SAS

Louvain-La-Neuve

Sign_Action_System

(groupe créé au sein du CriDIS)

Le groupe Signe_action_société regroupe des chercheurs partageant une même perspective dans la pratique quotidienne de l’enquête et de la théorie en sciences sociales.

Cette perspective repose sur un souci épistémologique : le refus de l’inductivisme naïf, la nécessité du recours à une théorie sociale pour donner sens à des recherches empiriques, la volonté de situer la recherche en sciences sociales dans le débat épistémologique contemporain (portant notamment sur la théorie des systèmes, le pragmatisme, l’économie des conventions, la Capability Approach...), et le souci de prendre en compte l’histoire longue de l’argumentation en sciences sociales autour de ses concepts clés.

Il se donne pour mission de soutenir collectivement des trajectoires individualisées partageant des références, des questionnements, des méthodes qui se recoupent autour de quatre orientations théoriques.

La première orientation tient à l’intérêt commun pour une reprise d’une épistémologie compréhensive. Max Weber avait distingué entre sciences explicatives et compréhensives. Les sciences sociales appartiennent à cette seconde catégorie. Ce repérage reste pertinent aujourd’hui, mais a été formulé par Weber dans le cadre d’une philosophie de la conscience. Ce dernier paradigme est désormais jugé peu adéquat pour les sciences sociales.

Notre démarche cherche à intégrer les perspectives nées de la sémiologie et de la pragmatique du signe. La question de la compréhension est ainsi renouvelée sur tout le spectre sémiotique, tenant compte : du symbole, de l’image et de l’index. De cette façon, on  s’interroge sur l’usage en contexte des signes, dans l’esprit des recherches qui, de Peirce à Searle et Habermas, ont renouvelé notre approche des processus de formation de la signification et de la justification. Mais on dépasse aussi la focalisation sur l’analyse du langage conventionnel, caractéristique du structuralisme comme de la pragmatique habermassienne. Le semiotic turn englobe et dépasse le linguistic turn.

La deuxième orientation tient au souci d’articuler une conceptualisation rigoureuse à des travaux d’enquête sur des questions empiriques. Les terrains traversés par le SAS seront diversifiés : questions urbaines, débats juridiques, diagnostics concernant des politiques de santé ou de migration ... Différentes échelles d’observation peuvent être construites, et combinées, en vue de donner un maximum d’intelligibilité aux objets étudiés. La mise à l’épreuve des concepts et théories (ou morceaux de théories) dans des enquêtes nous semble fondamentale pour une démarche scientifique.

La troisième orientation tient au souci de tenir compte des processus de dialogue qui constituent la relation entre le chercheur et les acteurs qu’il étudie, le chercheur et son commanditaire, ou le chercheur et son public. Echappant aux catégories naïves de l’objectivité ou de la subjectivité pures, ces processus de construction de la démarche scientifique témoignent d’une pratique de la recherche qui doit elle-même se prendre pour objet. L’épistémologie de l’enquête est ainsi articulée à une éthique et une politique de la recherche.

Enfin, la quatrième orientation tient à la volonté de dépasser la rupture entre les faits et les valeurs. A l’instar de nombreux courants post-positivistes, il nous importe de rompre avec les dogmes de la neutralité axiologique et de l’objectivisme naïf, sans pour autant verser dans un scepticisme post-moderne tout aussi indéfendable que le dogmatisme qu’on prétend remplacer. La question de la normativité de la pratique de l’acteur apparaît, dans cette perspective, tout aussi importante que celle de la normativité de la pratique du chercheur. Les théories morales et de la justice sont pertinentes en sciences sociales, et sont articulées à des données empiriques obtenues par des procédures d’enquête scientifiques.

Pour poursuivre ces quatre orientations, la démarche pragmatiste constitue une ressource importante, quoique  non exclusive. Les voies ouvertes par Luhmann, Habermas, l’économie des conventions, méritent d’être explorées et mises en débat.

Le SAS organise des rencontres, journées d’études et séminaires. Il poursuit l’objectif de publications significatives. Il attache une importance particulière à l’appropriation de la tradition sociologique, en favorisant des (ré)explorations d’auteurs antérieurs, classiques ou non. Les responsables académiques en sont Jean De Munck et Mathieu Berger.