Discours de Caroline Dossogne, présidente du CORTA

EVENEMENTS

Rentrée académique 2024-2025

Caroline Dossogne

Vandaag begint een historisch academiejaar: 2025 is een mijlpaal die ons toelaat terug te blikken op zes eeuwen groei en ontwikkeling van onze beide universiteiten.

Ik ben er fier op dat ik u vanavond kan toespreken en dit om twee redenen: ten eerste als voorzitster van het technisch en administratief personeel van de UCLouvain en, ten tweede als inwoner van de prachtige stad Leuven. Inderdaad, net als 82 andere collega's overbruggen wij dagelijks de afstand tussen het historische Leuven en het nieuwe Louvain.

Dit academiejaar krijgen we een unieke kans om deze rijke geschiedenis samen te vieren en onze gedeelde toekomst vorm te geven.

C’est donc un réel honneur de partager ensemble un moment d’histoire de notre institution. C’est aussi un moment d’exception pour notre communauté puisqu’il s’agit de la première rentrée académique qui se tient sous l’autorité d’une rectrice.

Face aux défis nombreux et complexes qui nous attendent, nos autorités nous invitent à réfléchir ce soir à la façon de « Réenchanter l’université ensemble pour un futur inspirant ».

« Réenchanter l’université », voilà une expression qui interpelle, tant elle souligne une intention particulière, celle de rendre notre institution plus « attractive ». Pour le personnel administratif et technique, ce processus s’inscrit dans une quête de sens, où il s’agit de replacer le « sens du service » au cœur de nos métiers : vivre aux côtés d’académiques passionnés et passionnants, épauler les scientifiques dans leurs projets de recherche et être porté par l’enthousiasme sans cesse renouvelé de la communauté étudiante.

Mais sous ces dehors optimistes, la thématique témoigne en creux d’un quotidien plus fragile. Car, la volonté de ré-enchanter l'université ne présuppose-t-elle pas qu'elle ait été… dés-enchantée ?

Depuis quelques années nous évoluons dans un contexte d’intranquillité, nous avons perdu les repères d’un monde clair, prévisible et stable. La société se transforme et notre capacité d’adaptation aux changements est mise à rude épreuve. Pour ne citer que trois exemples : la bureaucratisation du travail au service d’une législation devenue aussi abondante qu’intransigeante, la pression liée aux changements accélérés d’outils technologiques, la gestion journalière d’injonctions paradoxales qui fleurissent sur les fondements, encore à étayer, d’une organisation multisite et multisectorielle.

Reconnaissons que nous n’évoluons pas toujours dans un environnement qui favorise le plein épanouissement des personnes. Comment mettre en œuvre une politique du bien-être en lien avec les besoins d’accomplissement, alors que nos cahiers des charges sont soumis à une inflation constante (?) C’est non sans ironie que la notion d’« enrichissement de fonction » interroge les enjeux plus profonds de reconnaissance et de conditions d’emploi.

Le caractère versatile des nombreuses réformes de l’enseignement supérieur accentue cet inconfort et, plus largement un sentiment de perte de sens. Il en ressort un manque de considération qui fait le lit de l’épuisement professionnel.

Le fonctionnement quotidien de notre organisation repose à un niveau alarmant sur la bonne volonté et l’engagement des membres de sa communauté universitaire. Les aspirations du monde académique nous présentent l’excellence comme un idéal asymptotique à atteindre quoi qu’il en coûte. Mais ce coût, admettons-le, est essentiellement humain.

Pour reprendre un paradoxe issu du roman de Giuseppe Tomasi de Lampedusa, « Il faut que tout change, pour que rien ne change. »

Réenchanter l’université passerait ainsi par un « changement de paradigme » mental et institutionnel pour construire ensemble un nouveau récit, qui nous ressemble et qui nous rassemble. Pour conserver un enseignement et une recherche d’excellence, ne devrions-nous pas, madame la Rectrice, nous atteler à mieux reconnaître et valoriser la qualité de l’encadrement et du soutien dont le personnel technique et administratif est la clef de voûte ?

Une bienveillance « radicale » passe par l’écoute du ressenti de notre Corps, le CORTA.

Après une longue période d’atermoiements, il faut aller au-delà de la réflexion. Nous souhaitons dégager des solutions et les inscrire dans une feuille de route concrète alignée sur la réalité de terrain des acteurs et actrices qui, en première ligne, soutiennent l’enseignement supérieur.

Nous misons notre confiance dans le nouveau conseil rectoral pour opérer avec ses propositions stratégiques une révolution copernicienne, où le bien-être est au cœur des préoccupations. Nous sommes résolus à nous impliquer et à nous investir pour participer activement au processus de réflexion et d’élaboration d’une université repensée dans cet esprit. Car, pour remobiliser les imaginaires, il faut mettre en mouvement les acteurs. La magie ne pourra opérer sans un récit co-construit.

La Cérémonie de la rentrée reste un moment à part dans le calendrier académique. Elle s’ouvre par un défilé, le Cortège, une tradition séculaire qui rappelle notre attachement à l’institution. En donnant à voir un condensé de notre communauté universitaire, il s’agit d’en actualiser l’appropriation et de mettre en évidence son lien avec la société.

C’est bien plus que du simple folklore, c’est le symbole par excellence de la gouvernance participative : un témoignage de l’inclusion de tous les Corps au sein de la communauté universitaire et une affirmation de l’importance de leur présence active au sein de nos instances décisionnelles. L’UCLouvain dispose à cet égard d’un modèle remarquable.

En tête de ce cortège depuis 1425, les massiers, porteurs officiels de la masse de l’université, avaient pour missions de protéger le recteur, d’en symboliser le pouvoir et d’incarner les principes qui régissent l’université. Aujourd’hui, les massiers inscrivent leur pouvoir dans le dialogue et l’échange, ils incarnent l’ancrage de notre Alma Mater dans l’histoire, et sont, symboliquement, les gardiens des valeurs humanistes de nos universités.

Mais saviez-vous que nos massiers sont désignés parmi le personnel administratif et technique ?

À la KU Leuven, ce sont des femmes qui tiennent ce rôle. À l’UCLouvain, nous avons choisi une alliance mêlant les ancrages géographique et générationnel, pour incarner l’inclusion et la solidarité en mettant la reconnaissance de la diversité à l’honneur. Ce choix dans la manière de perpétuer les traditions parle de nos valeurs et devrait être une source d’inspiration pour nos actions futures.    

En guise de conclusion, je vous propose un moment suspendu pour réenchanter l’université dans le respect et la valorisation des personnes. Je vous invite à applaudir ensemble les massiers de l’université, messieurs Guy Duquaine et Michaël Nana Christiaens, et à travers eux de rendre un vibrant hommage aux membres du personnel administratif et technique de l’UCLouvain qui, depuis 600 ans, ont à cœur de « Mettre le sens du service au service du sens ».