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Une approche discursive du paradoxe du fédéralisme dans les démocraties linguistiquement divisées: Analyses diachroniques et synchroniques des discours sur les réformes de l'Etat et leur impact en Belgique

Research Team

  • Promoteurs :  Min Reuchamps (Université catholique de Louvain), Julien Perrez (Univerisité de Liège)
  • Chercheurs : Pauline Heyvaert, François Randour
  • Financement : PDR F.R.S. - FNRS

Contact
Min Reuchamps

 

Description

Il y a un paradoxe intéressant au cœur des démocraties linguistiquement divisées. Le fédéralisme qui est souvent vu comme la solution permet de retirer les enjeux conflictuels de l’agenda commun et ainsi de réduire les tensions, mais en même temps il ouvre la possibilité d’une spirale de demande pour encore plus d’autonomie, ce qui introduit potentiellement encore plus de tensions. Des compromis doivent par conséquent être négociés entre les représentants des groupes linguistiques en conflit afin de réformer l’État. Si les études sur le fédéralisme ont déjà exploré la nature institutionnelle et politique de ces réformes, il demeure une question importante : comment les élites vendent-elles ces réformes aux opinions publiques ? Et ensuite comment le public réagit-il aux réformes de l’État et à la manière dont elles leur sont vendues ?
C’est une question cruciale pour les études sur le fédéralisme parce que ces réformes sont souvent vues comme nécessaires pour maintenir l’unité de l’État, mais simultanément ces réformes peuvent être sources de conflits et divisions supplémentaires. Comprendre comment celles-ci sont présentées aux opinions publiques est donc essentiel pour comprendre les dynamiques politiques au sein des démocraties divisées linguistiquement. La Belgique offre un cas particulièrement intéressant pour étudier ces dynamiques, en raison de la longue opposition entre deux groupes linguistiques qui a mené à six réformes de l’État en quarante ans. L’objectif de ce projet est par conséquent double : 1) étudier les discours à propos de chaque réforme de l’État, ainsi qu’entre et au sein des deux groupes linguistiques principaux (via une analyse diachronique de la fin des années 1960 à nos jours) et 2) pour la dernière réforme de l’État, mesurer l’impact des discours à propos de cette réforme sur les citoyens (via une analyse synchronique reposant sur un protocole expérimental). Ce projet propose ainsi une approche interdisciplinaire combinant science politique et linguistique afin d’étudier à la fois ce qui est dit et comment cela est dit. Une telle approche discursive vise à contribuer à une compréhension plus large du paradoxe du fédéralisme dans les démocraties divisées linguistiquement, et plus généralement des interactions politiques entre élites et citoyens.