prononcé par Yazdan Nazimi, co-président de l'AGL-Woluwe, et Arthur Chotard, vice-président de l’AGL-Woluwe
Rentrée académique 2022-2023
Chères étudiantes, chers étudiants,
Mesdames, messieurs, en vos titres et qualités,
Nous représentons la Présidence de l’AGL Woluwe... Vous avez bien entendu, il n'y a pas de mots en trop : Woluwe ! Vous savez, ce site de l’UCLouvain, perdu à Bruxelles , rempli d’étudiant·es en santé, et où il n'y a plus de places à la bibliothèque dès la deuxième semaine de cours. Ce site où des étudiant·es manifestent tous les 2 ans pour s’assurer un avenir. Un avenir qui est rendu incertain par le manque de financement du système de soins de santé et de l’enseignement supérieur. Alors oui, madame la ministre, oui monsieur le recteur, comme le disaient très bien nos prédécesseurs : vous nous devez des excuses…
Mais changeons de disque.
Comment, après 2 ans de pandémie, monsieur le Recteur, avez-vous pu plaider au nom de notre Université pour une seule session de l’examen d’entrée en médecine ? Ce qui, au vu des chiffres actuels, auraient laissé passer, pour toute la Fédération Wallonie Bruxelles, seulement 333 lauréats ? Planifier une pénurie c’est votre version de “l’université actrice du changement”? Nous, on trouve ça pas très original…
En parlant de pénurie, mesdames et messieurs les responsables politiques, vous n’êtes pas en reste. Ces 20 ans à accorder votre confiance à une commission de planification, dont les quotas nous ont mené à la pénurie actuelle, nous force à vous annoncer que vous n’êtes malheureusement plus finançables. Si vous le souhaitez, vous avez 5 jours pour introduire un recours auprès de la Fédération des étudiant·es francophones, ils statueront sur votre cas dans les plus brefs délais.
Changeons d’air, ou plutôt de paysage …
Nous vous avons demandé, madame la Ministre, de lutter contre la précarité étudiante structurelle, et vous nous avez entendus ! On vous tire notre chapeau, pourquoi on n’y avait pas pensé plus tôt : rendre les études encore plus sélectives, permettra sans doute de se débarrasser d’une bonne partie des 80 000 étudiant·es précaires. Plus d’étudiant·es précaires dans l’enseignement supérieur, plus de précarité étudiante ! Bien pratique, au vu de la crise économique et sociale que nous traversons aujourd’hui. D’autant que l’augmentation des prix de l'énergie pèse plus lourd sur les ménages qui sont déjà précarisés. Sur quoi vont pouvoir raboter les étudiant.es ?
Le logement ?
Meh.
Le resto U ?
Plus 30 centimes…
Les protections menstruelles ?
Difficilement possible.
Est-ce qu’on peut espérer alors, pour les étudiant.es, une meilleure prise en charge de cette crise que celle du covid ? Il serait temps que les étudiant·es soient protégé·es contre la précarité, mais aussi contre les agresseurs. “En tant qu’étudiant, tu risques plus si tu triches que si tu agresses ”. Les scientifiques, les professeurs, les maîtres de stage, l'animation étudiante, la représentation étudiante, etc. Les violences sexistes et sexuelles sont partout au sein de notre université.
Aujourd’hui la question n’est donc plus “où” mais “comment agissons-nous?” Va-t-on enfin écouter les victimes, et enfin les protéger en mettant à l’écart les agresseurs ? Il n’est pas normal qu’elles doivent encore les croiser dans leurs auditoires, dans leurs stages, dans leur kot. Pour les victimes, c’est la double peine ; dans leurs études, victimes des agressions et aussi victime du manque d’ambition de l’université. Il est temps que l’UCLouvain prenne ses responsabilités dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Je cite : “Une femme en mal de reconnaissance qui n’aurait pas supporté certaines décisions qui lui étaient défavorables” ou “elle serait aussi responsable du climat qui règne au sein de l’institut”. Ces formules, entendues alors que notre université est épinglée par l’auditorat du travail, sont symptomatiques de la pensée de notre institution en la matière. Pourtant, on avait vraiment apprécié les recommandations du Module Together de l’UCLouvain. Comme vous nous l’avez dit “Le respect, ça nous concerne toutes et tous”. La ligne de conduite c’est : prévention, prise en charge et sanction.
Vous trouverez peut-être nos mots durs, mais c’est aussi notre responsabilité en tant que représentant·es étudiant·es de vous alerter sur l’urgence des crises que nous traversons. L’urgence climatique, la montée de l’extrême droite, les crises sociales, économiques et sanitaires, sont des réalités bien plus dures que nos mots.
Merci.