L’UCLouvain met au jour la sépulture inviolée d’une illustre Minoenne

C’est au sud de la mer Égée, sur l’île de Crète, qu’une équipe de l’UCLouvain, dirigée par Jan Driessen, a fait une découverte rarissime et inestimable. Les chercheurs ont découvert, sur le site archéologique de Sissi, la tombe intacte d'une femme, vieille de 3500 ans, probablement de haut rang de la société minoenne.

Jusqu’il y a peu, seuls six palais avaient été découverts en 120 ans d’archéologie minoenne en Crète. Mais il y a trois ans, l’équipe de l’UCLouvain a mis au jour un septième palais, le dernier connu. Cela résume l’importance des fouilles menées sur le site de Sissi.

Une équipe de chercheurs internationale

D’une vingtaine de scientifiques et apprentis archéologues à plus d’une centaine aujourd’hui, le Pr Jan Driessen a réussi à constituer la plus importante équipe d’archéologues belges à l’étranger. Le Pr Driessen est entouré d’une diversité de profils de chercheurs internationaux : paléobotanistes, anthropologues, micromorphologues, céramologues, spécialistes des métaux, etc. La découverte de ruines implique, en effet, la mise au jour et la collecte d’une quantité très importante de mobilier archéologique et de restes humains, végétaux et animaux qu’il faut ensuite minutieusement étudier.

La civilisation minoenne, collective et féministe

Le site de Sissi, élevé sur une colline, longe la mer. Il est facile à défendre, et surtout, il jouxte l’un des plus grands sites minoens crétois, celui de Malia. L’intérêt de ces fouilles ? Comprendre l’importance stratégique de sites secondaires comme Sissi, laboratoires décisionnels et culturels, mais aussi obtenir une foule d’informations sur les modes de vie et les fondements de la société crétoise, sous l’ère minoenne et ensuite mycénienne.

« La civilisation minoenne était une société collective », explique le Pr Jan Driessen. En témoignent l’habitat et les sépultures, qui étaient communautaires. D’autres coutumes de vie, organisées autour des femmes, semblaient caractériser les Minoens. « Selon les données déjà récoltées, on a de bonnes raisons de supposer que les successions d’une génération à l’autre se faisaient de mères en filles », poursuit l’archéologue.

Un trésor inestimable

La dixième campagne de fouilles, menée à l’été 2019, a permis la découverte d’une sépulture intacte d’une femme vieille de 3 500 ans. Dans sa tombe ont été trouvés des épingles en os et en métal (indiquant qu’elle était richement habillée), un miroir en bronze et un collier de perles d’or. Elle occupait très probablement un haut rang au sein de la société crétoise au début de l’époque mycénienne (vers 1 450 avant notre ère).

L’équipe de Jan Driessen va désormais étudier et comparer cette découverte avec d’autres fouilles de sépultures similaires et produire davantage d’indices, notamment grâce aux analyses ADN : âge, taille, condition physique, origine ethnique, etc. Ce travail d’expert, mené en parallèle de l’analyse des milliers d’artefacts retrouvés à Sissi, permettra aux chercheurs d’avancer dans l’exploration de cette civilisation, dont l’organisation sociale demeure encore méconnue sous plusieurs aspects.

Infos : www.sarpedon.be

Publié le 06 janvier 2020