Aurélie : "ce master va totalement vous retourner la tête"

Aurélie

L.

future inspectrice de police

En quoi consiste votre fonction? Quelles sont vos tâches principales?

Je suis actuellement en formation à l'ERIP (École Régionale et Intercommunale de Police) afin de devenir inspecteur de police d'ici 16 mois.

Quel regard portez-vous sur votre master en criminologie, dans le cadre de votre parcours professionnel?

Mon empreinte sur le terrain est donc pour le moment réduite, voire nulle, il m'est donc difficile de mettre mon expérience en lien avec mes acquis criminologiques. Néanmoins, dans le cadre de mes cours, j'ai déjà pu porter un regard critique sur le contenu de certains d'entre eux (ce qui peut agacer certains chargés de cours d'ailleurs...).

Je pense qu'en tant que criminologue, notre esprit a été modelé afin de garder une certaine distance sur ce qu'on observe directement, mais aussi sur ce qu'on nous enseigne. Si le policier porte encore souvent ce masque "d'exécutant simple de la loi", je ne peux m'empêcher de vouloir faire évoluer cette image en m'obligeant à développer mon esprit critique tant sur les actions que je pose que sur celles que mes collègues posent.

Quelles compétences/connaissances acquises durant votre master vous sont le plus utiles dans le cadre de votre travail?

Lors de mon master en criminologie, l'accent a souvent été mis, au travers des différents cours, sur le fait qu'une doctrine bâtissant des murs entre MOI et les AUTRES n'avait pour autre but que de créer une société dans laquelle l'autre est davantage vu comme un adversaire que comme un partenaire. Je ne peux m'empêcher de constater que notre société fonctionne, si pas totalement, au moins en partie, comme tel et je pense que le policier a un rôle énorme à jouer en la matière.

Outre notre fonction qui consiste à faire respecter la loi, le policier peut incarner cette personne à l'écoute de l'autre (la population) qui peut non seulement bâtir des ponts entre les personnes, mais également les orienter, les conseiller et les protéger.

Cette vision sans doute naïve du métier fera peut-être l'objet d'ajustements au cours de ma carrière, j'en suis convaincue. Toujours est-il qu'il est important de conserver dans un coin de son esprit l'endroit d'où l'on vient et de ne jamais perdre de vue ce à quoi l'on veut aboutir, même si les faits du terrain nous enseignent une toute autre réalité.

Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants en criminologie?

Ayant achevé un master en droit avant d'entamer ce master en criminologie, mon cerveau avait été formaté pour suivre la loi avec des œillères. Le master en criminologie, dès les premières semaines, m'a totalement retourné le cerveau et a eu le mérite de mettre ces œillères de côté. Si l'opération fut perturbante, j'en ressors grandie avec une vision sur les choses tellement élargie.

Si vous hésitez à entamer ce master, car il pourrait retarder votre entrée sur le marché du travail, n'hésitez plus ! D'abord parce que si vous ne le faites pas maintenant, vous ne le ferez pas plus tard, mais aussi parce que ce master va totalement vous retourner la tête, va bousculer vos pseudo acquis et convictions pour vous montrer à quel point le monde n'est pas blanc, noir, rose ou vert, mais une magnifique combinaison de toutes ces couleurs.

Voilà la vision que j'ai de ce master.