Cinéma et animalité.
Il y a de cela plus de deux années, un virus changea pour un temps la relation qui s’était instaurée entre les populations humaines et leurs salles de cinéma, qui tentent d’ailleurs toujours de s’en remettre. L’Histoire retiendra que cette pandémie fût déclenchée, plus que probablement, par la rencontre entre les êtres humains et un animal lointain, pangolin ou chauve-souris, porteur de ladite maladie. Voilà donc qu’au 21ème siècle ressurgit, encore et toujours, la question de notre relation aux animaux et à une certaine idée d’une nature « sauvage » capable de mettre en danger toute l’humanité.
C’est dans la brèche ouverte par ce constat et dans la lignée de la thématique culturelle de l’UCLouvain « ANIMAL·E·S », que le CinéClub Louvain-la-Neuve s’engage pour sa saison 2022-2023 dans une réflexion sur nos relations aux animaux, sous toutes leurs formes. Une fois n’est pas coutume, la programmation s’émancipera d’une progression chronologique afin de privilégier une évolution thématique adaptée aux multiples configurations que peut prendre notre lien à la faune.
La première partie de la saison abordera la logique de compagnonnage qui peut s’instaurer entre l’humain et l’animal et interrogera la question de la domestication. Il s’agira notamment de vaches dans First Cow de Kelly Reichardt et Go West de Buster Keaton. Dans un second temps, c’est sous l’angle de la menace et de l’affrontement qu’entreront en scène Les oiseaux d’Alfred Hitchcock et le requin des Dents de la mer de Steven Spielberg. Ces hordes insatiables seront accompagnées des chiens trop bruyants de Bong Joon Ho dans Barking dogs never bite, le premier film, inédit en salles, du réalisateur de Parasite.
Une fois ces deux pôles esquissés nous arpenterons, tout au long du premier quadrimestre 2023, la voie du devenir animal. Faite de métamorphoses et de mutations, elle dressera une frontière souvent poreuse qu’il s’agira d’approfondir. Cette exploration sera tantôt horrifique comme chez David Cronenberg dans La mouche ou au contact de La Féline de Jacques Tourneur, tantôt poétique comme dans La tortue rouge de Michael Dudok De Wit. Avant de finir, en apothéose, par l’étrange et animaliste Zama de Lucrecia Martel.
Qu’on rugisse de plaisir ou que nos poils se hérissent d’effroi, cette saison du CinéClub Louvain-la-Neuve sera sauvage ou ne sera pas.