Portrait d'Alumni - Olivier Wambersie

Pour ce nouveau portrait d'Alumni, Olivier Wambersie, docteur en sciences appliquées, retrace ici son parcours et sa carrière internationale.

Quel a été votre parcours à l’UCLouvain ?

J’ai fait des études d’ingénieur civil en mathématique appliquées, suivi d’un doctorat dirigé par Marcel Crochet qui portait sur la simulation numérique de fluides viscoélastiques et était sponsorisé par Goodyear USA. Nous étions les premiers ingénieurs à être financés par une entreprise privée. Je suis sorti de l’UCLouvain en 1990, je voulais quitter la Belgique et découvrir l’ailleurs.

Et ensuite, quel a été votre parcours ?

Après mon doctorat, suivi de près de mon mariage, j’ai obtenu un contrat de travail dans une multinationale. Mon épouse et moi sommes partis sans trop bien savoir où nous allions ni ce que j’allais faire pratiquement. 

J’ai passé les premiers mois à La Haye, en formation. Dans les multinationales, il y a généralement ce qui est appelé le Graduate Program, dont l’objectif est d’identifier et de former les futurs cadres dirigeants du groupe. Le système de sélection est assez rigoureux, où les différentes facettes de la personnalité, des connaissances et des aptitudes sont évaluées.

Après ce passage, j’ai été envoyé dans un premier poste, au sud-est de l’Angleterre, où j’ai travaillé pendant deux ans en rotation sur les plateformes de forage en mer du Nord afin d’apprendre la réalité du métier sur le terrain.  Ce sont des conditions de vie extrêmement dures et exigeantes, et j’y ai vécu des moments forts et parfois stressants.

J’ai ensuite commencé une carrière plus classique d’ingénieur et de cadre junior, d’abord en Ecosse, à Aberdeen et puis dans le Sultanat D’Oman, au sud des Émirats arabes unis. De là, nous sommes partis en Asie du sud-est, en Malaisie, sur l’île Bornéo. Dans ce type de carrière, vous êtes transférés continuellement dans les sociétés du groupe. Après la Malaisie, nous sommes arrivés au Brésil, à Rio où nous vivons depuis 14 ans. Ces 10 dernières années, j’ai occupé les postes de Vice-Président de Développement, Chief Technology Officer et Chief Operating Officer.  Aujourd’hui, je suis le directeur général de la technologie au sein d’une grande joint-venture, au Brésil.

Tout au long de ce parcours, nous avons agrandit notre famille avec trois enfants nés et éduqués littéralement aux quatre coins de monde. Ils ont acquis une ouverture d’esprit, la maitrise de plusieurs langues et une assurance que je n’avais pas à leur âge.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?

Le recommencement continu, la variété dans le travail, dans les environnements où nous sommes parachutés, les gens qu’on rencontre, les défis auxquels il faut faire face. 

J’ai pu aborder chaque nouveau pays et chaque nouveau poste comme un nouveau départ.  Et chaque fois on apprend quelque chose, on s’enrichit, on augmente sa valeur intrinsèque.  Et même si on ne sait pas toujours à quoi tout ça va pouvoir mener, en fin de parcours.  Il faut rester ouvert aux opportunités, et ne pas hésiter à faire quelques pas dans l’inconnu.

Cela me fait penser à un commentaire de Steve Jobs :
« You can't connect the dots looking forward; you can only connect them looking backwards. So you have to trust that the dots will somehow connect in your future. You have to trust in something – your gut, destiny, life, karma, whatever. »

On peut se demander en quoi un doctorat en mathématiques appliquées peut être utile quand on fore des puits en mer du Nord, ou développe des champs dans les déserts d’Arabie? Mais après près de 30 ans de carrière, quand je regarde en arrière, je me rends compte que tout a été utile pour la vie que je mène actuellement.

En quoi vos études à l’UCLouvain ont-elles été utiles dans ce parcours ?

Le bachelier et le master forment une tête bien pleine, et le doctorat permet de laisser cours à son imagination, à sa créativité et son esprit d’entreprendre – même si tout se passe ou niveau de l’intellect.  Ces deux diplômes sont complémentaires et assurent un potentiel.

Le doctorat a été un ticket d’entrée pour entreprendre une carrière internationale, c’est une sorte de level-playing field des compétences académiques et capacités intellectuelles avec des diplômés d’autres pays. C’est le genre de diplôme qui permet d’être invité au processus de sélection de grandes entreprises multinationales.  Mais il est aussi très utile car durant sa thèse, on rencontre des collègues de l’étranger, on est livré à soi-même et cela demande beaucoup d’initiatives personnelles, de self-motivation, ce que les entreprises apprécient particulièrement.

Qu’est-ce que vous avez envie de transmettre aux étudiants d’aujourd’hui ?

Il ne faut pas trop planifier sa carrière au début, car à 25 ans on ne peut pas définir ce que sa vie sera, notre vision est trop limitée. On a bien sur une petite idée de ce qu’on vaut, de ce qu’on veut, mais pas des opportunités qui pourraient se présenter. C’est important de rester ouvert et flexible aux options.  Durant la carrière, ce qui importe, ce n’est pas tant la progression linéaire, mais plutôt d’augmenter continuellement sa valeur intrinsèque, sa compétence, son savoir, ses qualités de management, l’habilité à gérer des situations compliquées dans des environnements difficiles.

Je pense que beaucoup de Belges formés dans nos universités n’ont pas conscience de leurs potentiel et valeur à l’étranger alors que, d’un point de vue intellectuel et humain, de notre capacité à comprendre les différences, créer des compromis et gérer les ambiguïtés, les Belges sont tout aussi bons si pas mieux équipés que les Américains, les Anglais ou encore les Français. J’ai envie de leur dire d’oser, oser entreprendre une carrière à l’étranger ou dans un monde globalisé, ces caractéristiques sont hautement appréciées. Il faut oser se mouiller dans des domaines qui sont aujourd’hui controversés et cruciaux pour notre société, comme celui de l’énergie. On a vraiment besoin de cadres compétents, audacieux, innovateurs et dynamiques. Participez aux défis en trouvant des solutions meilleures que celles héritées, voilà ce que j’ai envie de dire aux jeunes diplômés et ingénieurs !

Je n’aurais jamais imaginé la vie que j’ai en débutant mes études, d’ailleurs je ne savais pas que ça pouvait exister. Et si c’était à refaire, je recommencerai, sans rien changer, sans hésiter.

Publié le 17 janvier 2019