Le campus Artiste en résidence : un laboratoire expérimental

Claudio Stellato a donné ses premiers cours à la quinzaine d’étudiant·es de la mineure en culture et création qui ont choisi de participer à l’aventure proposée par l’artiste circassien accueilli en résidence à l’UCLouvain cette année. Au terme des 30 heures de cours données par l’artiste, les étudiant·es présenteront au public, le dimanche 20 mars 2022, une performance qui sera, à n’en pas douter, décoiffante.

Par Jarod Dhuyvetter étudiant inscrit à la mineure en culture et création et au campus « Artiste en résidence »

« Et on va bien s’amuser ! » promet Claudio Stellato lorsqu’il présente son cours aux étudiant·es. Il serait cependant bien réducteur de s’en tenir à la seule notion d’amusement pour définir le travail que nous réalisons ensemble. Les séances de ce cours pas comme les autres mêlent expérimentation, exploration, étonnement, amusement… Bref, une multitude de dimensions qui conduisent à créer une performance hors-normes sans cesse renouvelée. C’est ainsi que, certains vendredis de 10h à 17h, les Ateliers d’Art de la Baraque (ndlr : Chemin des Artisans à Louvain-la-Neuve) se transforment en un laboratoire expérimental où chaque étudiant et étudiante met en scène, dans des conditions excentriques, ce que la troupe de Claudio appelle « nos talents ». Ces talents, ce sont des compétences variées. Elles vont d’une pratique artistique ou sportive à l’art de roter en boucle. Même ne rien faire y devient tout un art. Tout ceci est mis en scène à travers plusieurs exercices différents, répétés plusieurs fois, que Claudio regroupe, au fur et à mesure, en un seul spectacle de 20 minutes.

Chaque étudiant·e a un rôle spécifique à jouer et devient une partie importante de la création.

La méthode de travail utilisée par l’artiste en résidence nous sort complètement de nos habitudes. Si une idée nous vient, on se lance directement sur l’espace scénique et on essaye en boucle, jusqu’à produire une performance dont l’esthétique nous plait. Inutile de chercher à tout prix à y mettre un sens référentiel, une énonciation cachée, une morale ou un message. Le principe même de vouloir faire quelque chose suffit à justifier sa mise en scène. C’est un travail relaxant et décomplexé qui demande de la part de chacun et chacune une certaine patience et un peu de condition physique.

Oser

Chaque étudiant·e a un rôle spécifique à jouer et devient une partie importante de la création. Et ça, c’est très valorisant. Ce rôle s’endosse assez facilement car il part de compétences personnelles, développées dans notre quotidien, que la troupe de Claudio a su adapter à la scène. Ainsi, on peut voir une étudiante détruire un coffre à coup de masse, une autre se faire recouvrir de peinture de la tête aux pieds, une flûtiste soulevée à trois mètres de haut, etc. Tout ceci se fait dans un climat de bienveillance qui vise à ne jamais aller au-delà de ses limites. Cette ambiance positive installée par Claudio, sa troupe et les étudiant·es, nous conduit à oser. Oser nous prendre au jeu et réaliser les exercices excentriques qu’on nous propose. Oser proposer de nouvelles idées qui seront ensuite prises en considération et mises en pratique. Bien que légèrement angoissante, la perspective de produire une représentation publique, qui sera le résultat d’une cocréation entre les artistes et les étudiant·es, est aussi très motivante !

Claudio Stellato parvient à organiser le chaos que nous présentons sur scène et à lui donner une esthétique déroutante et élégante.

Travailler avec Claudio est un réel plaisir. Il est impressionnant de voir à quel point il est en réflexion constante. Lorsque que nous réalisons des essais de prestation, son regard démontre une grande réflexion cherchant toujours à adapter, transcender, combiner les pratiques que nous lui montrons jusqu’à parvenir à un résultat épatant. Il arrive progressivement à créer une prestation harmonieuse à travers des exercices indépendants les uns des autres. Il parvient à organiser le chaos que nous présentons sur scène et à lui donner une esthétique déroutante et élégante.

Jouer avec les mots

En plus de la spectacularisation du quotidien, le second élément qui stimule notre créativité est le mot. Nous sommes amenés à jouer avec les formes des mots, avec leur agencement, etc. Dans l’atelier, les mots sont décortiqués, transformés, modifiés. Que ce soit par le biais d’un slam ou écrits en grand sur une affiche de papier, ils jouent et se dévoilent sous un nouvel aspect. De cette façon, quelques traits ressemblant à un code barre seront progressivement transformés en un mot pour devenir ensuite la base de dessins. Nous passons ainsi, par le geste, du dessin minimaliste au mot et finalement à l’œuvre graphique fournie. Les nombreuses transformations que nous opérons ne cessent de nous étonner. Si vous passez par les Ateliers d’Art de la Baraque et que vous y voyez des étudiantes et un étudiant, dans un chaos total, suspendus au plafond en train d’appeler une pizzéria, de chanter à tue-tête, de nager dans le vide, de dessiner sur les murs… Rassurezvous, ils n’ont pas perdu la tête… Au contraire ! Ils se la creusent afin de créer quelque chose qu’ils n’avaient jamais fait auparavant!

Publié le 15 février 2022