Olivier Struelens débute une thèse en sociologie juridique au CriDIS sous la direction de Jean de Munck traitant des évolutions du rapport aux normes dans les sociétés contemporaines.

Ce projet de thèse s’insère dans un programme de recherche FNRS interdisciplinaire en collaboration avec le SIEJ de l’Université de Saint-Louis Bruxelles se penchant sur le droit face au rapt parental international

En suivant les acteurs professionnels (avocats, juges, médiateurs, administrateurs…) et les usagers de la justice rassemblés autour de l’enlèvement parental international d’enfants, il souhaite éclairer empiriquement des pratiques transnationales peu étudiées ainsi que les évolutions du droit dans ce domaine.
Trois axes de cette évolution juridique seront mis en question : la mobilisation des droits fondamentaux, la transnationalisation des règles juridiques et l’articulation du hard law et soft law. Une attention toute particulière sera par ailleurs donnée aux ressentis des personnes en mobilisant une sociologie qui prend en compte les dimensions émotionnelles et morales des rapports sociaux. L’enquête se déploiera à l’international, entre Rabat, Bruxelles et la Haye, afin de suivre des cas concrets d’enlèvements parentaux et les professionnels de leurs mises en droit.
Les difficultés du droit à s’emparer efficacement du rapt parental international témoignent des profondes et récentes évolutions de l’institution familiale à l’âge global, dont les rôles et les figures traditionnels sont mis à rude épreuve. Les parents et professionnels tentent de « faire famille » in situ, bricolant des solutions de fortunes. Lorsqu’un parent décide de partir avec un enfant, une multitude de choix s’offrent au « justiciable », laissé derrière. Quelle solution choisir pour « faire justice » ? Que signifie « faire justice » lorsque l’intérêt de l’enfant prime et que la nécessité de faire famille s’impose malgré les amertumes, l’éloignement et les rancœurs ? Comment s’allie la figure de la punition et de la réconciliation ? Comment perçoit-on le droit lorsqu’il cadenasse le conflit ? Quels modes de résolution de conflit alternatifs peuvent être mobilisés ? Ces interrogations traversent cette enquête du droit comme pratique sociale articulant morale, stratégies et émotions dans les rapports aux normes.
Olivier Struelens est titulaire d’un master en anthropologie obtenu avec grande distinction à l’Université Libre de Bruxelles en 2014. Son mémoire, intitulé « De l’adroite participation à la participation droite » retrace les ressorts des usages militants du droit en urbanisme. Il a également mené une recherche en anthropologie juridique en 2015 dans le cadre du projet Beplulex, se penchant sur les modes de résolutions de conflits familiaux en dehors du droit étatique dans la communauté congolaise de Bruxelles.

Publié le 16 janvier 2017