Burnout parental : comment le confinement polarise la situation de parents

 

L’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’UCLouvain (IRSS) a sondé 1 300 parents belges francophones dans le but de mesurer les effets de la crise du coronavirus et du confinement sur les parents. Résultat ? Avant la crise, 8,1 % des parents étaient en burnout ; aujourd’hui, ils sont 7,6 % en burnout (7,9 % de mères et 4,7 % de pères).

La crise sanitaire et le confinement n’ont donc pas eu un impact délétère sur tous les parents, mais nombreux sont celles et ceux qui, sans avoir tous les symptômes du burnout, se sentent épuisés.

Pour 30 % des pères et 36 % des mères, la crise sanitaire et le confinement ont été une opportunité. Ces parents ont vu leur charge mentale diminuer : pas d’activités extrascolaires à gérer, pas de déplacements pour emmener les enfants à l’école ou à leurs activités, pas de sorties des ados, pas de copains à gérer, pas besoin de penser aux sacs de piscine ou de gym, …. Ils ont ont saisi la chance de passer plus de temps de qualité avec leurs enfants.

À l’inverse, la crise sanitaire et le confinement ont engendré plus de stress chez 15 % des pères et 20 % des mères. Pour ceux-ci, les symptômes du burnout parental ont significativement augmenté.

Des facteurs de risque multiplies

L’étude a permis de mettre évidence des facteurs qui augmentent le risque de burnout parental :

  • être confiné avec des enfants peu autonomes qui requièrent une attention constante, avec des grands ados/jeunes adultes (15 à 19 ans) ou avec des enfants à besoins spécifiques (handicap, hyperactivité, etc.),
  • être en situation de télétravail avec une charge de travail en forte augmentation
  • être sans emploi :
    • les parents sans emploi profitaient des moments où leurs enfants étaient à l’école pour postuler, s’occuper de la maison, ou se ressourcer, temps dont ils ne disposent plus aujourd’hui
    • celles et ceux qui sont en chômage temporaire ou économique tiennent mieux le coup : quand ils savent qu’ils récupéreront leur emploi, le confinement leur donne l’occasion de « souffler ».

Quant aux facteurs subjectifs, ils prédisent très largement le niveau de burnout parental ainsi que la violence à l’égard des enfants. Plus encore que les conditions de confinement objectives, ce qui compte vraiment, c’est le vécu subjectif de chaque parent.

En conclusion, le burnout parental peut donc augmenter dans n’importe quel type de famille, mais certaines situations méritent une attention et, surtout, ce qui influence fortement le niveau de burnout et la violence envers les enfants qui peut en résulter, c’est la perception qu’ont les parents de la crise sanitaire sur leur parentalité.

Ces résultats donnent tout leur sens à l’accompagnement psychologique des parents en situation de confinement, dans une optique de prévention. C’est l’objectif poursuivi par les chercheuses UCLouvain, depuis le début du confinement, avec la ligne SOS Parent. Des solutions doivent également être trouvées et mises en œuvre par le politique pour les familles qui présentent des facteurs de risque afin qu’elles puissent bénéficier de moments de répit pour « souffler ».

Isabelle Roskam

Isabelle Roskam

Professeure de psychologie du développement à la faculté des Sciences psychologiques.

 
Moïra Mikolajczak

Moïra Mikolajczak

professeure à la Faculté de psychologie et sciences de l’éducation.

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