Bernard Coulie est recteur honoraire et professeur à la Faculté de philosophie, arts et lettres et membre de l’Institut des civilisations, arts et lettres de l’UCLouvain*.
Il enseigne les études byzantines arméniennes et géorgiennes depuis plus de 25 ans et, depuis une dizaine d’années, donne des cours sur la culture et l’identité européennes.
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Quels types de séjours internationaux avez-vous effectué?
Mes premiers grands séjours ont été les séjours postdoctoraux. Après ma thèse, je suis parti un an aux Etats-Unis et puis six mois à Vienne pour compléter ma formation et préciser mes objets de recherche. Ensuite, j’ai effectué de nombreux séjours comme professeur invité en Europe, dans le monde, dans le Caucase, en Arménie et Géorgie. J’ai assisté à une foule de congrès internationaux, j’ai été invité pour donner des conférences. A vrai dire, je voyage plusieurs fois par an depuis le début de ma carrière académique.
La mobilité figure au cœur même de mon métier : je suis spécialiste dans des domaines très particuliers, arméniens et géorgiens. Mon domaine d’étude est donc à l’étranger. Dans ce type de spécialité, je n’ai pas de collègues en Belgique : le moindre contact et la plus petite collaboration se traduisent par de la mobilité internationale qui me permet d’effectuer mes travaux et mes recherches.
Quelles ont été vos premières impressions liées à ces expériences internationales?
D’une manière générale, ce que je retiens de mes séjours, c’est évidemment le fait de pouvoir « sortir de sa coquille ». C’est une ouverture au monde. Une ouverture à d’autres cultures. Au fond, la mobilité internationale, c’est accepter de se confronter à d’autres manières de voir les choses.
Quels ont été les obstacles éventuels?
Le premier obstacle pourrait être une certaine peur ou une crainte de sortir de son cocon. Des difficultés organisationnelles peuvent aussi apparaître en lien avec le calendrier académique. Certaines difficultés économiques également. Mais pour tout cela, des solutions peuvent être trouvées avec un peu de patience et de ténacité. Et puis, quand j’ai commencé ma carrière, il n’y avait pas autant de vols ; il n’y avait pas internet, ni de courrier électronique. Nous hésitions beaucoup plus à nous lancer dans de grands voyages. J’ai très certainement bénéficié des avancées technologiques et logistiques : elles m’ont aidé à avancer dans ma carrière car elles m’ont clairement facilité les contacts internationaux.
Quels sont les éléments positifs liés à ce type d’expérience?
L’enrichissement et l’épanouissement personnels tout d’abord. Mais aussi la contribution de la mobilité internationale à la qualité de l’enseignement et de la recherche ici à l’UCLouvain. Nous revenons avec une foule d’idées nouvelles : ces séjours ont été inspirants.
Un conseil pour les candidat·e·s au départ?
Le conseil essentiel : ne pas avoir peur ! Il faut se lancer. Le monde est ouvert. Le monde est vaste. C’est nécessaire : il faut prendre le risque de se confronter à la différence et à l’altérité. C’est tout aussi vrai pour les membres du personnel, mais aussi pour les chercheur·e·s et les professeur·e·s, c’est très important de voir le fonctionnement d’une université ailleurs.
Un conseil pour l’UCLouvain?
A tous les membres de l’université, je dirais qu’il faut s’ouvrir à ce qui se fait ailleurs. Il ne faut pas penser que comme l’UCLouvain est une grande et importante université, nous avons déjà toutes les bonnes idées. Non. Il y a une foule de choses à faire, à améliorer et bien d’autres à découvrir autour de nous : profitons-en !
Un partenariat avec l'Arménie et la Géorgie
L'UCLouvain est l'une des rares universités en Europe, et la seule en Belgique, à proposer des études arméniennes et géorgiennes sous la forme de cours de langues anciennes et médiévales, d'histoire, de littérature, de culture et d'art.
Depuis plusieurs dizaines d'années, les collaborations avec l'Arménie et la Géorgie sont intenses et continues; elles portent sur la recherche, l'enseignement, les publications. Aujourd'hui, le professeur Coulie coordonne un accord Erasmus+ avec plusieurs universités et institutions de recherche en Arménie et en Géorgie. Grâce à cet accord plusieurs doctorants, chercheurs et professeurs arméniens et géorgiens effectuent des séjours à l'UCLouvain et des professeurs de l'UCLouvain vont en mission d'enseignement en Arménie et en Géorgie.
Cette collaboration contribue au développement du niveau des recherches dans ces établissements, et à l'internationalisation du parcours des jeunes chercheurs arméniens et géorgiens.
« Au fil des ans, j'ai monté plusieurs projets de recherche avec mes collègues arméniens et géorgiens », indique Bernard Coulie. J’ai pu obtenir pour eux de nombreux financements: durant les années qui ont suivi la fin de l'URSS et l'accession à l'indépendance de l'Arménie et de la Géorgie, années durant lesquelles la situation économique et sociale des chercheurs a été extrêmement difficile dans ces pays, ces financements ont permis de maintenir dans la recherche plusieurs chercheurs ».
Plus largement, en termes de service à la société, le professeur Coulie est également fortement impliqué dans les démarches visant à la reconnaissance du génocide des Arméniens. Il organise aussi chaque année plusieurs voyages en Arménie et en Géorgie, qu’il guide, de manière à mieux faire connaître ces pays auprès d'un public belge et européen. Et de souligner: "A titre personnel, les contacts que j'ai eus avec mes collègues arméniens et géorgiens, durant les dernières années de l'URSS, au cours des premières années de l'indépendance, et jusqu'à aujourd'hui, ont fortement influencé ma carrière, la vision de mon métier et du service à la société qui peut lui être lié. Au départ, je m’intéressais aux cultures et langues arméniennes et géorgiennes comme des objets d’études anciens, un peu à la manière du grec et du latin, par exemple, qui constituaient ma formation de base. Puis, à force de rencontrer des Arméniens et des Géorgiens, d’aller dans leurs pays, de connaître toute leur histoire jusqu’à aujourd’hui, mon horizon s’est totalement ouvert. Je mets mes connaissances de leur histoire au service d’une meilleure compréhension de leur situation actuelle. Et cela m’a conduit aussi à prendre des positions publiques et politiques, par exemple sur la reconnaissance du génocide des Arméniens ou sur l’indépendance du Karabagh. Lorsque j’ai commencé mes recherches, je ne pensais pas qu’elles connaîtraient cette évolution, et c’est l’internationalisation qui en été le moteur.
Sur la photo :
Signature d’un accord entre l’UCLouvain et l’Armenian Virtual College, à Erevan en septembre 2018 : l’accord permet à des étudiants du master en orientalisme à l’UCLouvain de suivre des cours online de l’AVC sur la langue, l’histoire et la culture arméniennes.
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Bernard Coulie is professor in the Faculty of Philosophy, Arts and Letters and a member of the UCLouvain Institute for the Study of Civilisations, Arts and Letters. He has been teaching Armenian and Georgian Byzantine studies for over 25 years.
What international residencies have you done?
Just after my PhD, I spent a year in the United States and then half a year in Vienna to complete my training and specify my research subjects, then I spent a lot of time as a visiting professor in Europe and elsewhere, in the Caucasus, Armenia and Georgia. I’ve travelled several times a year since the beginning of my academic career. International mobility is at the heart of my job, I’m a specialist in a very specific discipline, Armenian and Georgian studies, so my geographically my work isn’t here, I have to go abroad.
What were your first impressions of these international experiences?
Generally, what I’ve learned from all these travels, especially my two postdoctoral residencies, was obviously the importance of getting out of my shell. I went out into the world, opened up to other cultures, other ways of seeing education and research challenges in universities, others ways of seeing social problems. Basically, international mobility means considering other ways of seeing things.
What were the possible obstacles?
The first can be fear of leaving your familial and professional cocoon and dealing with how things work elsewhere. There are also organisational difficulties related to the academic calendar – you can’t just go anywhere, anytime, any way; there are economic difficulties – it’s not always easy to obtain funds for international mobility. But with a little patience and tenacity there’s always a way to find solutions.
What are the positive elements of this type of experience?
Enrichment and personal fulfilment. Meeting people with different backgrounds, pasts, stories – the personal fulfilment is obviously extraordinary. The other beneficial outcome is the contribution of international mobility to the quality of teaching and research here, because when we return, we have lots of new ideas. Essentially international mobility is a fantastic reservoir of good ideas, practices, experiences and models to explore.
Any advice for those considering going abroad?
My main advice is: Don’t be afraid! You have to get out there, the world is open, vast, we live in a world where contact between people and cultures is absolutely essential. So don’t be afraid, you must take the risk of facing what is different and ‘other’. This is equally true for staff – students of course will benefit – but it’s essential for researchers, faculty and administrative staff to see how universities elsewhere are organised.
A tip for UCLouvain?
I would advise the entire university community – students, professors, researchers, administrative staff – to be open to how things are done elsewhere. Don’t think that because we’re a large, prestigious, old, brilliant university that we have all the good ideas. There is so much to do, so much to improve around us: let's take advantage of it!