Contexte post-attentats en France : transformations des acteurs islamiques et de la société ?

CISMOC

05 mars 2020

18-20h

Bruxelles

Salle Arenberg

Séminaire Cismoc avec Haoues Seniguer (Maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon, chercheur au laboratoire Triangle et directeur adjoint de l'Institut d'Etudes de l'Islam et des Sociétés du Monde Musulman)

Haoues SENIGUER

Haoues Seniguer est Maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon; chercheur au laboratoire Triangle, UMR 5206, Lyon et depuis janvier 2020 directeur adjoint de l'IISMM (Institut d'Etudes de l'Islam et des Sociétés du Monde Musulman), UMS 2000, EHESS, CNRS, Paris. Spécialiste des rapports entre islam et politique, son dernier ouvrage publié est: Les (néo) Frères musulmans et le nouvel esprit capitaliste. Entre rigorisme moral, cryptocapitalisme et anticapitalisme, Lormont, Le Bord de l'eau, 2020.

Résumé

Les phénomènes terroristes au nom de l'islam qui touchent l'Europe en général et la France en particulier depuis quelques années, alimentent les interrogations et inquiétudes - de différentes natures - de l'environnement social sur la place de la religion musulmane et des musulmans dans l'espace public. Pour les uns, elles servent à légitimer des formes plus ou moins avouées de stigmate et de contrôle de la visibilité des musulmans au sein de la société liées, dans toutes sortes de procès essentialistes; pour d'autres, elles traduisent, de la part des musulmans comme des non-musulmans, une attente réelle quant à l'engage-ment des élites musulmanes, réelles ou supposées, à enrayer la mécanique infernale des violences commises au nom de l'islam, qu'elles soient symboliques ou physiques.  
En tout état de cause, le terrorisme au nom de la religion fut et est un révélateur d’un impensé théologico-politique. Le contexte français post-attentats a effectivement produit des effets paradoxaux chez les acteurs musulmans s’exprimant publiquement, à titre indi-viduel et/ou collectif, qu’il faut éclairer : à côté des condamnations politiques et théolo-giques généralement unanimes du terrorisme et de la violence au nom de l’islam, soit cer-tains ont persisté à affirmer que cela n’avait rien à voir avec la religion, soit les fonde-ments théologiques légitimant possiblement le passage à l’acte violent n’ont pas vraiment été questionnés, voire remis en cause de façon franche et ouverte.