Xavier de Coster

Le présent nous place face à un défi majeur : rien moins que la survie de l'espèce humaine. N'y a-t-il pas urgence à inventer d'autres manières de vivre tous ensemble sur cette planète, plutôt que de s'entretuer ?

Oui, c’est important que l’UCL se mobilise autour de ce thème. Ni le monde politique ni le monde économique ne sont capables d'envisager d’autres possibles. C’est bien le rôle de l’université, de réfléchir "au-delà de l'horizon". C’est une mission d’autant plus importante et urgente que nous allons droit dans le mur. En cause ? Notre manière de vivre et de gérer les ressources qui n'est pas tenable sur le long terme.

L’université est censée encourager la pensée critique, mais son discours ne l’est, hélas, plus tellement. Son attitude est contaminée par la marchandisation. Les étudiants deviennent des clients…

L’université a un pouvoir. Elle jouit (encore) d'une autorité intellectuelle dont elle n'use pas assez. Entend-on, par exemple, sa voix au sujet du TTIP ? Pourtant elle n’a rien à perdre. Certes, la parole des professeurs est encore libre, mais pour combien de temps ?

Ce thème concerne au premier chef les étudiants, qui sont les adultes de demain. Les jeunes disent trop facilement : « c’est le système qui veut ça », et trouvent normales trop de choses qui ne le sont pas. Si à vingt ans, ils considèrent que tout va bien, s'ils acceptent la marche du monde tel qu'il va, c'est à désespérer de la jeunesse !

Quelle serait votre utopie pour le temps présent ?

J’avais choisi l’enseignement, car c’était un secteur non-marchand; il représentait pour moi une citadelle anti-consommation. C’est terminé aujourd’hui. Mais je persiste à ne pas vouloir le croire. C'est mon utopie personnelle.

Une utopie, c’est un lieu qui n’existe pas encore. Un lieu vers lequel on peut aller : la Terre, par exemple. Ou ailleurs…

► Projet: conférence « L'utopie dans la Grande Tour de Babel de Pieter Bruegel l'Ancien »