Margaux : "le master en criminologie dégage une suspicion et un mystère, ce qui est à la fois bénéfique et nocif"

Margaux

Carron

stagiaire à l'UNICRI

En quoi consiste votre fonction? Quelles sont vos tâches principales?

Je suis actuellement stagiaire dans le département de "counter-terrorism" de L'Institut inter-régional de recherche des Nations unies sur la criminalité et la justice (UNICRI) à Rome.

Mon travail consiste à faire du "background research" dans les différents programmes de réhabilitation et de réinsertion mis en place en prison pour les "Violent Extremist Offenders" (des personnes ayant commis des actes de violences afin de défendre une idéologie) et les "Foreign Terrorist Fighters" (personnes condamnées après avoir été à l'étranger dans le but de participer à des groupes qui défendent l'utilisation de la violence afin de défendre leurs idéologies).

En soi, j'aide à écrire différentes publications pour UNICRI (plus ou moins, comme faire son mémoire...).

Quel regard portez-vous sur votre master en criminologie, dans le cadre de votre parcours professionnel?

Le master en criminologie n’est pas forcément le master le plus facile à défendre sur le marché de l’emploi. J’ai eu le sentiment que, pareil au fantasme qui tourne autour de la notion de crime, le master en criminologie dégage une suspicion et un mystère, ce qui est à la fois bénéfique et nocif.

Bénéfique car il est possible de le modeler à beaucoup de choses et de faire ressortir pour chaque poste d’intérêt ses différentes qualités. Nocif car il demande le perpétuel effort de montrer que nous avons une valeur, bien plus que le demanderait un master en droit, par exemple.

Cependant, dans le domaine qui m’intéresse (les organisation internationales et la politique criminelle), le master de criminologie, bien mis en avant et aidé par les activités extra-académiques (extrêmement importantes), peut être un réel atout, celui-ci étant relativement rare par rapport à d’autres candidatures (essentiellement sciences politiques, et relations internationales).

Quelles compétences/connaissances acquises durant votre master vous sont le plus utiles dans le cadre de votre travail?

Autant mon diplôme de psychologie que de criminologie me permettent aujourd'hui d'avoir un regard professionnel et multi-disciplinaire sur les sujets que je traite. Ces programmes mettent en avant les différents aspects que j'ai parcourus durant mes études.

  • Dans le domaine psychologique : tout ce qui concerne les tests utilisés pour classifier les différents détenus 
  • Dans le domaine criminologique : la compréhension de l'acte criminel comme inséré dans une contexte social, personnel, politique et environnemental.

Durant mon master en criminologie, j’ai pu participer au projet Inside Out mis en place par Chloé Branders, qui a intéressé mon recruteur et m’a permis de rentrer dans ce domaine. Le travail que j’ai effectué durant mon mémoire m’a permis de me faire remarquer par mon « employeur ».

Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants en criminologie?

Avant de choisir son master/bac/arrêter/etc., il faut bien se demander ce que l’on veut ou, plutôt, ce que l’on ne veut pas faire. C’est une question assez difficile, et je me la pose encore après mon diplôme, mais même une vague idée peut aider à se mettre sur les bons rails pour la suite.

Par exemple, je sais que je ne suis pas du tout quelqu’un qui aime suivre les règles et penser d’une façon unilatérale. Quand je vois aujourd’hui les offres pour les personnes en droit, je réalise que je n’étais en effet pas faite pour ces études, et que les possibilités que m’ouvre mon parcours de psychologie et de criminologie m’intéressent beaucoup plus.

Mais je pense qu’indépendemment de cela, toutes les routes mènent à Rome, et que même si cela peut ressembler à un parcours un peu chaotique, in fine, nos intérêts se reflètent à la fin de notre parcours.

Le plus important je pense, c’est de ne pas uniquement se centrer sur ses études. Il faut jamais hésiter à participer dans différents projets qui nous intéressent, à voyager, s’engager, etc. Afin, premièrement, de pouvoir se connaître un maximum lors de la fin de nos études et, ensuite, d’avoir des expériences qui nous démarquent par rapport aux autres sur le marché. Ces expériences peuvent parfois déboucher sur des rencontres/des occasions etc. qui ouvrent la porte qu’il faut.

Et au final : c’est de croire en nous, et de parfois savoir ne pas écouter les autres. Ce que eux peuvent penser comme « de bonnes études » ou «  un bon emploi », ne l’est pas forcément pour nous.

Et pour conclure ce sentiment de se perdre dans ce monde du travail : «  Nous ne savons pas ce qui nous arrive, mais c’est là précisément ce qui nous arrive : ne pas savoir ce qui nous arrive » José Ortega y Gasset