Mich "Ethique professionnelle des enseignants : quel est le sujet de l'éthique ?"

Mardi intime de la Chaire Hoover par Christophe Point

À travers le monde, de nombreuses formations professionnelles ont opéré le tournant de l’éthique (ethical turn) à partir de la seconde moitié du XXème siècle (Davis, 1999, Boothroyd, 2013) et la profession des enseignants ne fait pas exception à cette évolution (Maxwell & Schwimmer, 2016). Pourtant, au sein des formations universitaires, les cours portant sur l’éthique restent peu nombreux et leur enseignement est souvent mal compris par les étudiants. De fait, de nombreuses questions se posent légitimement pour ces derniers. S’agit-il de former de « bonnes » personnes ou de « bons » enseignants ? Recevoir des cours d’éthique signifie-t ’il que les enseignants manquent de morale ? Quelle éthique peut à la fois être transmise à des étudiants et être pertinente pour leur futur métier d’enseignant ? Pour explorer ces questions, nous essayerons d’abord de répondre à un problème qui les précèdent, celui du sujet de l’éthique. A qui ou à quoi accolons-nous l’adjectif « éthique » lorsque nous parlons d’éthique professionnelle enseignante ? S’agit-il des personnes, de leur intégrité et de leur intériorité qui sont ici jugées ? Ou bien faut-il déplacer la focale de l’analyse éthique sur les systèmes, les institutions et les organisations collectives de travail qui les encadrent ? Ou bien encore, est-ce les discours, les propos et les sujets sensibles de discussion qui sont « éthiques » ? Nous explorerons tout d’abord ces trois pistes (personnes, structures et discours) avant d’en proposer une quatrième, plus à même, selon nous, d’accompagner les futurs enseignants dans leurs réflexions sur les situations éthiques problématiques inhérents à leur quotidien.