Le Coran peut-il être interprété ?

CISMOC

Belhaj, A., Le Coran peut-il être interprété ?, La Croix numérique, 2021, Numéro 2.

Résumé

Entretien avec Abdessamad Belhaj sur les conditions et les possibilités de l’herméneutique coranique aujourd’hui, et notamment sur la posture littérale et les nouvelles lectures du Coran.
Considéré par la plupart des musulmans comme un livre « incréé », et donc parfois intouchable, le Coran a fait l’objet, au Moyen Âge, d’une tradition exégétique d’une grande profusion. L’islam, pourquoi c’est compliqué ?

Pourquoi l’interprétation du Coran est-elle un sujet sensible ?

Synonyme de « récitation », Al Qur’an (en français le Coran) contient, selon la tradition islamique, la révélation reçue par le prophète de l’islam Mohammed, entre 610 et 632. L’ange Gabriel lui aurait dicté les versets tels quels, et ceux-ci auraient été mis par écrit une vingtaine d’années après la mort du Prophète, qui n’aurait fait que les réciter à ses compagnons. Malgré son statut bien connu de livre « incréé », le Coran a été abondamment étudié et commenté. « Le courant littéraliste, qui considère que le Coran se suffit à lui-même, que ses ambiguïtés sont voulues par Dieu et que l’interpréter est source d’égarements, a toujours existé, mais il a longtemps été très marginal en islam », rappelle l’historien Mohammad Ali Amir-Moezzi (1). C’est depuis une cinquantaine d’années, avec l’essor du salafisme, que cette conception a gagné du terrain, valorisant essentiellement l’apprentissage par cœur.

Publié le 25 janvier 2021