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Les soins : invisibles et mal rémunérés

 

La crise liée au coronavirus révèle l’importance des soins apportés aux personnes (‘care’). Ces soins indispensables sont peu visibles, mal rémunérés et dans la majorité des cas, dispensés par des femmes. Autre constat : le confinement implique un repli sur la sphère privée, parfois éloignée de l’image idéalisée de la famille.

« On peut analyser la crise liée au coronavirus sous l’angle du ‘care’», explique Pascale Vielle, professeure à la Faculté ouverte de politique économique et sociale. « Ce sont majoritairement des femmes qui prennent en charge ces tâches dans les crèches, les hôpitaux ou l’aide à domicile. Comme le travail domestique via les titres-services, ces tâches sont peu visibles et mal rémunérées». Sur le marché du travail, elles sont considérées comme peu qualifiées.

Des métiers dévalorisés et exposés au virus

« Mais le ‘care’ est aussi assumé surtout par les femmes dans la sphère domestique, ce qui est une des causes de la ségrégation verticale et horizontale sur le marché du travail. » Autrement dit, le fait pour les femmes de porter le ‘care’ sur leurs épaules se fait au détriment de leur insertion professionnelle. Elles se retrouvent dans des professions moins bien payées, souvent à temps partiel.

Actuellement, les métiers comme celui de caissière dans les supermarchés sont liés, dans les représentations communément admises, aux femmes. » Or non seulement ces métiers sont en général à temps partiel et mal payés mais en plus, les horaires sont le plus souvent socialement incompatibles avec une vie de famille et en particulier des enfants. « La crise sanitaire révèle à quel point les métiers de care et nombre de métiers ‘féminins’ sont à la fois indispensables, dévalorisés, et particulièrement exposés au virus ».

À l’abri des regards

Autre préoccupation : le repli sur la sphère privée suite au confinement. « Si on examine la situation sous l’angle des sphères privée et publique, on se souviendra que les féministes ont toujours demandé que le droit s’invite dans la sphère privée où il n’avait pas accès. La reconnaissance du viol conjugal et des violences intrafamiliales a été historique. ». Quand la consigne devient le confinement, « on peut s’attendre, à une ré-idéalisation de la sphère privée qui dissimule une libération des violences de genre, à l’abri des regards, alors même que les forces d’intervention sont mobilisées pour résoudre la crise sanitaire », regrette Pascale Vielle.

Pascale Vielle

Pascale Vielle

Professeure à la Faculté de sciences politiques et sociales (FOPES) et membre de l’Institut Iacchos (CIRTES). Spécialiste de protection sociale, droit et genre et de gouvernance sociale internationale..