S. (2015). Le Voyage à La Mecque. Un pèlerinage mondial en terre d’Islam, Belin, 370 p., 23€. Le pèlerinage à la Mecque, un rassemblement annuel de musulmans provenant de diverses contrées, est étudié dans ce livre qui retrace également l’histoire récente en tant que phénomène social. La dimension proprement religieuse est peu présente dans l’ouvrage. Ce sont les dimensions sociales, politiques, économiques ainsi que le quotidien et le vécu des pèlerins qui y sont analysés. L’apport du livre se situe dans l’analyse mais aussi dans la compréhension des évolutions et transformations contemporaines. Il montre par exemple que le pèlerinage fut une affaire exclusivement musulmane jusqu’à l’époque coloniale où elle était gérée administrativement par les fonctionnaires coloniaux. Cette ingérence s’explique par une double crainte : d’une part, le risque épidémique et, d’autre part, le risque de subversion. Comme tout rassemblement, celui de la Mecque présente des risques de se transformer en foyer d’agitation politique réclamant les indépendances.

Sardar, Ziauddin, Histoire de la Mecque. De la naissance d’Abraham au XXI° siècle, Payot, 2015, 476 p., 24€. Un autre ouvrage sur le pèlerinage annuel qui mobilise des millions de personne. Il s’agit d’une traduction d’un ouvrage écrit en anglais et publié en 2014. Alors que la Mecque, ville du pèlerinage, dans la conscience musulmane est une cité idéale quasi mythique, l’auteur retrace son histoire profane et montre qu’elle est marquée par une succession de guerres et de conflits fratricides. Il porte également un regard critique sur l’histoire récente de la Mecque, elle reste un enjeu politique, économique et religieux malgré les échanges culturels.

AAVV, Arabie Saoudite. Pouvoir et société au royaume al-Saoud, dans la revue Moyen-Orient, n. 29, Janvier-mars 2016, 12 €. La revue Moyen-Orient est publiée par le groupe de presse Areion spécialisé dans des publications de géopolitique et de défense. On trouve cette revue trimestrielle dans les librairies réputées. Par ailleurs, elle peut être commandée à partir du site internet de l’éditeur : www.geostratgique.com. En règle générale, les numéros se composent d’articles de qualité rédigés par des auteurs universitaires. Pour un coût modeste et en quelques pages, avec par conséquent une économie aussi bien de temps que d’argent, un lecteur non spécialisé peut donc trouver des analyses de fond ainsi que des synthèses solides et de première main. Le numéro sur l’Arabie saoudite est surtout centré sur une analyse interne de la société saoudienne. Elle est conduite sous l’angle politique par un article de Fatiha Dazi-Héni qui présente le profil de la diplomatie du roi Salman, une interview de Stéphane Lacroix sur la « wahhabisme » saoudien. On y trouvera encore un article du spécialiste britannique Toby Matthiesen sur les chiites d’Arabie saoudite et un autre sur les relations entre régions à l’intérieur du royaume saoudien. On y aborde également des aspects sociologiques peu connus portant sur la littérature saoudienne, sur la culture populaire de la jeunesse mais aussi une interview d’un économiste sur la transformation de l’économie de rente pétrolière et la recherche de nouvelles perspectives économiques. Manquent dans ce numéro : des analyses sur la géopolitique religieuse de l’Arabie saoudite qui ont entre autres provoqué la diffusion du salafisme. Néanmoins, la revue annonce un numéro spécial sur le salafisme à paraître prochainement dans lequel cette question sera peut-être traitée.

AAVV, Iran : une société face à la mondialisation, dans la revue Moyen-Orient, n. 32, Octobre-décembre 2016, 12 €. Une douzaine d’articles qui permet de comprendre plusieurs facettes de l’Iran d’aujourd’hui. Le grand spécialiste français Yann Richard rappelle les grandes étapes du devenir du « chiisme d’État » iranien permettant ainsi de disposer de quelques repères pour comprendre cette situation géopolitique complexe. Cet article est complété par une interview de Leili Anvar sur les identités iraniennes, « du mazdéisme au chiisme d’État ». Une interview d’un chercheur iranien, Amir Nikpey, porte sur une sociologie des pratiques religieuses en république islamique. D’autres articles portent sur d’autres aspects tels que le féminisme, la création artistique d’iraniens émigrés à Dubaï ou encore la fuite des cerveaux de jeunes Iraniens. Ce numéro n’évoque pas les aspects géopolitiques à fond religieux qui marquent les relations tendues entre l’Arabie saoudite et la république islamique iranienne.

Hourcade, Bernard, Géopolitique de l’Iran. Les défis d’une renaissance, Armand Colin, 2016, 336 p., 28 €. Cet ouvrage est une refonte d’un ouvrage précédent, l’œuvre d’un géographe-politologue spécialiste du monde iranien. Cette nouvelle version continue à proposer une vision globale de l’Iran, historique, religieuse, politique, économique et à montrer le potentiel révolutionnaire de la révolution islamique. Elle entend également montrer ce que l’auteur considère comme le tournant iranien contemporain, avec les nouvelles générations de leaders et la figure du président Hassan Rohani. Hourcade B. s’interroge sur la stratégie à venir de l’Iran qui sort de l’isolement dans lequel il baigne depuis la révolution islamique de 1979 mais qui constate la place prise par le wahabisme saoudien et ses dérives radicales dans la région du Golfe que l’Iran considère également comme sa sphère d’influence. Le contraste religieux/politique devient alors aigu, comme l’a montré l’intervention saoudienne au Yémen. Bernard Hourcade est souvent interviewé dans France Culture.

Redissi, H. (2016). Une histoire du wahhabisme. Comment l'islam sectaire est devenu l'islam, Seuil, 348 p. 10.50 €. Hamadi Redissi est professeur de sciences politiques et penseur critique de la modernité dans le monde arabo-musulman. Il développe notamment la notion d’exception islamique. Cet ouvrage, initialement édité sous le titre Le pacte de Najd, a pour ambition de retracer l’histoire du wahhabisme. L’auteur entend y expliquer comment un mouvement politico-religieux minoritaire et sectaire né au 18e siècle va, grâce à son prosélytisme et à la rente pétrolière, devenir l’orthodoxie dominante. La propagation de cette version fondamentaliste s’appuie sur l’école juridique hanbalite qui prône une interprétation littérale, puritaine et rigoriste de l’islam. D’après l’auteur, elle est la source du radicalisme et du terrorisme contemporain. En 1932, cette branche particulière donne naissance au premier État saoudien grâce à une alliance entre le cheikh Ibn Adbel al-Wahhab (1703-1792) et Mohammed Ibn Saoud (1710-1765). D’après le politologue tunisien, ce sont les réformistes du 19e qui, involontairement, vont légitimer le wahabbisme. Une lecture recommandée à ceux qui souhaitent comprendre l’islamisme radical contemporain et le succès de cette branche sectaire de l’islam.

Abdelouahed, H. (2015). Figures du féminin en Islam, Presses Universitaires de France, 234 p, 16,50 €. L’auteure propose une lecture psychanalytique des textes scripturaires musulmans à travers d’illustres personnages islamiques féminins (Khadija, Agar, Aïsha) mais aussi des personnages de fiction qui ont aussi façonné l’imaginaire arabo-musulman (Shéhérazade des Mille et Une Nuits). L’identité actuelle des sociétés musulmanes provient d’interprétations médiévales et de la nostalgie d’une identité des origines qui la rend rigide. Elle connaît très peu de ruptures avec le passé. À travers des questions comme le voile, la violence à l’égard de la femme, etc. c’est l’inconscient musulman et la mémoire collective qui constituent souvent des freins à la liberté de penser, selon l’auteure. (NEM)

Kortmann, M. et Rosenow-Williams, K. (2013). Islamic Organizations in Europe and the USA: A Multidisciplinary Perspective, Palgrave Macmillan, 274 p. Un ouvrage collectif qui a pour objectif d’analyser les différentes formes d’organisations islamiques dans les pays occidentaux. L’ouvrage analyse les stratégies d’adaptation et les influences liées à l’environnement local et au contexte national ainsi que les diverses pratiques au sein des organisations musulmanes dans les pays occidentaux. Un chapitre est consacré aux profils des imams en Flandre, le rapport qu’ils entretiennent avec le gouvernement, une description de leur travail etc. (NEM)

Chabbi, J. (2016). Les Trois Piliers de l'islam: Lecture anthropologique du Coran, Seuil, 384p., 22€. J. Chabbi, historienne arabisante entend préciser dans son dernier ouvrage l’ancrage sociétal, le contexte historique et anthropologique d’origine du Coran. Il s’agit de comprendre l’islam dans son contexte d’origine, indépendamment de ce qu’il va devenir. Son ouvrage s’articule autour de trois parties qui constituent les trois piliers de l’islam. D’après l’auteure, ces trois fondamentaux permettent une relecture renouvelée du Coran. Le premier pilier est « l’alliance et alliées », le second « la guidance » et le troisième « le don. ».

Luizard, JP. (2015). Le piège de Daech. L'Etat islamique ou Le retour de l'Histoire, La Découverte, 180 p, 13€. L’auteur, un historien spécialiste du Moyen-Orient, entend comprendre et expliquer les causes du succès et de l’émergence de l’État islamique. Les causes sont d’une part de nature intrinsèque - éclatement de l’autorité religieuse sunnite, la désagrégation de la région, etc. - et d’autre part, l’état islamique mobilise les éléments de déstabilisation externe de la région qu’il va aussi bien chercher dans l’histoire courte, comme l’invasion américaine en Irak, que dans l’histoire coloniale de la région. L’idéologie djihadiste ne s’appuie pas uniquement sur l’histoire mais également sur les thèses développées par S. Huggtington avec lesquelles il est en accord même si le choc pour les idéologues de l’État islamique est lié à la croyance (vs mécréance) plutôt qu’à un conflit lié à la culture. Un ouvrage recommandé à ceux qui souhaitent trouver des clés de lecture pour comprendre les changements géopolitiques en cours dans la région du Moyen-Orient et l’Internationalisation d’un conflit régional.

Allès, É., Halfon-Michel, C. H. et Terray, E. (2013). L'islam de Chine: un islam en situation minoritaire, Karthala, 192p., 20€. Un livre essentiel pour toute personne qui s’intéresse à l’implantation de l’islam dans un contexte minoritaire, rédigé par une anthropologue spécialiste de l’islam chinois et de la civilisation chinoise. L’auteure montre la diversité au sein de cette minorité mais s’intéresse aussi aux transformations des musulmans chinois ainsi qu’à leur mobilité en Chine et à travers le monde. Les Hui, cette minorité nationale musulmane qui s’est historiquement engagée dans un processus de légitimation grâce à l’adoption d’un mode vie chinois et à la soumission au pouvoir chinois où l’accent est davantage mis sur l’orthopraxie. Elle qualifie cet islam chinois de « traditionnel » ou « conservateur » intégrant les confréries mystiques qu’elle oppose à des courants « réformateurs » ou « fondamentaliste » tels que les Ikhwan et salafi (d’inspiration wahhabite) qui firent leur apparition au début du siècle dernier, plus prosélytes avec une volonté d’harmonisation imposée par ces courants qui sont également en compétition.

Insel, A. (2015). La nouvelle Turquie d'Erdogan: Du rêve démocratique à la dérive autoritaire, La Découverte, 208p., 17 €. Cet ouvrage d’Ahmet Insel nous apporte un regard de l’intérieur sur la vie politique turque qui retrace l’histoire des 20 dernières années du régime républicain. Recep Tayyip Erdogan, un homme issu du peuple, a pu créer une cassure en 2002 avec le régime kémaliste et l’élite politico-militaire historiquement au pouvoir. Pourtant, l’actuel président est au pouvoir depuis plus d’une décennie et montre que l’autoritarisme du président turc est à situer dans une longue tradition autoritaire. L’auteur explique également qu’il s’agit d’une constante dans l’histoire politique turque. Un ouvrage essentiel pour la compréhension des enjeux actuels en Turquie, œuvre d’un politologue et économiste engagé dans son pays en faveur des minorités.

Melvin, S, (2010), Histoire de l'islam. Fondements et doctrine, Flammarion, Champs Histoire, 2010, 333p., 10€. Une histoire de l'islam que, parmi les ouvrages de poche, mérite d'être renseigné par sa richesse. Un ouvrage qui va à l'essentiel sans être sommaire. L'auteur, une spécialiste du monde musulman, y traite des origines religieuses et politiques de l'islam, mais également doctrinaux, y compris dans un glossaire critique bien solidement construit. Dans les derniers chapitres l'auteur traite dans divers chapitres du chiisme, du soufisme, du réformisme et de l'islam politique.

Urvoy, D.(2003 (éd. or. 1993), Les penseurs libres dans l'islam classique. L'interrogation religieuse chez les penseurs arabes indépendants, Flammarion, 261p., 20€. Dominique Urvoy est un spécialiste de l'histoire de la pensée musulmane qui a publié en 2006 l'important ouvrage Histoire de la pensée arabe et islamique aux éditions du Seuil. Dans cet ouvrage sur l'interrogation religieuse chez les penseurs "libres" dans l'islam classique. Pour l'auteur, des penseurs "libres" sont ceux qui ont du recul vis à vis d'écoles de pensée et de la religion et qui produisent un questionnement et tentent une réponse. Il s'agit d'auteurs ignorés ou inconnus qui ont écrit notamment au IX° et X° siècle de notre ère. Leurs interrogations portent sur la croyance, sur Dieu et sur le rapport à la philosophie. Un pan méconnu de l'histoire de la pensée musulmane.

Bozarslan, H. (2015), Révolution et état de violence. Moyen-Orient 2011-2015, CNRS éditions, 303p., 25€. Une des ouvrages plus éclairants sur le Moyen-Orient qui allient une prise en compte de l'actualité avec une analyse de fond des processus sociologiques et politiques à l'œuvre dans cette région du monde. C'est un ouvrage qui permet de mettre un peu d'ordre dans ce qui apparaît souvent comme un chaos insaisissable. A lire éventuellement conjointement à un petit ouvrage en livre de poche du même auteur: Sociologie politique du Moyen-Orient, , La Découverte.

Asri, F. (2014), Rythmes et voix d'islam. Une socioanthropologie d'artistes musulmans européens, Presses universitaires de Louvain, 316 p, 30€. Ouvrage issu d'une thèse de doctorat et d'une connaissance profonde de la part de l'auteur de l'univers musical contemporain d'inspiration islamique en Europe. Malgré les interdictions de la musique de la part du salafisme, de nombreux auteurs, du rap au nashid en passant par le rock et d'autres genres musicaux parlent de religion en faisant de la musique, disent leur appartenance à l'islam et réinventent un questionnement religieux ancré sur les quêtes de la jeunesse musulmane européenne contemporaine. Ce livre ouvre une fenêtre sur un autre mode que celui du radicalisme et montre la vivacité de l'expression musicale et religieuse au sein de la jeunesse musulmane européenne.

Laurent, P-J. (2016), Tolérances et radicalismes: que n'avons-nous pas compris? Le terroriste islamiste à Europe, Couleurs livres, 187p., 18 €. Issu d'un colloque organisé quelque temps après les attentats de Paris, cet ouvrage à l'intérêt de poser une approche pluridisciplinaire du radicalisme jihadiste mais qui brasse plus largement allant d'analyses relatives à la situation de jeunes et de leur vécu, à des questions géopolitiques, à d'autres, philosophiques, juridiques et sociologiques en passant par l'idée de jihad et l'analyse des prédications jihadistes, comme celle de Anwar al-Alwaki, prédicateur à Nottingham dans les années 2000. Par rapport aux nombreux ouvrages récents concentrés sur les événements jihadistes, ce volume ouvre le regard vers les nombreux questionnements que posent ces tragiques événements. De quoi penser pour regarder plus loin.

La notion de multiculturalisme a toujours été discutée. Elle l'est encore davantage depuis les attentats récents. Faut-il renoncer à cette idée au nom de la sécurité et de l'intégration?

 

 

Avon D. (2007), La Fragilité des clercs, Éditions de Corlevour. 10,97€.

À partir des productions intellectuelles de cinq figures contemporaines et médiatisées, l'auteur propose une analyse critique de leurs pensées qui représentent un obstacle pour la construction d’un avenir commun et l’affirmation d’une humanité commune. Il met en exergue les contradictions, les surenchères et réflexes identitaires, la caricature de l’autre ainsi que l’absence d’une dimension réflexive. Il reproche ainsi à S. Huntington de ne pas répondre clairement à deux questions philosophiques : l’unité du genre humain et la question du sens ou non de l’histoire. Quant à la démarche de Tariq Ramadan, il la qualifie d’intégraliste et d’apologétique. En effet, selon l’auteur, sa peur de la dilution de l’identité musulmane l’empêche de penser la réciprocité notamment dans le contexte européen. Il critique également la « frontière fondamentale » que A. Besançon définit lorsqu’il distingue les « civilisations qui ont l’islam comme religion » de celles qui ont le « christianisme comme religion ». Ensuite, il critique la notion d’universalisme éthéré tel que développé par G. Corm, car selon lui l’universalisme « c’est le refus d’essentialiser toute différence entre citoyens mais aussi refus de sacraliser tout dogme qui échapperait à toute critique ». Enfin, D. Avon critique la pensée dualiste d’A. Finkielkraut ainsi que sonidée de culture comme origine.