Discours de Jean Hilgers, président du CA

EVENEMENTS

Rentrée académique 2024-2025

Jean Hilgers

Je vous souhaite à toutes et tous la bienvenue à l’occasion de ce début d’année académique. Une année marquée par le sceau de nombreux changements qui concerneront de très près notre Université. Changements de Gouvernements, au niveau fédéral , régional et communautaire. Changements au niveau de nos organes paritaires consécutifs aux élections sociales de mai dernier. Changements dans la gouvernance de nos cliniques universitaires, à l’aube d’étapes importantes de leur reconstruction Et puis surtout changement d’équipe rectorale lié au processus électoral d’avril dernier qui a vu notre Communauté universitaire porter son choix sur une nouvelle rectrice, Françoise Smets. Félicitations à toi, Françoise, pour ton entrée en fonction et pour la qualité de de ton engagement, de bon augure pour les 5 années qui viennent. Mais bravo aussi aux 2 autres candidate et candidat, Geneviève et Alain, qui ont permis la tenue de débats de grande qualité, empreints de maturité et de sérénité. Preuve supplémentaire de, la belle dynamique présente à l’UCLouvain. Notre Université en est sortie grandie. Vous pouvez toutes et tous en être fiers.

Je voudrais saluer ici le Recteur sortant, Vincent Blondel et toute son équipe, et singulièrement Didier Lambert qui a exercé la fonction de recteur durant plus de six mois. Durant ces 10 dernières années, sous leur direction, l’UCLouvain a fortement progressé , répondant en cela à une grande partie des défis auxquels elle était alors confrontée : au sein de sa communauté , avec un déploiement  à Bruxelles via notre fusion avec l’université St Louis et une présence renforcée à Charleroi ;  au niveau international, notamment  au travers de The Guild et de Circle U, qu’elle a contribué à créer, en matière de soutenabilité et de transition, avec des avancées importantes sur lesquelles j’aurai l’occasion de revenir dans un instant et puis au travers du renforcement des  liens avec notre université sœur, la KUL, sans oublier l’Unamur . En voilà quelques illustrations.

Merci à Vincent et à son équipe. L’université vous doit beaucoup.

Aujourd’hui , notre Rectrice s’engage avec toute sa motivation, son énergie, mais également avec sa nouvelle équipe , même si une certaine continuité est assurée , ainsi qu’avec son programme. Qui vise à réenchanter l’université , de se centrer sur le sens et les finalités de son action, en apportant de l’oxygène et de la cohérence à celles et ceux qui la font vivre au quotidien, leur offrant autonomie , ressources et  respect, autant de conditions de leur épanouissement.

Un autre axe est celui de la transition sociale et environnementale de notre Université.

Ces transitions nécessitent de grands travaux mais aussi certain changements de nos de nos pratiques. Notre université s’est déjà résolument engagée pour faire face à ces enjeux, grâce à l’investissement de nombreuses personnes de la communauté universitaire et ce dans les nombreux domaines relevants en matière de transition.

Energie, mobilité, consommations et investissements durables, alimentation, biodiversité, développement territorial, autant de chantiers pour lesquels le plan Transition s’était fixé des objectifs et un plan d’action précis : 88% des actions programmées sont aujourd’hui terminées ou sont en voie de réalisation. Cela contribue largement à expliquer pourquoi l’UCLouvain se classe à la 67e position - première université belge- sur près de 2000 universités, au niveau mondial, au dernier ranking du Times Higher Education en termes d’objectifs de développement durable. Le bond spectaculaire de l’UCLouvain dans ce classement - amélioration de près de 50 places – témoigne de l’efficacité des stratégies de l’université en matière de transition et de développement durable.  

Le Plan Transition s’est inscrit, dès ses prémices, dans une dynamique systémique de co-construction.

Cette démarche est évolutive et comprend aujourd’hui de nouvelles pistes qui doivent à présent être précisées,discutées et décidées par les instances pour tendre vers cette “université transitionnée” à laquelle nous aspirons.

Deux exemples illustrent assez bien la hauteur de nos ambitions. Tout d’abord, sous le pilotage de l’administratrice générale, un plan ambitieux d’investissement a été décidé en mobilisant un budget complémentaire de près de 103 millions d’euros d’ici à 2040 pour accélérer les rénovations de nos infrastructures académiques, mais également des logements étudiants.

Avec, pour chaque rénovation importante, une réflexion profonde sur l’usage des locaux, notamment au regard des nouvelles habitudes de vie, de travail et des nouvelles façons d’enseigner.

De même, nos intrants énergétiques doivent être décarbonés pour atteindre la neutralité carbone. Si nous achetons déjà de l’électricité verte, le projet d’alimentation de chaleur verte (la biomasse) sur l’ensemble du site à Louvain – la - neuve, qui devrait voir le jour sous peu, va nous permettre de passer à une dimension supérieure dans cette stratégie. 

 Dans le domaine de l’enseignement, notre université connaît une importante évolution à compter de cette année académique, à savoir la création d’une faculté des sciences de l’éducation (par scission de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation).

Cette évolution structurelle qui vise à doter l’UCLouvain d’une entité spécifique destinée à soutenir et à développer une politique d’enseignement et de gestion des programmes en sciences de l’éducation et de l’enseignement, est devenu nécessaire, compte tenu notamment des importants enjeux sociétaux dans le domaine, à commencer par l’importante pénurie d’enseignants.

La nouvelle Faculté permettra ainsi de prendre au mieux en considération le développement des programmes de la formation initiale des enseignants. Ce développement opérera en collaboration avec l’Université de Namur, avec les Hautes Ecoles partenaires de l’UCLouvain, et avec les autres facultés de l’Université, actives aussi dans ce domaine.

Dans l’enseignement , les besoins évoluent aussi et l’université doit être ce lieu d’acquisition d’aptitudes et de compétences tout au long de la vie, non seulement pour contribuer à réussir sa vie professionnelle , mais également sa vie personnelle et sa vie en société. C’est donc cette culture de l’apprentissage que nous devons être en mesure de rendre possible. C’est non seulement  au cœur d’une recommandation de l’union européenne mais un point explicite du programme de notre rectrice. Nous devons nous organiser de façon à répondre de manière rapide et structurée aux besoins de formation qui s’expriment. Et dans ce contexte, l’offre de formations continues certifiantes et de micro-certifications doit notamment être repensée, voire étofée.

L’internationalisation reste aussi, plus que jamais, un enjeu prioritaire. Les étudiants sont des citoyens du monde. L’université doit les aider à s’y ouvrir par diverses voies. En accueillant sur nos différents sites des étudiants et étudiantes de tous horizons, mais aussi en offrant des possibilités de rencontres avec des étudiants d’autres universités. C’est évidemment déjà le cas aujourd’hui. Mais, on peut se réjouir que l’alliance européenne Circle U offre des opportunités additionnelles pour mettre en réseau les étudiants, le personnel et les chercheurs de ces 9 universités européennes. Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, Circle U fonctionne au quotidien comme un véritable laboratoire d’idées pour transformer l’enseignement et la recherche à l’échelle européenne.

Il faut faire fructifier cette dynamique et saluer l’effort de la FWB qui poursuivra le soutien aux alliances européennes, dans un cadre budgétaire pourtant difficile, et qui, surtout, s’est engagée à simplifier la mise en place de programmes conjoints au sein des alliances. On y sera attentif.

En matière de recherche, on ne peut que se réjouir des résultats obtenus par les chercheurs de l’UCLouvain qui confirment, d’année en année, le leadership de notre université au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans les programmes régionaux, communautaires, fédéraux et européens.

L’Union Européenne représente une source de financement essentielle pour la recherche académique. Le taux de succès de nos chercheurs, activement soutenus par l’administration de la recherche, est d’ailleurs excellent.  Même si en chiffres absolus, ces financements sont nettement inférieurs à ceux récoltés par des universités de plus grande taille, en termes relatifs, çad , proportionnellement au financement public de la recherche par les autorités régionales et communautaires, l’image est assez différente. C’est donc une source de financement capitale. La nouvelle Commission Européenne et le nouveau Parlement Européen devront décider du budget du prochain programme cadre dans les mois qui viennent, . L’UCLouvain, avec nos collègues du réseau The Guild, s’est positionnée publiquement pour que le budget du prochain programme cadre bénéficie d’une augmentation significative et qu’il soit suffisamment cloisonné pour ne plus faire l’objet de réaffectations diverses en fonction des crises,comme cela a souvent été trop souvent le cas dans le passé pour le programme Horizon Europe , ce qui nuit à la stabilité et la prévisibilité des moyens. C’est un enjeu politique majeur à court terme.

Les déclarations de politiques régionales et communautaires semblent avoir bien pris la mesure de cet enjeu, et expriment l’ambition d’assurer de meilleures synergies entre les financements européens et régionaux. Nonobstant les défis budgétaires colossaux auxquels la Fédération Wallonie-Bruxelles et les Régions auront à faire face au cours de cette législature, le maintien d’initiatives qui ont prouvé leur efficacité comme les programmes d’excellence regroupés au sein du WEL-Research Institute, ou encore les plateformes technologiques interuniversitaires, doit être une priorité. Or, ces financements essentiels en matière de recherche ont été majoritairement rendus possibles sous la précédente législature par un plan de relance qui, par définition, n’est pas pérenne. Il sera donc vital dans les mois qui viennent, non seulement de préserver le financement de la recherche, mais surtout d’identifier les marges indispensables si l’on veut que ce sursaut n’ait pas été en pure perte. 

Loin d’être une activité annexe, la recherche universitairee est au cœur de notre métier pour fertiliser l’enseignement et bénéficier  à la société , ce qui est notre troisième grande mission:  la valorisation des résultats de recherche. L’UCLouvain s’est au fil des années équipé de structures de gouvernance ad hoc avec la Sopartec, qui est en charge de la valorisation et les Fonds VIVES qui représentent une source de développement et de financement pour les spin-offs de l’UCLouvain. Ces structures ont fait l’objet d’une évolution importante ces derniers mois. Grâce à l’apport de nouveaux investisseurs, dont le Fonds Européen d’Investissement, le Fonds VIVES dispose aujourd’hui de moyens supérieurs à 70 millions d’Euros, ce qui offre des perspectives intéressantes de croissance à nos spin-offs. Par ailleurs Sopartec ne sera plus impliquée dans la gestion du Fonds VIVES, afin  de recentrer ses activités sur la maturation des projets de valorisation de la recherche en connexion optimale avec les partenaires industriels, en organisant et encadrant le développement et le transfert de connaissances et de technologies. Les liens entre Sopartec et l’administration de la recherche seront renforcés afin d’atteindre ces objectifs. Cette évolution, attendue par la communauté universitaire, permet à l’UCLouvain de mieux se connecter à la société pour maximiser son impact.

Car qu’elle soit appliquée ou fondamentale, le but de la recherche à l’université est précisément d’avoir un impact, sur la formation de nos étudiants, sur les frontières de connaissance ou sur l’évolution de la société. Cet impact est souvent imprévisible et ne peut être ni planifié, ni  dicté par des priorités de court terme, dépendantes de modes ou de circonstances momentanées. Il y a cinquante ans, presque jour pour jour,  l’UCLouvain se voyait honorée en la personne de Christian de Duve par l’octroi du prix Nobel de médecine. On doit se rappeler la méthode qu’il préconisait pour permettre de grandes découvertes et innovations de rupture : « recrutez les meilleurs scientifiques et laissez-les faire leur travail en leur accordant un temps suffisant ».La recherche à l’université a un besoin impératif de temps, de stabilité et d’autonomie, qui ne sont pas toujours alignés avec les impératifs et les agendas politiques, mais qui sont des conditions indispensables pour assumer sa mission de service à la société.

L’équation n’est pas simple car dans le même temps de nouveaux besoins apparaissent qui amènent à réorienter mais également à renforcer l’offre de formation.. A cet égard, la nouvelle équipe rectorale attache de l’importance à ce que les enseignants et chercheurs disposent de temps pour progresser,  au sein d’un cadre administratif simplifié. C’est aussi l’objectif de la DPC qui évoque explicitement ce besoin de temps de recherche.Mais équilibrer cette équation, il faut des moyens.

C’est la promesse du Gouvernement de la FWB, et je cite d’un « soutien aux universités et à la recherche scientifique ». S’agissant du soutien financier, il est plus que temps de mettre fin au définancement structurel de l’enseignement supérieur, et de sortir du mécanisme assez stérile et pernicieux de l’enveloppe fermée qui a montré toutes ses limites dans un contexte de croissance continue du nombre d’étudiants. Il semble que la voie est à présent ouverte à une remise en cause de ce mécanisme. On sera ici aussi très attentif à ce que cela se traduise en faits concrets.

Ce refinancement structurel suffisant est un enjeu majeur si nous voulons accroître de manière stable et durable le taux d’encadrement de nos étudiants. Il est tout aussi primordial de donner aux universités davantage de flexibilité dans l’utilisation de ces moyens et de faire de l’autonomie des établissements un réel principe de gouvernance. Toutes les universités d’excellence dans le monde-quel que soit leur modèle- disposent d’une large autonomie de gestion.Là aussi, la déclaration de politique communautaire donne d’intéressantes perspectives. On ne peut que souhaiter que la concertation avec les universités progresse rapidement et favorablement sur ces points.

L’année qui s’ouvre sera également cruciale pour le secteur de la santé,en particulier nos hôpitaux universitaires qui doivent se sentir soutenus, non seulement par l’université mais aussi par les pouvoirs publics, eu égard à leur spécificité académique. Sur Woluwe, la nouvelle gouvernance des CUSL sera l’occasion de poursuivre et d’ajuster le grand plan de redéploiement de l’hôpital. Ce projet, structurant, demande une attention accrue aux enjeux de soutenabilité financière mais en termes d’organisation.Faire coéxister de gros travaux avec les contraintes de fonctionnement d’un grand hôpital est un défi, qui nécéssite que l’ensemble s’enchâsse harmonieusement au sein du site et au bénéfice des différents publics qui le fréquentent.

Pour réaliser tout cela , nous aurons évidemment besoin de notre communauté universitaire. Des hommes et des femmes qui travaillent , enseignent, recherchent et étudient à l’UCLouvain , à qui le temps nécessaire leur est donné pour ce faire, mais des femmes et  des hommes qui s’y impliquent aussi. Qui la font vivre , qui s’y sentent respectés et valorisés, qui l’animent et qui lui donnent un sens au quotidien, en participant à la construction de ce qui fera le monde de demain. C’est ça qui fait la force de notre université et c’est cela que nous devons réenchanter. Ré-enchanter, cela signifie donner espoir à tous et toutes face aux grand défis qui nous attendent. Le discours ambiant incite parfois à baisser les bras. Mais notre communauté a été, depuis bien longtemps , confrontée à des défis de tout ordre et elle possède l’énergie, l’imagination, la créativité, l’intelligence, bref « la jeunesse », pour y faire face. Nous avons la chance de vivre dans une institution libre et ingénieuse qui, tout au long de sa longue histoire ( près de 600 ans) a toujours relevé les grands défis auxquels elle a dû faire face. Notre génération et celles qui suivront, j’en suis persuadé, ne feront pas exception.