Compte-rendu - "Un an après les attentats de Bruxelles"

CISMOC

Compte-rendu de la journée d’étude par Gh. Djelloul 
« Un an après les attentats : quel est notre bilan? »

Journée d’étude du CISMOC/CISMODOC :

« Un an après les attentats de Bruxelles : quel est notre bilan ? »

Samedi 18 mars 2017, 9h15-16h30 à Louvain-la-Neuve

A la veille de la commémoration du premier anniversaire des attentats qui ont meurtri Bruxelles, touchant la Belgique et l’Europe en plein cœur, il nous semble utile de poser un regard rétrospectif sur l’évolution de la société depuis ces événements tragiques. Comment ont-ils affecté les relations entre les personnes et les communautés ? Après avoir partagé l’horreur et l’effroi, les tensions et les craintes entre musulmans et non-musulmans ont-elles accru les tentations de repli sur soi, de part et d’autre, ou au contraire sonné le glas de la spirale de séparation ? Quels diagnostics et quelles stratégies les acteurs, publics et de la société civile, ont-ils mis en place pour comprendre ces passages aux actes de violence, juguler la destruction du tissu social et tenter d’aller de l’avant ?

Pour réfléchir à ces questions, le CISMOC réunira des acteurs du monde associatif et culturel, agents publics, et des citoyen∙ne∙s engagé∙e∙s pour partager leurs témoignages et analyses autour des trois questions suivantes:

  1. Enjeux et conséquences des politiques publiques » (9h30-10h45)
    Introduction par la prof. Brigitte Maréchal (directrice du CISMOC)
    avec : Patrick Charlier (Unia), Toria Ficette (Observatoire bruxellois pour la Prévention et la Sécurité), Tamimount Essaidi (Maison de quartier Saint-Antoine), Daniel Martin (Centre Régional de Verviers pour l'Intégration des personnes étrangères ou d'origine étrangère)
  2. Dynamiques intra-musulmanes après ces faits tragiques : vécus, ressentis et imaginaires des populations musulmanes (11h15-12h45)
    Introduction par Naïma el Makrini (documentaliste CISMODOC)
    avec : Jamal Habbachich (imam à Bruxelles), Hocine Benabderrahmane (imam à Bruxelles), Alexy Mesrour (associatif Verviers)
  3. Quelles perspectives pour le devenir des relations entre musulmans et non-musulmans? (13h45-15h15)
    Introduction par le prof. émérite Felice Dassetto (Académie Royale de Belgique)
    avec : Gilles Taillade (enseignant à Bruxelles), Mohammed Ouachen (artiste), Saïd Zayou (Collectif Contre l'Islamophobie en Belgique)

Conclusion et discussions (15h15-16h)

Compte-rendu de la journée par Ghaliya Djelloul, chercheuse au CISMOC :

Un bilan en demi-teinte et une autocritique difficile mais nécessaire

Ce samedi 18 mars, le CISMOC et le CISMODOC ont organisé une journée d’étude autour de la commémoration des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016. Nous nous sommes saisis de cet événement pour questionner la capacité de « résilience » de notre société, les diagnostics qui ont été posés et les réponses qui y ont été apportés. Notre intention était de nous pousser, collectivement, à la réflexivité et à l’autocritique. Le bilan s’est révélé en demi-teinte : d’une part, une prise de conscience irréversible que notre destin commun doit être urgemment pris en main, résumée dans cette phrase lancée par l’imam Habbachich « On a plus fait en un an qu’en vingt années » ! Mais, d’autre part, s’impose aussi le constat d’un climat de défiance générale, qui rend difficile cette autocritique et  tend à nous pousser à l’inertie.

Lors du premier panel consacré aux politiques publiques, la prof. Brigitte Maréchal a évoqué à quel point ces « attentats » marquent à la fois une rupture et des continuités dans les initiatives publiques et les pratiques de ses agents, ainsi que des acteurs privés (fondations et organisations) dont les actions visent, de fait, le grand public. Parmi les mesures énumérées (sécurité, plan canal, gestion de prison, reconnaissance de mosquées, cours de langues pour les imams, cours de citoyenneté pour les aumôniers, promotion d’un islam de Belgique via l’enseignement, demande de plus d’implication des travailleurs sociaux…), certaines posent question en termes de respect des droits et libertés fondamentales. On observe souvent des effets d’annonce dans les médias, mais peu d’informations ultérieures quant au suivi et à l’évaluation de ces mesures. 

Patrick Charlier, directeur d’UNIA, a annoncé la publication en juin 2017 d’un rapport basé sur le monitoring des grandes mesures prises dans la lutte anti-terroriste. Il déplore l’augmentation exponentielle des discriminations, dans la foulée de ces mesures de lutte anti-terrorisme, mais également dans le cadre plus général d’un « climat » de peur dans lequel nous baignons. Toria Ficette, chargée de la coordination des actions anti-radicalisation et polarisation à l’Observatoire bruxellois pour la Prévention et la Sécurité (Région Bruxelles-capitale), définit tout d’abord ces termes comme « le passage à l’acte violent à partir d’une idéologie religieuse, politique et sociale » et d’autre part l’importance qui est accordée à la « tension communautaire qui engendre des risques de conflit social ». La Région se charge de soutenir les actions locales en argent, formation et expertise. La prévention se fait à un niveau primaire (formation d’acteurs professionnels, jeunes), secondaire et tertiaire (personnes ayant commis des actes de violence). Elle évoque la difficulté de mesurer la prévention et les mesures transversales qui sont prises. Tamimount Essaidi, de la maison de quartier St Antoine, évoque quant à elle l’expérience de « l’école des mères », un projet mené dans l’objectif de se donner un baromètre du sentiment de peur latent, en proposant un espace de discussion aux mères de djihadistes partis en Syrie ; elle observe d’abord combien le climat met à mal le cadre de confiance et déplore ensuite les appels à projets « one shot », qui demandent aux acteurs associatifs de faire constamment du nouveau, de l’original, au lieu de soutenir les actions sous financées qui sont déjà menées, à fortiori quand elles font leurs preuves. Daniel Martin, directeur du CRVI (Centre Régional Verviétois d’Intégration) rappelle enfin que les travailleurs sociaux constituent des intervenants de première ligne (tout comme les policiers, les infirmiers, les enseignants etc.). Selon lui, les attentats ont fonctionné comme un accélérateur de séparation, autant qu’ils ont sonné le glas de l’« intégration » et confirmé l’échec d’un système. Il déplore que le secteur associatif soit traversé par les logiques du secteur privé, et cherche par ailleurs à les contrecarrer en mutualisant les moyens humains et financiers, en formant des réseaux pour travailler en plateforme de professionnels, comme c’est le cas du prochain observatoire de l’intégration qui sera mis sur pied.

Lors du deuxième panel dédié aux dynamiques intra-musulmanes depuis les attentats, Naïma el Makrini (documentaliste au CISMODOC) a rappelé à quel point ces événements avaient entrainé une identification directe et intense plus importante en comparaison aux attentats du 11 septembre 2001 ou aux multiples attentats à travers le monde, pour au moins trois raisons : leur localisation, leurs auteurs et leurs victimes. En effet, cette violence touche des lieux que nous fréquentons et par lesquels nous avons tous transité, les auteurs des attentats font partie de notre société, tout comme les victimes qui ont été ciblées manière indifférenciée. Par conséquent, ces évènements ont suscité de vives condamnations immédiates de l’Exécutif des Musulmans de Belgique, de la Grande Mosquée de Bruxelles, de la mosquée Al-Khalil, de la Ligue des musulmans de Belgique et du Jardin des jeunes, etc.. Plusieurs  communiqués rappelaient la devise de la Belgique : « L’union fait la force » et soulignaient la volonté des musulmans de maintenir la cohésion sociale et de faire partie de la solution au problème de radicalisation. Dans la foulée, de plus en plus de témoignages ont vu le jour dans la presse, mais aussi via la publication d’ouvrages autobiographiques (comme ceux d’Hicham Abdel Gawad, Ismaël Saïdi, …) ; Bien qu’ils ne constituent pas une réponse directe aux attentats, ils révèlent une dynamique , à laquelle les personnes de confession musulmane participent en se racontant, s’expliquant, s’exprimant,  … notamment sur leur islamité

Les imams Jamal Habbachich et Hocine Benabderrahmane de Bruxelles ont, quant à eux, rappelé que les problèmes dans lesquels se débattaient les populations musulmanes dataient des années 1980, années qui virent la montée en puissance de l’affrontement entre chiisme et wahabisme. Ces populations précarisées, livrées à elles-mêmes, ont vu s’installer parmi elles un islam importé. Plus récemment, le développement des technologies a également apporté son lot de « semences toxiques », auxquelles s’ajoutent les médias qui importent des conflits, le soutien politique à des États qui ne respectent pas les droits humains et des déficits internes à la communauté comme la faible proportion d’imams qui s’expriment dans une langue nationale (1 sur 4 à Bruxelles). Il est raconté combien Molenbeek a dû résister, après les attentats, à un tsunami .médiatique et sécuritaire qui a constitué un véritable traumatisme auprès de cette population marginalisée. Mais la douleur a également ouvert des canaux de communication et permis qu’on se mettre à aborder les questions qui fâchent et à faire montre de solidarité. Depuis, beaucoup d’initiatives ont démarré pour construire des ponts, les échanges sont plus fluides entre jeunes qu’entre adultes, la classe politique a été forcée d’ouvrir les yeux. Autant d’éléments positifs à prendre en compte malgré les années de retard à rattraper. Alexy Mesrour, qui participe à la dynamique associative de Verviers, a également évoqué un traumatise vécu par les populations musulmanes, notamment lors de la erquisition fort médiatisée qui y a eu lieu et a été perçue comme équivalente à un attentat. Il évoque une « impudeur » des journalises parallèlement à une prise de conscience, par les populations, que le problème n’est pas lointain. Il remarque le lancement d’un nombre croissant d’initiatives émanant de jeunes musulmans à Verviers (conférences, débats ; mosquées porte-ouverte, distribution de roses ; main tendue) visant à instaurer un dialogue. Il a également souligné une volonté de marquer une distance plus nette avec les discours jugés violents et de se questionner sur les textes et les références qu’on propose : faire le tri, éveiller la communauté musulmane ? Oui, mais il est aussi estimé qu’il faut donner le temps aux musulmans d’avancer… Douleurs, questionnements, opportunités de voir les choses autrement. Quid de la place de ce réveil de conscience dans les actions concrètes : il faut avant tout comprendre les courants musulmans, opter ouvertement pour une dynamique du courage (qui ose dénoncer et agir pour aller de l’avant) et élucider cette question du « djihad », rappelle l’imam H. Benabderrahmane. On conclut sur le fait que les processus sociaux qui ont mené à ces situations sont longs, découlent de responsabilités partagées et impliquent beaucoup d’acteurs collectifs. 

Le troisième panel faisait état des relations entre musulmans et non-musulmans. Il a démarré par le constat pessimiste, du Professeur Felice Dassetto, faisant état d’une certaine lenteur dans la prise en compte, pourtant cruciale, d’enjeux aussi actuels que brûlants. Il y fut rappelé que les difficultés sur lesquelles nous butons aujourd’hui sont le fruit d’au moins quatre processus : (1) la profonde restructuration, depuis les années 1970’s, du système productif ; (2) les changements et les migrations accrues par la globalisation ; (3) la crise d’intégration sociale et systémique qui règne en Europe ; (4) la crise du monde musulman et ses incertitudes identitaires. Il a été évoqué à quel point la prise de conscience du besoin de pouvoir aussi se placer dans le point de vue de l’Autre était nécessaire afin de parvenir à une co-inclusion réciproque. Or, depuis les années 1980-90’s, on assiste à un dialogue de sourd rendu encore plus difficile par des politiques de guerre menées durant les années 2000. La recherche « Noir, jaune, blues », dont Le quotidien Le Soir a publié des fragments, fait état d’une situation de fracture importante au sein de la société civile.

Mohammed Ouachen, en tant qu’artiste, témoigne quant à lui du fossé qui sépare les institutions culturelles et les artistes issus de quartiers populaires. Il signale que, depuis les attentats, on demande aux artistes de travailler sur la radicalisation mais qu’il ne se sent personnellement aucune légitimité particulière pour pouvoir s’y consacrer. Il a personnellement préféré s’investir dans le « BrassArt Digital café », une brasserie artistique, un café-débat-formation-stage-atelier dont le but principal est de proposer un espace où les gens pourraient se retrouver. Gilles Taillade, professeur à Schaerbeek, a partagé son expérience de professeur de sciences humaines sans catastrophisme ni angélisme. Il constate que l’islam normatif prend de plus en plus de place en dehors du cours de religion, que ses élèves manquent de connaissances générales et historiques sur l’islam et sont porteurs de messages de victimisation/culpabilisation qui mêlent faits et opinions, théories du complot, etc. Il se félicite que ces discours soient exprimés au sein de l’école car c’est le lieu pour débattre et apprendre l’esprit critique. Il fait notamment réfléchir ses élèves sur les sources des réponses à leurs questions. Saïd Zayou du Comité Contre l’Islamophobie en Belgique, enfin, rappelle que la mission de ce collectif est l’écoute et l’accompagnement des victimes. Le CCIB définit l’islamophobie comme une peur irrationnelle de l’islam, une somme d’interactions au sein de la société et la construction d’un problème musulman. Mais, il ne s’arrête pas là puisqu’il cherche aussi à comprendre ce qui se cache derrière le refus venant de l’Autre, le non-musulman ; il fait également un travail de plaidoyer et de sensibilisation avec plusieurs partenaires. Outre la lutte contre les discriminations, il propose de mettre sur pied un musée de l’immigration et de déconstruire les discours politico-médiatique tout en rappelant et en promouvant la diversité au sein de la galaxie musulmane contemporaine.

Lors du débat, quelques commentaires portent sur l’école et les difficultés à enseigner la « citoyenneté » et l’« esprit critique », mais aussi sur les moyens dont nous disposons pour sortir d’une ghettoïsation et permettre de tisser des liens durables. Est-ce le système qu’il faut interroger ou les élèves ? Il faut garder la phrase de l’élève et y ajouter un point d’interrogation au lieu d’exclamation, conseille une ancienne professeure.

Une avocate intervient finalement pour suggérer que le domaine de la justice fasse aussi son autocritique : selon elle, les magistrats n’ont aucune conscience des modes de vie des musulmans. Élément nouveau duquel émergera un débat tout autre, où l’on s’enlisera progressivement dans un cercle d’accusations réciproques qui rendront sourdes les différentes possibilités d’échange. On constate bien le frémissement d’une prise de conscience, autant que la conscience partagée de son importance, mais le contexte ne facilite pas les choses. On mentionne des difficultés croissantes. On en vient à se demander si l’autocritique est suffisante et s’il ne faut pas plutôt des actions concrètes, identifier les enjeux, déceler les zones d’ombres ?

Donc malgré la difficulté de poser des constats communs, les attentats auront au moins mis en action des citoyens et des services publics ! Mais ces efforts demandent du temps et resteront partiellement efficaces s’ils ne sont pas soutenus par une culture commune. C’est pourquoi il faut continuer à se parler et débattre pour essayer de trouver un langage commun à défaut de parler une langue commune.

Annexe

Nos fragilités face à la nécessité de continuer à construire notre vivre-ensemble
(Texte collectif publié sur le site du CISMOC suite aux attentats du 22 mars 2016)

Le terrorisme est une arme de terreur politique et psychologique. Par-delà les atrocités commises à l’encontre d’innocents, de telles actions visent, de manière ultime, à installer le doute et le chaos au sein de sociétés jugées ennemies. En brisant des vies, les attentats de Bruxelles s’en prennent à nos modes de vie, à nos valeurs et probablement plus encore à ce que nous représentons. Ils visent surtout à marquer les esprits afin de pétrifier les relations de confiance qui se construisent progressivement, tant bien que mal, au sein de notre ville, de notre pays, de notre continent depuis quelques décennies. En effet, partout, dans les écoles, dans les couples et les quartiers mixtes, dans les associations, sur les lieux de travail etc., des citoyens apprennent à s’entre-connaître, s’apprivoisent et œuvrent à l’élaboration de nos sociétés plurielles et toujours changeantes. De nouvelles modalités institutionnelles s’élaborent aussi, qui permettent de renforcer ce nous, même si de trop nombreuses inégalités restent et s’accroissent encore. Ces ajustements réciproques ne sont pas un travail facile : ils sont constamment empreints de tensions et de nécessaires compromis mais ils incarnent tout autant l’apprentissage de l’empathie, de la fraternité et de la solidarité, bref de notre commune humanité, qui se vit depuis des pratiques quotidiennes partagées. N’en déplaise à Daesh, nos sociétés ne sont pas en guerre contre l’islam et les musulmans et il est encore plus faux d’affirmer qu’une telle posture serait une constante, comme l’énonce leur communiqué. Face à leur discours, on ne peut être saisi que par l’absence de compréhension de nos sociétés, de leurs spécificités et de leurs dynamiques. 

Face à la stratégie de dislocation à l’œuvre, qui vise à saper les prémisses d’une mixité socio-culturelle à laquelle participe activement des citoyens de confessions et de philosophies différentes mais également nos institutions, il faut aussi voir les choses en face. Non seulement cette barbarie qui frappe à nos portes résulte de stratégies djihadistes globales à l’œuvre depuis des décennies, tout en se reconstruisant sans cesse, mais la radicalisation de certains jeunes, nos jeunes, est un phénomène complexe où intervient une série de facteurs personnels et structurels, d’ordres religieux, socioculturels, politiques et économiques. En Europe, l’Etat islamique et le salafisme djihadiste jouent sur la fragilité de nos sociétés ainsi que sur celle des musulmans qui en font partie. Le djihadisme cherche la sédition et la fracture, mais il vise aussi à nous enliser dans les spirales de la séparation et dans le retour en arrière de nos réalisations et projets communs de construction.

Edifier ensemble, c’est reconnaître nos responsabilités réciproques et surmonter nos propres failles. Une autocritique de part et d’autre s’impose. D’une part, il y a des discours musulmans de mépris voire de haine qui circulent parmi des jeunes, et des moins jeunes, des logiques meurtrières d’identité et d’altérisation radicale de l’Autre qui continuent à se propager depuis les années 1970. D’autre part, il existe, des logiques sociales d’exclusion et de marginalisation qui rendent certains jeunes réceptifs à la propagande radicale. Il nous semble que cette seconde critique occupe une forte place dans les écrits qui ont suivi les attentats, tandis que la première est quasi-inaudible. Or, l’autocritique, c’est aussi accepter la critique réciproque et être à l’écoute des critiques émanant des autres, soient-ils musulmans ou non musulmans. Critiquer des discours musulmans ou leurs modes de pensée, des logiques théologiques ou juridiques musulmanes ne doit pas être taxé d’islamophobie. L’autocritique et la remise en question sur nombre d’évidences islamiques est effectivement un chantier qu’il faut parvenir à accepter, pour pouvoir déconstruire les replis identitaires.

Nous devons maintenir et renforcer le travail commun, parvenir à nous engager pleinement dans l’imaginaire de citoyenneté et la vie commune, de part et d’autre. Il faut continuer à créer des relations de confiance, élargir nos perspectives et remettre en question nos attitudes. En ces moments difficiles, nous avons besoin d’une prise de conscience de l’ampleur des défis, de retenue, d’action et d’intelligence collective. C’est ce que les attentats de Bruxelles visent à éradiquer. Nos silences trahissent nos fragilités. Parlons-en et osons le débat sociétal, digne, ouvert et critique. Nos sociétés démocratiques sont basées sur la confiance et le partage d’un minimum de valeurs communes. C’est cela qui fait notre force aujourd’hui.

Publié le 30 mars 2017