« Soixante ans de professionnalisation des enseignants (1960-2020) : où en est-on ? »
Dans le cadre du projet de recherche ARC "Faire société dans un monde incertain. Quel rôle pour l'école, la conférence de Maurice Tardif (Université de Montréal, CRIFPE) se tiendra ce jour-là de 18h15 à 20h15 à l’auditoire Agora 10 (19 place Agora à Louvain-la-Neuve).
« Dans le monde anglo-saxon et plus particulièrement aux États-Unis, l’idée de professionnaliser l’enseignement a des racines assez anciennes, notamment pour les enseignants de l’école secondaire qui sont déjà régulièrement formés dans les universités dès la première moitié du XXe siècle. Entre les années 1945 et 1965, la formation de tous les enseignants est définitivement intégrée à l’université aux États-Unis et au Canada. De plus, c’est au cours de ces mêmes années que les sciences de l’éducation et la recherche éducative s’institutionnalisent dans les universités, tout en cherchant à offrir une base scientifique à la formation des enseignants, notamment grâce à l’essor des psychologies de l’apprentissage. Cependant, dans un contexte de crise de l’école américaine et de transformation politique importante, c’est seulement au cours des années 1980 qu’est officiellement lancé le mouvement de professionnalisation de l’enseignement tel que nous le connaissons aujourd’hui. Dès la fin des années 1980, ce mouvement va connaître une expansion foudroyante dans les pays de culture anglo-saxonne et s’internationaliser ensuite en Europe et en Amérique latine. Dans cette conférence, nous allons examiner le devenir problématique de ce mouvement de professionnalisation de l’enseignement. Nous centrerons notre analyse sur les caractéristiques typiques qui sont censées définir le professionnalisme (base de connaissance scientifique, autonomie, éthique professionnelle, pouvoir de contrôle sur la formation, sur l’intégration de nouveaux membres, sur les compétences, etc.), afin de voir dans quelle mesure elles ont été réellement concrétisées en enseignement. »
Maurice Tardif est professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et membre de l’Académie des sciences sociales de la Société royale du Canada. Il est le fondateur du Centre de Recherche Interuniversitaire sur la Formation et la Profession Enseignante (CRIFPE, www.crifpe.ca), le plus important centre de recherche universitaire au Canada œuvrant dans le domaine de la formation du personnel scolaire et l’étude de la profession enseignante. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages consacrés à l’enseignement, à l’histoire sociale de la profession enseignante, à la division du travail scolaire et à la formation des enseignants, notamment :
- Tardif, M. (2013). La condition enseignante au Québec du XIXe au XXIe siècle. Une histoire cousue de fils rouges : précarité, injustice et déclin de l’école publique. Québec : Presses de l’Université Laval.
- Tardif, M., Borges, C. et Malo, A. (2012). Le virage réflexif en éducation. Europe : Éditions de Boeck.
- Tardif, M. et Levasseur, L. (2010). La division du travail scolaire. Une perspective nord-américaine. Paris : PUF.
- Tardif, M. et Lessard, C. (2000). Le travail enseignant au quotidien. Contribution à l’étude du travail dans les métiers et les professions d’interactions humaines. Préface de François Dubet. Europe : De Boeck.
Au regard des débats actuels sur le projet de réforme de la formation initiale des enseignants en Fédération Wallonie-Bruxelles et des transformations des conditions d'exercice du métier d'enseignant induites par le Pacte pour un enseignement d'excellence, cette conférence nous semble particulièrement d'actualité et permettra des éclairages croisés sur la profession enseignante en Belgique francophone et en Amérique du Nord.