Le sociologue Nacer Djabi qualifie la nouvelle ère de résistance dans laquelle est entrée la société algérienne de « moment éthique », lors duquel semble se renégocier le contrat social entre les citoyen·ne·s par l’effet d’accélération du temps révolutionnaire. Or, si le mois de ramadan est censé refléter l’état de moralité de la société algérienne, le portrait se révèle beaucoup moins flatteur que celui que l’on croise dans les espaces urbains, rendus publics depuis le 22 février.
L’entrée dans une société de consommation, sous le « règne » d’Abdelaziz Bouteflika, a eu pour effet de travestir le mois « sacré » de ramadan, en une célébration du mode de vie capitaliste, sous couvert de pratique religieuse. Ce marché, dépendant d’une économie rentière et aux prises d’un Etat clientéliste et d’un régime corrompu, donne lieu à une dérégulation totale des prix sur le marché alimentaire, à la surconsommation et au gaspillage. Dans ce sillage [1] est né un autre marché florissant, grâce à la libéralisation des NTIC, et l’accès à internet, et avec lui un nouveau « régime de visibilité médiatique », qui repose sur l’effet du « buzz »...